Posted On 15 avril 2025
Le budget adopté lors du dernier conseil métropolitain a été l’occasion de vifs débats, qui ont permis de confirmer la trajectoire financière catastrophique qui attend la collectivité en cas de réélection des mêmes l’an prochain.
VOIRIES : « NOUS ARRIVONS À ZÉRO EN 2026 »
De tous les bancs, les critiques ont fusé. Le Maire de Fontaine Franck Longo (modem) a ainsi dénoncé un budget « pas en adéquation avec les priorités des Maires », prenant l’exemple très parlant de la voirie : « alors que les voiries sont la première priorité, le budget continue sa chute. Il avait déjà été divisé par deux en 2024 et sans bruit, nous arrivons à zéro en 2026 ». La dernière année de mandat, année d’élection municipale, il n’y aura plus un sou pour l’entretien des chaussées dans un état déjà alarmant pour nombre de rues !
En 2026, il restera 0 euro pour l’entretien de la voirie !
DES INVESTISSEMENTS QUI COÛTENT AUSSI EN FONCTIONNEMENT
Le Maire du Fontanil Stéphane Dupont Ferrier (opposition droite et centre) a enchainé, rappelant que les choix d’investissement de la majorité entrainent un alourdissement des dépenses de fonctionnement récurrentes, comme c’est le cas avec le projet mégalomane du planétarium « cosmocité » pour lequel la contribution métropolitaine augmente encore. Emilie Chalas (Renaissance) a confirmé cette trajectoire alarmante en rappelant le delta dans le budget : « est-ce qu’on a amélioré le service public ? Non. Pourtant, les recettes ont augmenté de 62 millions. Et les dépenses de fonctionnement de 78 millions d’euros ».
FISCALITÉ : AUGMENTATION DE DEUX TAXES
Stéphane Dupont-Ferrier est également revenu sur la tartufferie fiscale. Alors que les défenseurs de ce budget tentent de faire croire qu’ils ne touchent pas aux impôts sur les ménages et les entreprises dans ce budget, ils entérinent bien une augmentation de la taxe GEMAPI et de la TEOM (Taxe d’Enlèvement des Ordures Ménagères) pour financer l’énorme chantier d’incinérateur. Et ce alors qu’au moment de fixer le taux il y a plusieurs années, « vous nous aviez expliqué à l’époque que cette mise à niveau prévoyait les investissements futurs ».
On retrouve la traditionnelle capacité d’anticipation de cette majorité. Le Maire du Sappey Dominique Escaron (droite et centre) rappelant bien le problème structurel de la gestion de ces élus : « on n’arrive pas, et c’est pareil pour le siège ou d’autres, à maîtriser depuis le début jusqu’à la fin, la trajectoire financière de ces projets ».
Le projet (dispensable) de nouveau siège de la métropole est passé de 46 à 86 à 110 millions de coût pour la collectivité depuis 2017..
CHLOÉ PANTEL (VERTS/LFI) : LA PAILLE, LA POUTRE
Chloé Pantel, coprésidente du groupe d’élus Verts/LFI piollistes supposés appartenir à la majorité, y est également allée de ses critiques contre le budget. Avec toute la mauvaise foi qui les caractérise puisqu’elle n’a rien trouvé de mieux que de relever que « l’accès à la culture n’est manifestement pas une priorité politique et considéré comme une simple variable d’ajustement pour la recherche d’économie ».
Culotté quand on se rappelle que le refus des élus grenoblois de voter une modification des statuts de la métropole sur la compétence culturelle a entrainé des baisses de subvention à plusieurs organismes. Culotté aussi quand on voit la politique de la ville en la matière, avec la fermeture de deux bibliothèques de proximité en 2016 et d’autres à venir pour centraliser le réseau sur le dos des usagers. , avec la baisse des subventions historiques à la MC2, aux musiciens du Louvre, avec la fréquentation en chute libre du théâtre…
PASCAL CLOUAIRE CIBLE DES VERTS/LFI
Cette saillie ne visait en fait qu’à enclencher un règlement de compte interne à la majorité. Elle visait explicitement Pascal Clouaire : « le vice président à la culture porte une lourde responsabilité dans ses choix ». Ex adjoint de Piolle exclu pour avoir émis une réserve sur la hausse d’impôt, il s’engage aujourd’hui pour les élections municipales avec une liste « sociale démocrate » et devient donc une cible à abattre… alors qu’il fait partie de la même majorité que les Piollistes.
