Saïd R. est l’un de ces justiciables dont la justice ne sait plus que faire. Cet homme de 49 ans a été jugé mercredi 22 juillet et condamné à deux ans de prison dont un an assorti d’un sursis probatoire renforcé avec obligation de soin. Le parquet avait requis trois ans ferme. Une ligne de plus à son casier judiciaire, déjà orné de 26 mentions liées, pour la plupart, à des actes de violence.

Cette fois-ci, c’est un épisode survenu le 18 juillet devant la station de métro Rond-Point du Prado à Marseille, qui lui a valu de comparaître. Placé en semi-liberté une semaine avant à l’issue de sa précédente peine de prison, Saïd R. errait, sans abri. Devant la station de métro, il a eu une altercation avec une dame âgée au sujet du vélo de cette dernière.

Addiction à l’alcool et aux médicaments

Le quadragénaire est devenu violent, des passants sont intervenus, il a sorti un couteau. L’arrivée de la police, loin de le calmer, a déclenché un torrent de violences, menaces et invectives (« Niquez vos morts, vous êtes des sales racistes de merde, des sales Marine Le Pen de merde. […] J’aime pas les flics. Je veux vous voir tous morts et vos enfants aussi. Je vous retrouverai ! ») avant qu’il ne soit interpellé de manière musclée.

Son dossier, compulsé par les juges à l’audience, dressait le portrait d’un homme à la dérive, atteint de troubles psychiatriques et souffrant de plusieurs addictions (notamment au Subutex et à l’alcool). Dans le box, Saïd R. a nié les charges qui lui étaient reprochées, accusant ses adversaires de l’avoir menacé et violenté. « Si je comprends rien, aujourd’hui c’est vous la victime, de la vieille dame, du témoin, des policiers ? », l’a interpellée, mordante, la procureure Pauline Hamel. « Oui », a répondu le prévenu.

« Indignité totale »

Agacée, la magistrate a vilipendé dans son réquisitoire son « indignité totale face à ses responsabilités, et sa victimisation ». « Personne n’est dupe ! », a-t-elle conclu, dans la droite ligne des deux avocats de parties civiles qui étaient venus juste avant réclamer réparation pour trois policiers et un civil qui avait ceinturé Saïd R. pour protéger la vieille dame.

L’avocate de la défense, Me Claire Jacquot, a au contraire tenté de temporiser, présentant son client comme « une personne d’une fragilité extrême », victime d’un sentiment d’insécurité permanent depuis une grave agression à l’âge de 25 ans qui l’aurait laissé dans le coma plusieurs mois durant. Elle a semble-t-il été entendue par le tribunal, qui a condamné Saïd R. en deçà des réquisitions.