À Rennes, les soldes d’été 2025 se sont clôturés sur un bilan jugé morose par une majorité de commerçants. Une enquête conjointe du Carré Rennais et de l’Union du commerce du Pays de Rennes révèle une baisse de fréquentation et des ventes jugées globalement décevantes, dans un climat économique toujours incertain.
Une fréquentation en berne
Dans leur communiqué commun publié le 21 juillet, les deux principales associations de commerçants rennais dressent un constat préoccupant : « 53 % des commerçants interrogés ont constaté une baisse de fréquentation, dont certains de plus de 20 % ». À l’inverse, 25 % notent une hausse de fréquentation, et 21 % jugent le flux stable.
Côté chiffre d’affaires, la tendance est un peu moins défavorable : 48 % des professionnels déclarent une hausse, 10 % une stabilité, tandis que 42 % font état d’une baisse. Ce décalage apparent entre fréquentation et ventes illustre les fortes disparités entre secteurs, zones de chalandise et modèles économiques. Les mois de mai et juin, pourtant portés par une météo favorable, ont été jugés « très compliqués » par de nombreux commerçants, en raison d’une baisse de la fréquentation, de clients plus attentistes et des effets des travaux en centre-ville.
Autre évolution notable : seuls 55 % des commerçants ont organisé des ventes privées en amont des soldes, contre plus de 70 % en 2024. Selon les deux associations, « ce recul pourrait témoigner d’un recentrage sur les périodes officielles de promotion, dans un contexte où les consommateurs attendent plus de lisibilité et de cohérence dans les offres commerciales ». Les remises pratiquées ont majoritairement oscillé entre -30 % et -50 %, avec des pics jusqu’à -60 % dès la deuxième démarque.
Une braderie appréciée mais un modèle fragilisé
Malgré ce contexte tendu, la Grande Braderie de Rennes, organisée le 25 juin, jour d’ouverture officielle des soldes, a constitué un point positif. « Véritable temps fort de lancement », elle a été jugée « positive par plus de 68 % des commerçants participants » selon le journal Ouest-France.
Mais l’arrière-plan reste préoccupant. La concurrence du commerce en ligne, les mutations des habitudes de consommation, et le poids d’un climat économique anxiogène rendent les efforts locaux parfois insuffisants. « Cette enquête met en lumière les nouveaux défis auxquels sont confrontés les commerçants du territoire », concluent le Carré Rennais et l’Union du Commerce, en soulignant l’ampleur des disparités et l’impératif d’adaptation.
Grande braderie de Rennes. Source : actu.fr/©Julien Mignot/Destination Rennes
Un bilan national tout aussi morose
À l’échelle nationale, les premiers chiffres confirment ce constat : le chiffre d’affaires moyen en magasin est en recul de 5 % par rapport à l’été 2024, selon Yohann Petiot, directeur général de l’Alliance du commerce cité par le journal le Figaro le 22 juillet. Les ventes en ligne sont également en baisse (-3 %). En Île-de-France, « plus d’un commerçant sur deux n’est pas satisfait de son bilan », indique la CCI régionale, tandis que « les trois quarts constatent un chiffre d’affaires inférieur ou égal à l’an dernier ».
Les causes sont multiples : concurrence des plateformes de fast fashion comme Shein ou Temu, effets de calendrier (le 14 juillet tombait un lundi), météo instable, et incertitude économique qui pousse les clients à épargner. Comme l’a résumé Yohann Petiot auprès du journal le Parisien : « Après un démarrage poussif, la deuxième semaine a été meilleure, puis la troisième de nouveau en retrait ».
Dans ce contexte, le modèle traditionnel des soldes, pourtant essentiel pour écouler les stocks et attirer la clientèle, apparaît fragilisé. Si les promotions sont toujours appréciées, les commerçants de proximité appellent à un cadre plus clair, à une fiscalité équitable face à la concurrence étrangère, et à un soutien réel de l’État. L’animation commerciale locale reste cruciale, mais ne peut à elle seule compenser les dérèglements structurels du commerce français.
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