« Grenoble capitale citoyenne », groupe de gauche porté par Pascal Clouaire (ex élu piolliste exclu) dans lequel on retrouve aussi Amel Zenati (autre élue piolliste exclue). De quoi susciter l’ire des Piollistes.
LES PIOLLISTES SONT « EN MÊME TEMPS » DEDANS ET DEHORS
Tout ça pour que Chloé Pantel annonce finalement que 80% de son groupe voterait pour le budget et 20% s’abstiendrait. Les contorsions de la gauche grenobloise sont toujours aussi claires. De quoi faire ironiser le président du groupe société civile Alain Carignon sur le fait que « les inventeurs de la 6ème république vivent comme dans la 3ème république. Ils sont dedans et dehors, c’est un grand classique de la politique politicienne. C’est la pire des pratiques pour tromper les citoyens avec une méthode qui permet de ne pas assumer ses responsabilités ».
« VOUS RETARDEZ LA NOYADE »
Sur le budget, le leader de l’opposition grenobloise a quant à lui rappelé l’impasse de la gestion actuelle ville/métropole. « Ces majorités que nous avons en face de nous gèrent la métropole depuis 30 ans. On sait qu’on est au bord du gouffre et on va probablement faire un très grand pas. Vous avez fait du cabotage à la marge pour boucler le budget en gros, en ne touchant à rien. Vous retardez chaque fois la noyade, mais elle est inéluctable avec la trajectoire financière telle qu’elle est engagée. Tant que vous n’engagerez pas des réformes de structure, on n’y arrivera pas ».
LES QUERELLES POLITICIENNES ET LA MAUVAISE GESTION DU PATRIMOINE
Il est également revenu sur « la gouvernance divisée de notre métropole qui a des conséquences financières », citant le projet de métrocâble pour lequel 7 millions ont été engagés mais que les Verts ont ensuite torpillé par querelle politicienne. Et sur « le patrimoine mal géré, ces immeubles vides qui ont un coût, que la métropole pourrait utiliser ou vendre » ce qui aurait pu permettre d’éviter la gabegie du siège à 108 millions !
L’intervention d’Alain Carignon en conseil métropolitain.
VERS DE NOUVELLES HAUSSES D’IMPÔTS
Avant de conclure par une mise en garde claire. « Si vous étiez reconduit l’année prochaine, il faut bien que les métropolitains comprennent que c’est une hausse massive d’impôts qui les attend. D’ailleurs, le groupe Verts/LFI ne s’en cache pas. Depuis 2019, il réclame la hausse d’impôts. Il a une constance, ça, je reconnais qu’il sait augmenter les impôts, on ne peut pas lui enlever. Il réclame que la métropole fasse comme Grenoble. Et c’est ce qui arrivera en boucle tant qu’on se contente d’actualiser la recette pour la mettre en face de la dépense. On ne fait que retarder, puisque la trajectoire financière, elle même, n’est pas structurellement modifiée ».
LA 1ÈRE QUESTION : LE COMMENT ?
Ce budget est un donc bien un aveu d’échec, parce qu’il entérine une trajectoire qui conduit dans le mur financier. et symbolise le bout de course d’une majorité minée par les divisions.
Au-delà des querelles politiciennes il confirme surtout que la première question que doivent se poser tous les candidats aux municipales, c’est bien celle du « comment » financer leur projet. Seul le groupe d’Alain Carignon tient aujourd’hui ce langage de vérité à l’égard des Grenoblois : pas de changement sans redressement budgétaire, qui passera par des mutualisations/fusions ville-centre/métropole et une gestion dynamique du patrimoine pour générer des recettes afin d’endiguer l’étouffante spirale des dépenses de fonctionnement. Sinon, ce sera un nouveau matraquage fiscal.