Longtemps érigée en choix raisonnable pour les amateurs de protéines, cette viande que l’on pensait plus légère et plus sûre que le bœuf pourrait, en réalité, faire peser de lourdes menaces sur notre santé. Une récente étude italienne sème le doute et bouscule les idées reçues, avec des chiffres qui, à première vue, donnent le vertige. Les conclusions pointent en effet un risque accru de certains cancers, notamment digestifs. Et ce n’est pas la viande rouge qui est ici mise en cause.
Cette viande aux risques sous-estimés pointée du doigt par une étude italienne
À Bari, dans le sud de l’Italie, des chercheurs de l’Institut national de gastro-entérologie se sont penchés sur les habitudes alimentaires de près de 4 900 adultes, âgés de 18 à 94 ans. À travers un vaste questionnaire, ils ont analysé le type de viande consommée, la fréquence et les quantités. Puis ils ont recoupé ces données avec l’état de santé des participants sur plusieurs années. Le tableau qui se dessine est sans appel : consommer plus de 300 g par semaine de cette viande augmente le risque de mortalité toutes causes confondues de 27 %. Pire, le risque de développer un cancer gastro-intestinal grimpe à +127 %, et atteint même +161 % chez les hommes.
Le coupable ? La volaille. Poulet, dinde, canard ou pintade, ces viandes blanches, longtemps vantées pour leur faible teneur en graisses saturées, se retrouvent ici au cœur de l’alerte. « Pour beaucoup de personnes, 300 g de volaille par semaine peut sembler une quantité assez faible, ce qui rend les résultats de l’étude d’autant plus interpellants », notent les chercheurs dans la revue Nutrients. Deux simples escalopes de poulet suffisent à franchir ce seuil. Une quantité que beaucoup atteignent sans y prêter attention.
Viande et cuisson : des habitudes à repenser dans l »assiette
La réputation de la volaille s’est pourtant construite sur des bases solides. Moins calorique que la viande rouge, riche en protéines, elle est régulièrement recommandée dans les régimes équilibrés. Cette étude n’invalide pas entièrement ces atouts, mais elle invite à les nuancer. Le message n’est pas de bannir la volaille, mais de rappeler qu’aucun aliment, même réputé sain, ne doit être consommé sans modération.
Les chercheurs insistent également sur un autre facteur à ne pas négliger : la cuisson. Fritures, grillades, barbecue… autant de méthodes à éviter, car elles favorisent la formation de composés potentiellement cancérigènes sur la viande. À l’inverse, les cuissons douces comme la vapeur, la cuisson au four ou à la poêle à feu modéré sont préférables. Ce n’est donc pas seulement ce que l’on mange qui compte, mais aussi comment on le prépare.
Viande et équilibre alimentaire : vers une consommation plus raisonnée
Face à ces résultats, l’équipe scientifique plaide pour une alimentation plus diversifiée. Alterner les sources de protéines comme le poisson, les œufs ou les légumineuses permettrait de limiter les risques tout en couvrant les besoins nutritionnels. Une approche qui rejoint les recommandations des nutritionnistes, aujourd’hui plus enclins à encourager la variété qu’à prôner les interdits stricts.
Sans verser dans l’alarmisme, cette étude agit comme un signal d’alerte. Même les habitudes que l’on croit vertueuses méritent d’être remises en question. Derrière une escalope dorée à la poêle se cache peut-être davantage qu’un simple repas léger. Il y a aussi l’enjeu des quantités, de la fréquence, et de leurs effets à long terme. Autant de raisons de regarder notre assiette avec un peu plus de recul.