Et si la saison en cours était déjà jouée ? Bien que la moitié de la route n’ait seulement été accomplie en cette fin de mois de juillet, l’avance dont bénéficie désormais Marc Márquez apparaît déjà hors d’atteinte pour tous ses concurrents. Gresini ne semble en effet pas en mesure de rattraper Ducati, KTM progresse mais laisse l’impression de devoir combler un vide bien trop important, tandis que Yamaha et Honda ne permettent pas aux Français Fabio Quartararo et Johann Zarco de lutter durablement pour les premières places.

En ce qui concerne le duel interne entre les deux pilotes de la Ducati d’usine, l’écart apparaît plus inquiétant encore. Abyssal, celui-ci voit effectivement Marc Márquez multiplier les démonstrations – désormais fort de huit succès dont cinq consécutifs – là où le regain de forme relatif de Francesco Bagnaia, pourtant double champion du monde, figure avant tout comme un épi phénomène au cœur d’une saison douloureuse.

La marge de Marc Márquez doit-elle inquiéter ?

Dans ce contexte, la donne pourrait être quelque peu rassurante si Marc Márquez était actuellement en flirt permanent avec la limite. Cette prise de risque maximale expliquerait sans doute la maximisation de ses performances, et ce malgré une domination intrinsèque inévitable. Seulement, la réalité est tout autre. Interrogé de nombreuses fois après les Grands Prix, le leader du championnat consent de plus en plus régulièrement qu’il dispose d’une certaine marge de termes de rythme. Comme si l’attaque était à peine nécessaire pour celui dont la régularité suffit à creuser l’écart.

« C’est vrai que j’ai changé mon style de pilotage, surtout après mes blessures, car je n’ai plus le droit de rouler de façon agressive pendant de nombreux tours, déclarait-il dans cette même veine en Tchéquie. Cela m’a obligé à adapter mon style à ma nouvelle condition physique, ce qui fonctionne bien, mais je dois rouler différemment. »

Victime d’au moins six blessures majeures au cours de sa carrière de champion reconnu mais très agressif, dépassant souvent la ligne rouge à cet égard, Marc Márquez semble avoir mûri sur ce point. Capable de dompter sa moto à la perfection, il avouait justement que cette synergie avait de quoi faciliter son approche au sortir de sa cinquième victoire de rang en Grand Prix.

« Avec la moto, je me sens très bien. Quand on se bat avec la moto, parfois on est même plus lent, développait-il du côté de Brno. Maintenant, il semble que plus je suis fluide, plus je suis rapide. C’est quelque chose qui me plaît, car à ce niveau-là, condition physique, effort général, c’est moins exigeant. On verra bien, mais il faut continuer à progresser, car on sait qu’il reste des domaines où l’on peut s’améliorer. Mais vous ne pouvez jamais avoir une moto parfaite. »

Champion sans forcer ?

Plus prudent, moins agressif dans son approche, mais néanmoins enclin à chuter encore de nombreuses fois, Marc Márquez explique que les sauts de concentration lui font encore défaut par instants. Bien que ce problème ait visiblement été réglé depuis Silverstone, l’Espagnol doit encore être vigilent.

« L’une des raisons pour lesquelles j’ai commis une erreur à Austin, c’est justement parce que j’ai perdu la concentration, justifiait-il en Tchéquie. Ensuite, il y a le problème et la solution : si vous commettez une erreur, vous devez travailler dessus. C’est ce que j’ai fait, et il semble que désormais je parvienne mieux à garder ma concentration. Ce n’était pas un point faible dans ma carrière, mais parfois, lorsqu’on a une grande avance, il est difficile de garder la même intensité. Aujourd’hui, par exemple, sur certains tours je poussais davantage, sur d’autres un peu moins, simplement pour jouer avec mon mental, et non pas avec les limites de la moto. »

À la lumière de ces aveux, Marc Márquez semble davantage se battre avec lui-même qu’avec les autres cette saison. Disposant de 120 points d’avance sur son plus proche poursuivant Álex Márquez, et 168 unités d’écart avec Pecco Bagnaia, son coéquipier, le leader du championnat pourrait bien tenter de viser un nouveau record. Auteur de 11 victoires consécutives en 2014, le sextuple champion du monde de MotoGP voit encore des objectifs se dessiner cette année, mais ils ne semblent résolument pas se tourner vers le reste du peloton.

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