Le 17 juin 2025, le tribunal de commerce de Brest prononçait la liquidation judiciaire de Coop Breizh. Une triste fin pour l’emblématique maison d’édition et de distribution bretonne. Une question, lourde d’enjeu, restait, depuis, en suspens : qu’allaient devenir les quelque 392 000 ouvrages des éditeurs autrefois diffusés par Coop Breizh, et les 192 000 volumes édités par l’éditeur spézetois lui-même ? Allaient-ils être rachetés par un soldeur, entre un lot de chaussures et un autre de lessives ?
« Soulagement et sentiment d’espoir »
Après un mois et demi d’inquiétude, une issue heureuse s’est dessinée mercredi. Elle est notamment due à l’intérêt pour la littérature de Léonor Hénon, la mandataire liquidatrice, et du juge-commissaire du tribunal de Brest. « Il y a, à la fois, un grand soulagement et un sentiment d’espoir et de fierté de pouvoir continuer à faire des livres de qualité pour le lectorat de Bretagne. C’est porteur de sens et de potentialités pour les créateurs », se félicitait, mercredi après-midi, l’éditeur Jean-Marie Goater.
Celui qui est aussi porte-parole des maisons d’édition de Bretagne a longtemps redouté le pire et a tenu à remercier la mandataire liquidatrice, « qui a compris les enjeux qui allaient au-delà d’un simple règlement du litige commercial ».
Quinze éditeurs repris
Le juge-commissaire a donc signé une ordonnance acceptant l’offre de reprise, par les éditions du Palémon, des contrats de diffusion de quinze éditeurs. La société quimpéroise se trouve être, depuis la fin de Coop Breizh, la seule à posséder une branche diffusion – baptisée PLM Diffusion – en Bretagne. Elle distribuait, jusque-là, ses 25 auteurs « maison » et quelques éditeurs tels que Lajouanie, Terres de Brume ou, depuis peu, Yoran Embanner.
Elle s’apprête donc à accueillir les volumes des six maisons d’édition en langue bretonne que sont Skol Vreizh, Bannoù Heol, Al Liamm, An Alarc’h, Al Lanv et Mouladurioù Hor Yezh, ainsi que le magazine Le Peuple Breton et la toute jeune revue Istor Breizh. Les éditeurs Au bord du continent, Goater, Blanc et Noir, Trop Mad, Jujubier et Mon Tro Breizh sont aussi repris, ainsi que le label musical Paker Prod, qui produit notamment O’Tridal ou Startijenn.
« Un sacré challenge »
Palémon reprend aussi les éditions Beluga, qui étaient la branche jeunesse de Coop Breizh. Contactée, la directrice de Palémon, Delphine Hamon, se dit très satisfaite. « Nous récupérons les éditeurs et leurs stocks, comme nous le souhaitions. » Elle se prépare à « un été sportif et passionnant. C’est un sacré challenge ! ».
Delphine Hamon, directrice des éditions quimpéroises du Palémon, avait déposé une proposition de reprise des contrats de diffusion de quinze maisons d’éditions autrefois distribuées par Coop Breizh. Elle a été acceptée, mercredi, par le tribunal de commerce de Brest. (Le Télégramme/Thierry Charpentier)
La priorité va, désormais, être de rapatrier les stocks de livres dans de nouveaux espaces loués. « Puis il va nous falloir les référencer et les travailler auprès de notre réseau de libraires et de points de vente. » Pour ce faire, Palémon vient d’embaucher l’ex-responsable éditoriale de Coop Breizh, ainsi qu’un ancien salarié spécialisé dans la logistique.
Les livres Coop Breizh vendus aux enchères
La majeure partie des 392 000 livres ont donc un nouveau refuge. Une quinzaine de petits éditeurs restent cependant sur le carreau. Ils devraient néanmoins pouvoir, s’ils le veulent, récupérer leurs stocks avant une mise aux enchères. Certains choisiront peut-être ensuite de s’autodiffuser. Seule ombre au tableau : les livres édités par Coop Breizh, ainsi que ses disques, qui font partie des actifs de l’entreprise, vont être vendus aux enchères.