Les enfants amish affichent des taux d’allergies excessivement bas. Quand plus d’un enfant américain sur deux réagit à des allergènes communs, seulement 7% des enfants de la communauté chrétienne d’origine germanique montrent une réaction positive à un ou plusieurs allergènes. Les Amish, qui vivent de manière reculée dans le nord de l’Indiana aux États-Unis, sont considérés comme une des communautés les moins allergiques au monde.
Même l’asthme, qui touche environ 10% des enfants aux États-Unis ou en France, semble presque absent chez les Amish. Un article du Washington Post revient sur cette étrange faculté qui fascine les chercheurs depuis des années. On pourrait penser qu’il s’agit simplement d’une question de génétique, mais une étude menée auprès de communautés agricoles aux origines similaires, les Huttérites, montre que ces derniers ne bénéficient pas du même niveau de protection.
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Une des caractéristiques du groupe ethnoreligieux, miraculeusement exempt de rhume des foins, est son mode de vie fermier, dans lequel les enfants sont plongés dès la petite enfance. Les plus jeunes passent leur journée en contact avec des animaux, du bétail, de la paille, de la poussière, et donc avec un bon paquet de microbes. C’est ce «bain microbien» constant qui pourrait façonner leur système immunitaire dès le plus jeune âge.
Une expérience menée en laboratoire par Carole Ober, généticienne et professeure à l’Université de Chicago, et Donata Vercelli, chercheuse en médecine moléculaire à l’Université d’Arizona, a révélé un résultat surprenant. La poussière des maisons amish protègerait les voies respiratoires des souris exposées à des allergènes, un effet inexistant avec la poussière des maisons huttérites, pourtant également rurales.
Un Amish qui vous veut du bien
Cette protection vient confirmer ce que supposent depuis longtemps les chercheurs: un environnement riche en microbes, surtout dans les premières années de vie, réduit considérablement les risques d’allergies.
En analysant plus en détails de la poussière provenant des étables amish, les scientifiques ont pu identifier les substances exactes derrière cette protection contre l’asthme et les allergies. En 2023, les résultats ont mis en évidence des protéines capables de transporter des molécules microbiennes vers les voies respiratoires, où elles préviennent les réactions inflammatoires. Autrement dit, les Amish vivent au milieu d’agents protecteurs naturels qui régulent les réponses immunitaires.
Les maladies allergiques ont tendance à augmenter dans les pays développés et affectent la qualité de vie de millions de personnes. En France, c’est 20 à 25% de la population générale qui souffre d’allergie, selon un rapport de l’Agence française de sécurité sanitaire (Afsset). L’enjeu est donc de taille. Si les scientifiques parviennent à isoler les éléments actifs responsables de cet effet protecteur, une prévention généralisée pourrait enfin devenir réalité.
En attendant, ce n’est bien évidemment pas la peine d’installer une étable dans votre salon afin de protéger votre enfant. Seule la vraie bonne poussière des granges amish pourra révolutionner la lutte contre les allergies. La solution à nos maux modernes se trouve parfois dans nos habitudes les plus anciennes.