Posted On 24 juillet 2025

La propagande municipale tourne à plein régime : les résultats du budget participatif 2025 sont tombés, et le système Piolle crie comme d’habitude au succès. Derrière la communication agressive se cache pourtant la même réalité : un gadget coûteux, déconnecté des vrais besoins des Grenoblois.

UNE « MOBILISATION EXCEPTIONNELLE »… DE 7,57% DES ÉLECTEURS

La municipalité se gargarise ainsi cette année d’une « mobilisation exceptionnelle »… avec 6 290 votants. Une analyse bien optimiste, que le média Place Gre’net appelle à « relativiser » en ramenant ce triomphe à sa juste valeur : ce chiffre ne représente que 7,57% des électeurs inscrits à Grenoble. Et considérant que les mineurs de plus de 16 ans peuvent aussi voter au budget participatif, on serait donc plutôt sur du 5% de participation. Loin du raz-de-marée citoyen.

Cérémonie d’annonce des lauréats du budget participatif 2025 (photo Facebook ville de Grenoble) : grande affluence populaire..
LA COMM’ AGRESSIVE POUR GONFLER LA PARTICIPATION

Pour atteindre ce résultat finalement dérisoire, la majorité a dû déployer les grands moyens. Les agents municipaux ont été mobilisés pour traquer les votants sur les marchés, dans les parcs, lors de fêtes de quartier comme à Mistral ou lors d’événements comme le festival du Cabaret Frappé ou la fête du 14 juillet. Une débauche d’énergie et de moyens qui a tout de la tentative désespérée de créer l’engouement populaire que n’a jamais connu le budget participatif. 

UN GADGET QUI N’A JAMAIS TROUVÉ SON PUBLIC

Car le constat après deux mandats est sans appel : le budget participatif n’a jamais réussi à s’élargir. Les taux de participation stagnent depuis des années, oscillant péniblement autour de 3% à 5% des électeurs éligibles. L’édition 2025, présentée comme un grand cru, ne fait que confirmer cette tendance de fond : le dispositif reste un entre-soi qui n’a jamais su convaincre la grande majorité des Grenoblois, notamment dans les quartiers populaires.

Les quartiers périphériques et populaires sont marginaux dans la liste des projets déposés au budget participatif
LA CHASSE GARDÉE D’UN ÉLECTORAT PROCHE DE LA MUNICIPALITÉ

Qui participe réellement ? Un rapport interne au service « participation et vie associative » de la Ville le confirmait déjà l’an dernier : le votant type est issu de milieux favorisés, à fort capital social, et réside principalement dans les quartiers centraux. La carte des projets déposés est sans équivoque : le centre-ville et le secteur Berriat, bastions de l’électorat « bobo », sont surreprésentés. Cet outil n’est donc pas celui de tous les Grenoblois, mais un instrument conçu pour et par les sympathisants de la majorité.

L’ENTRE-SOI DES PROCHES DU POUVOIR

Cette édition 2025 ne déroge pas à cette forme de consanguinité. Parmi les porteurs de projets, on retrouve par exemple Alternatiba, véritable officine relais des Verts, qui a proposé des frigos solidaires. Plus direct encore, le projet de « médiathèque tiers-lieu dédiée à la transition écologique » était porté par un certain René De Céglié, qui n’est autre qu’un ancien conseiller municipal délégué d’Eric Piolle durant le mandat 2014-2020. 

1,8 MILLIONS D’EUROS POUR SOIGNER LA CLIENTÈLE

À l’approche des élections municipales de 2026, la municipalité sort le carnet de chèques. L’enveloppe allouée aux projets a été doublée pour atteindre désormais 1,8 million d’euros. Un montant exorbitant pour financer ce qui s’apparente à des micros gadgets, mais une somme stratégique pour arroser une clientèle électorale et gonfler la communication à l’approche de l’échéance. On dépense sans compter pour satisfaire les siens au détriment d’autres besoins.

LES MÊMES ÉCHECS, LES MÊMES GADGETS

Le plus absurde est de voir des projets, dont l’échec passé est cuisant, être de nouveau plébiscités. On alloue 20 000 € pour des boîtes à livres, alors que les précédentes, comme les « grebox » à 25 000 €, sont devenues des dépotoirs avant d’être pour la plupart supprimées. Dans la même veine, on remet 10 000 € pour des frigos solidaires. Aucun bilan n’est jamais tiré de l’argent public gaspillé, on reproduit simplement les mêmes erreurs.


Pourquoi s’arrêter à un échec quand on peut le reproduire encore à grands frais ?

POUR L’ESSENTIEL, LES GRENOBLOIS SONT MÉPRISÉS

Cette démocratie du gadget est surtout un excellent moyen de détourner l’attention. La municipalité laisse les Grenoblois choisir la couleur des bancs, mais veut leur imposer sans aucune concertation les projets les plus structurants qui impactent leur quotidien : bétonisation de l’Esplanade, suppression du stationnement avenue Jeanne d’Arc, réaménagement de la place de Metz… Sur l’essentiel, l’avis des habitants est méprisé ; sur l’accessoire, on le sollicite bruyamment.

LE DÉNI DE DÉMOCRATIE ILLUSTRÉ PAR LE LAC DE LA VILLENEUVE

L’exemple le plus flagrant de cette hypocrisie restera le cas du lac de la Villeneuve. Un contre-projet, porté par des citoyens et moins coûteux, avait été proposé au budget participatif. Mais bien qu’arrivé largement en tête des votes, il a été déclaré irrecevable par la Ville au motif qu’un projet municipal était déjà programmé. En clair : vous pouvez participer, tant que vos idées vont dans leur sens. Sinon, votre voix ne compte pas.

Les toilettes à éolienne (110 000 euros) issues d’un précédent budget participatif puis retirées. Une priorité ?
DONNER LE CHOIX DES PRIORITÉS

Le budget participatif est un cache-misère, un leurre pour amuser une minorité pendant que la ville fait face à des urgences autrement plus problématiques. La véritable démocratie participative consisterait à exposer aux Grenoblois la situation financière réelle et à leur laisser le choix des priorités : par exemple faut-il 1,8 million pour des gadgets, ou pour rénover les logements sociaux insalubres où des familles vivent dans la moisissure ?

Cette transparence, qui permettrait une hiérarchisation des besoins, est le cadet des soucis d’une municipalité qui préfère les opérations d’affichage à la résolution concrète des problèmes.