A Limoges, la tempête politique succède à la nuit de violences urbaines. Après des affrontements d’une rare intensité entre forces de l’ordre et une centaine d’individus masqués armés de mortiers, de cocktails Molotov et de battes de baseball dans le quartier du Val de l’Aurence, les propos du maire Emile Roger Lombertie (Divers droite) déclenchent un tollé.

L’élu de 74 ans, interrogé par plusieurs médias, a parlé de « mexicanisation des quartiers », de « zone de non-droit » et d’« enfants soldats ». Il a aussi estimé que « beaucoup sont musulmans salafistes intégristes », ajoutant que dans ce quartier prioritaire de Limoges, « l’idéologie musulmane » se mêlerait à « l’idéologie de gauche et d’extrême gauche LFI ».

« Irresponsables et dangereux »

Il ne s’est pas arrêté pas là : dans une interview accordée à Boulevard Voltaire, le maire a déclaré : « Quand on considère les gens comme des bêtes et qu’on les laisse libres comme des bêtes, ils ont des comportements de bête. » Des propos jugés « irresponsables et dangereux » par l’élue socialiste Gulsen Yildirim, tandis que le Parti socialiste fustige des « amalgames et caricatures ».

La gauche n’est pas la seule à réagir. Quatre adjoints du maire – Vincent Brousse, Muriel Laskar, Samia Riffaud et Vincent Léonie – ont publiquement désavoué leur édile, dénonçant sa comparaison « inacceptable » avec le monde animal. Du côté des parlementaires, le député LFI de la Haute-Vienne, Damien Maudet, a annoncé qu’il saisissait le procureur de la République au titre de l’article 40 du code de procédure pénale pour « injure envers un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur religion ».

Des violences chaque été depuis quatre ans

Même appel à l’apaisement du côté du PRG : « Nous devons faire preuve de fermeté envers les délinquants qui nuisent à la tranquillité publique. Mais cette fermeté ne doit jamais servir de prétexte à une stigmatisation collective », a écrit son responsable local, Jérémy Eldid.

Notre dossier sur les violences urbaines

Sur le plan judiciaire, une enquête a été ouverte pour participation avec arme à un attroupement, violences sur fonctionnaires de police, extorsion aggravée et dégradations en bande organisée du bien d’autrui, après cette nuit de violences qui a fait neuf blessés parmi les policiers. C’est le quatrième été consécutif que Limoges est secouée par des épisodes de violences urbaines, mais jamais un été n’avait provoqué un tel séisme politique local.