En ce jeudi de fin juillet, Albert s’affaire dans son fourgon aménagé, garé devant son domicile d’un quartier de Betton, au nord de Rennes. Ce jeudi, il part en vacances. Et outre les affaires de randonnée et de plage, l’une des étapes des préparatifs consistera à brancher son alarme. « On est aussi allé remplir les formulaires Tranquillité vacances à la mairie de Betton pour que la police municipale passe chez nous pendant notre absence et nos voisins sont vigilants », explique le Bettonnais.

Des précautions nécessaires selon cet habitant de la commune de 12 700 habitants pour limiter les risques de cambriolages. Car Betton est, selon les chiffres du Ministère de l’Intérieur, une des communes en Ille-et-Vilaine où le taux de cambriolages est le plus élevé. En 2024, la cité de Rennes Métropole affichait un bilan de neuf cambriolages pour 1 000 logements. Seuls Cesson-Sévigné, à l’est de Rennes (19 cambriolages pour 1 000 logements) et Châteaugiron (11) à 20 km au sud-est de la capitale bretonne, affichent des taux plus élevés parmi les communes de plus de 10 000 habitants.

« La porte de mon garage a été forcée »

Si Albert ne tombe pas dans la psychose, il est désormais prévoyant. Dans son quartier, ils sont nombreux dans son cas, et trois pavillons sur quatre sont dotés de caméra de vidéosurveillance. C’est le cas de Pierrick et Annie, une rue plus loin. « On a aussi installé une lumière devant la porte d’entrée qui détecte les mouvements. Des voisins ont été cambriolés deux fois en deux ans, il y en a partout à Betton ».

À quelques mètres de là, une autre habitante a failli être cambriolée, il y a quelques mois. « Je suis partie faire une course en ville, un samedi, et en rentrant, je me suis rendu compte que la porte de mon garage avait été forcée. Heureusement, les cambrioleurs n’ont pas pu rentrer, mais j’envisage de me doter d’une caméra ». Méfiante, il faut montrer patte blanche en arrivant chez elle. Idem ailleurs. Par trois fois, la carte de presse est demandée avant de pouvoir poser la moindre question aux habitants.

« On a renforcé nos liens avec nos voisins »

Une centaine de mètres en direction du bourg, une autre habitante, elle, ne veut pas acheter de caméra. Pourtant, elle aussi a subi un cambriolage, « en 2015. Mais j’ai peur que la présence d’une alarme attire les voleurs. Pourtant, ce cambriolage m’a marqué. Aujourd’hui encore, dès que j’entends un bruit pendant la nuit, je descends vérifier les portes ». Dans son allée qui mène à sa porte d’entrée, elle a aussi installé des lampes solaires, « qui restent allumées toute la nuit. On a surtout renforcé nos liens avec les voisins, on a relancé la fête des voisins pour se connaître mieux et on surveille quand les uns et les autres partent en vacances ». Un groupe WhatsApp entre riverains a également été créé.

Récurrents chez les particuliers, les cambriolages sont aussi fréquents chez les commerçants. Dans la nuit du 8 au 9 mai 2024, trois mineurs ont, par exemple, été interpellés pour une vague de cambriolages ou de tentatives de cambriolages dans des commerces du bourg et des véhicules à proximité. Le salon de coiffure du centre commercial Le Trégor en fait partie. « C’est la troisième fois qu’on tente de me cambrioler, dénonce la gérante. J’ai fait une demande à la mairie pour avoir un éclairage toute la nuit sur la place, ou un détecteur de présence. On attend la réponse, c’est à l’étude. »

En attendant, la coiffeuse a investi dans un rideau de fer devant sa porte. Présente dans le centre-ville de Betton depuis 15 ans, elle a « toujours entendu les clientes parler de cambriolages à Betton, pas plus aujourd’hui qu’hier. À Betton, il y a de jolies maisons, avec beaucoup d’arbres qui cachent la vue, et surtout de nombreuses voies pour s’échapper, vers l’A84 ou Saint-Malo notamment. »

« Plus il y a de pavillons, plus il y a de chance d’avoir un cambriolage »

« Pour faire du cambriolage, il faut qu’il y ait du gain. Ce n’est pas compliqué de savoir quelles sont les villes les plus attrayantes autour de Rennes, confirme la gendarmerie de Rennes. Plus il y a de pavillons, plus il y a de chance d’avoir des cambriolages. Il fait bon vivre à Betton. » Conscientes du phénomène, les forces de l’ordre du secteur ont « adapté » leurs patrouilles. « On intensifie la surveillance en fonction des données qu’on reçoit sur la délinquance et les créneaux les plus à risques. Sur Betton, nous avons également des patrouilles en VTT électrique. On se rend aussi sur les marchés pour faire de la prévention. »

L’idée ? « Dire aux habitants qu’on est là, mais aussi leur rappeler les bons gestes. L’idée d’abord, c’est de bien fermer les fenêtres quand on part de chez soi, ne pas laisser ses clés et son portefeuille en évidence. L’idée n’est pas de faire Fort Alamo, mais d’être acteur de sa sécurité car on ne peut pas mettre un gendarme devant chaque pavillon. »