Qui pourrait imaginer en flânant sous les tilleuls du parc de la Cité U que se trouvait là, il y a un peu plus d’un siècle, un lieu d’insalubrité. La fameuse « Zone » non constructible en avant des fortifications de Thiers où vivait toute une population dans des abris de fortune ? Ce peuple de la périphérie, chassé de Paris dès la fin du XIXe siècle par les loyers élevés, consécutifs aux transformations haussmanniennes, s’entassait sur une bande de 250 mètres de largeur et 35 kilomètres de longueur qui faisait tout le tour de la ville. Rapidement, on souhaite expulser ces « zoniers » marginalisés redoutés par la bourgeoisie parisienne. Si, au lendemain de la Première Guerre mondiale, les fortifications sont peu à peu détruites et divers projets d’aménagement évoqués, les zoniers occupent encore le site, luttant pour obtenir des indemnités et un aménagement de cette zone.

Des étudiants de multiples nations

Paris connaît, à la même époque, une grave crise de l’habitat et peine à loger ses étudiants : ils sont alors près de 20 000, soit l’effectif le plus important d’Europe. Or, il y a peu de dispositifs d’hébergement pour les étudiants provinciaux et étrangers. Ceux qui ne sont pas boursiers habitent dans les petits hôtels et pensions du Quartier latin et connaissent des difficultés à financer leurs études. La création de la Cité internationale universitaire de Paris (CIUP) répond à cette nécessité.

Sous l’impulsion d’André Honnorat, ministre de l’Instruction publique, de Paul Appell, recteur de l’Académie de Paris, et d’Émile Deutsch de la Meurthe, le premier mécène, un projet de résidence pour étudiants du monde entier prend forme à partir de 1920. La Ville de Paris, propriétaire des terrains des fortifications déclassées, cède à l’État une bande de terrain de 9 hectares à l’extrémité sud du XIVe arrondissement, en bordure du parc Montsouris. La première pierre est posée en 1923. Deux ans plus tard, le 9 juillet 1925, la première résidence, la Fondation Deutsch de la Meurthe, est inaugurée.

Après la terrible saignée de la guerre 1914-1918, la CIUP est pensée dans un contexte de rapprochement des peuples et d’aspiration à la paix universelle, mais également parce que « la France a besoin de restaurer sa puissance intellectuelle et économique ». Si l’idéal utopique de paix universelle vole en éclats lors de la Seconde Guerre mondiale, la Cité internationale a néanmoins permis de mener une politique sociale de grande ampleur en faveur des étudiants peu fortunés sans distinction de nationalité, de leur offrir, à bon marché, des logements salubres et aérés dotés d’un confort moderne, des installations sportives, des théâtres, des bibliothèques, des salles de musique, et toute la richesse des rencontres humaines.

À la fois cité-jardin et ville-monde

Le vaste campus, unique au monde, qui fête son centenaire cette année, se déploie dans un parc de 34 hectares, le deuxième de la capitale par sa superficie. Aujourd’hui ouvert à tous, ce poumon vert du sud parisien, prolongé par le parc Montsouris qui lui fait face de l’autre côté du boulevard Jourdan, a été aménagé dans les années 1930. Autour de la grande pelouse centrale bordée d’ifs taillés en topiaire, se trouvent des espaces boisés, des allées bordées d’arbres, des prairies fleuries, des équipements sportifs, un jardin partagé géré par les résidents de la CIUP et des œuvres d’art contemporain installées lors du festival Jardins du monde en mouvement. Se promener dans le parc où se dressent aujourd’hui 47 maisons pour étudiants et chercheurs ressemble à un minitour du monde !

Imaginées à l’origine comme les pavillons d’une exposition universelle, les résidences sont financées par des États, des philanthropes, de grandes écoles ou des collectivités privées. Chacune accueille des résidents de différentes nationalités pour permettre un brassage de cultures. Les maisons de la CIUP forment une exposition architecturale à ciel ouvert dans laquelle chacune a un style architectural particulier, régionaliste, classique, moderne ou durable. Cinq édifices sont protégés au titre des Monuments historiques : la Fondation Deutsch de la Meurthe, la Fondation suisse de Le Corbusier, le Collège néerlandais, œuvre de l’architecte Dudock, la Maison du Brésil, collaboration de Le Corbusier et Lucio Costa, et la Fondation Avicenne, spectaculaire immeuble suspendu de Claude Parent et l’ingénieur André Bloc, associés à deux architectes iraniens.

Ainsi, dans une même journée, on peut déjeuner à la Maison de la Corée ou au Collège d’Espagne, prendre un café au Pavillon Habib-Bourguiba, une pâtisserie au café du Théâtre de la Maison internationale, rêver devant le petit bassin de la Maison du Japon, assister à un concert à la Fondation argentine ou à une exposition à la Maison des étudiants suédois avant d’entamer une partie de pétanque sous le double mail planté…

Cité internationale universitaire de Paris, 17-21 boulevard Jourdan, 75014 Paris. Des visites thématiques de la CIUP ont lieu régulièrement. Informations sur www.ciup.fr/visites-guidees/

Commune de départ : Paris XIVe arrondissement (station RER B, Cité universitaire). Type de balade : urbaine. Difficulté : facile. Durée : 2 heures. Distance : 3 km.

  1. Gare RER B et station du tram T3a (Cité universitaire)
  2. La Maison internationale de la Cité universitaire
  3. La grande pelouse centrale
  4. Le double mail planté de tilleuls
  5. Les pavillons de la Fondation Deutsch de la Meurthe et leur jardin caractéristique de l’art paysager des années 1930.
  6. Le Collège néerlandais
  7. La Fondation Avicenne
  8. La Maison du Brésil

Commune de départ : Paris XIVe arrondissement (station RER B, Cité universitaire). Type de balade : urbaine. Difficulté : facile. Durée : 2 heures. Distance : 3 km.

  1. Gare RER B et station du tram T3a (Cité universitaire)
  2. La Maison internationale de la Cité universitaire
  3. La grande pelouse centrale
  4. Le double mail planté de tilleuls
  5. Les pavillons de la Fondation Deutsch de la Meurthe et leur jardin caractéristique de l’art paysager des années 1930.
  6. Le Collège néerlandais
  7. La Fondation Avicenne
  8. La Maison du Brésil

Commune de départ : Paris XIVe arrondissement (station RER B, Cité universitaire). Type de balade : urbaine. Difficulté : facile. Durée : 2 heures. Distance : 3 km.

  1. Gare RER B et station du tram T3a (Cité universitaire)
  2. La Maison internationale de la Cité universitaire
  3. La grande pelouse centrale
  4. Le double mail planté de tilleuls
  5. Les pavillons de la Fondation Deutsch de la Meurthe et leur jardin caractéristique de l’art paysager des années 1930.
  6. Le Collège néerlandais
  7. La Fondation Avicenne
  8. La Maison du Brésil

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