Gros plan sur l’une des principales officines russes dans le domaine des ingérences numériques : la Social Design Agency s’est fait dérober une masse de données en ligne. Ces fuites en disent long sur le dispositif informationnel du Kremlin. Elle révèle l’évolution d’une PME de « technologie politique » devenue prestataire du Kremlin pour ses opérations d’ingérence en Europe, et au-delà. 

Comment une petite entreprise de conseil politique devient un acteur majeur d’intoxication informationnelle, de l’échelon provincial russe à l’international. C’est ce que nous explique le chercheur Kevin Limonier. Une fuite de données massive émanant de la Social Design Agency, permet de mettre en lumière les activités nocives de ce maillon du dispositif d’ingérence russe, mais aussi ses limites. 

Kévin Limonier, professeur des universités en géographie et en études slaves, co-dirige le laboratoire GEODE, pour Géopolitique de la data sphère, partenaire de cette émission. Il est l’auteur de La guerre numérique de Vladimir Poutine : enquête sur les hackers d’Etat en Russie dans la revue Le Grand Continent. 

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Modeste officine opérant depuis 2017, la SDA de Ilia Gambashidze s’est habillement positionnée dans le sillage de Evgueni Prigojine, à la disparition de ce dernier. L’entreprise a ainsi vu son chiffre d’affaires dopé à partir de 2022, par les commandes liées à la guerre en Ukraine. À titre d’exemple, l’opération « Doppelgänger » et la publication de sites-miroir usurpant l’identité de grands médias européens pour diffuser le narratif du Kremlin, lui ont été officiellement attribuées par la France. Mais sa mise sous sanction n’a pas eu d’incidence majeure sur son activité. 

La chronique d’Olivier Fourt de la cellule info vérif de RFI : Moldavie, la cause LGBT utilisée comme vecteur de la désinformation anti-UE, à deux mois des élections dans ce pays.