La France d’un côté, les Etats-Unis de l’autre, et la tension qui monte à domicile : sur la question de la reconnaissance d’un Etat palestinien, Keir Starmer est pris en tenaille. Le Premier ministre britannique doit s’entretenir ce vendredi 25 juillet avec Emmanuel Macron et le chancelier allemand Friedrich Merz, alors que les appels à agir se font de plus en plus pressants au sein de son parti, et que Donald Trump arrive en Ecosse pour quelques jours de vacances.

Cette semaine, plusieurs élus travaillistes ont insisté sur l’urgence d’une prise de décision, parmi lesquels le ministre de la Santé, Wes Streeting, qui affirmait mardi 22 juillet qu’il fallait reconnaître l’Etat de Palestine «tant qu’il y avait toujours un Etat palestinien à reconnaître». D’autres ministres ont joint leur voix à cet appel, tout comme les 59 députés Labour qui ont récemment adressé une lettre au ministre des Affaires étrangères. Celui-ci s’était contenté d’agiter la menace de sanctions supplémentaires, tandis que le gouvernement plaçait Action Palestine sur la liste des organisations terroristes après que des activistes ont tagué des avions de l’armée de l’air britanniques.

D’autres figures de la gauche tentent de peser sur le débat, comme l’ancien chef du Labour Jeremy Corbyn, qui affirme que les «mots creux» de Keir Starmer ne l’empêcheront pas d’être «complice d’un génocide», alors que, exclu du parti travailliste, il lance sa propre formation politique. Ou Sadiq Khan, le maire de Londres, qui a affirmé qu’il «ne pourrait pas y avoir de solution à deux Etats s’il n’y a pas d’Etat viable appelé Palestine». Une lettre ouverte signée par des députés de plusieurs partis doit être publiée dans l’après-midi.

Le gouvernement britannique insiste qu’il a déjà fait sa part : contrairement à la France, il a sanctionné deux ministres du gouvernement israélien ayant encouragé à la violence en Cisjordanie, leur imposant une interdiction de voyage et un gel de leurs avoirs au Royaume-Uni en juin. Une partie des licences d’exportation d’armes ont été suspendues, tandis que des négociations d’accord commercial ont été gelées. Mais, si la reconnaissance d’un Etat Palestinien figurait dans les promesses de campagne du Labour en 2024, celle-ci est conditionnelle à un accord entre ses deux principaux territoires, Gaza et la Cisjordanie, et se fera, insiste Starmer, «à un moment qui soit le plus propice à la paix». Le Premier ministre britannique soulignait aussi, plus tôt dans la semaine, que la reconnaissance de la Palestine par l’Irlande ou l’Espagne n’avaient «pas changé la situation sur le terrain».

Ce n’est pas la première fois que Keir Starmer se retrouve en porte-à-faux avec son parti sur la question de Gaza. En 2023, sa réticence à réclamer un «cessez-le-feu immédiat», malgré les appels des élus, du maire de Manchester et du leader de la branche écossaise du Labour, avait mené à la démission de dizaines d’élus locaux. Aux élections suivantes, plusieurs députés se faisaient élire hors du Labour, sur une plateforme pro-Gaza, pour siéger en tant qu’indépendants à Westminster.

Hasard du calendrier, Donald Trump, allié d’Israël, arrive en Ecosse pour cinq jours de rencontres politiques et de golf. Un autre casse-tête diplomatique pour Keir Starmer, car le Royaume-Uni est pour l’instant parvenu à se ménager une relation cordiale avec les Etats-Unis, et entend continuer à négocier pour obtenir une réduction des droits de douane sur l’acier.