Le Grand Prix de Tchéquie MotoGP a encore été marqué par
une mascarade le samedi après-midi : une fois de plus, les
pressions de pneus ont tronqué la course, de manière encore plus
flagrante qu’en Thaïlande. Ce phénomène doit absolument changer,
car ça rend le sport assez peu crédible, il faut bien
l’avouer.
Le problème
Pour vous rafraîchir la mémoire, Marc Marquez, en tête avec plus
de deux secondes d’avance, a beaucoup ralenti pour laisser passer
Pedro Acosta durant le Sprint. Cela est arrivé quelques tours après
la rétrogradation de Pecco Bagnaia, et ne
laissait aucune place au doute : les Ducati avaient un
problème de ce côté-là. Mais au fait, pourquoi ce phénomène
survient-il ?
Pecco
Bagnaia a très mal géré le problème, qui, en fait, n’en était même
pas un. Photo : Michelin Motorsport
En gros, avant la saison 2023, les équipes roulaient parfois
avec des pressions anormalement basses. Cela augmente la surface de
contact au sol, et donc, confère plus d’adhérence. Sauf que c’est
dangereux ; par le fait, Michelin a imposé des valeurs à
respecter pendant un certain nombre de tours. La réglementation a
encore changé en 2024, et désormais, les constructeurs doivent
respecter la pression minimale d’environ 1,80 bar (cela peut
dépendre des circuits) pendant au moins 60 % de la
course dominicale, et 30 % du Sprint. La pression
pneumatique est liée à la température : plus le pneu est
chaud, plus la pression est importante. Ainsi, c’est pour ça que
Marc Marquez voulait laisser passer quelqu’un, en l’occurrence
Acosta. Sa pression était trop faible, donc il a fait monter la
température de la gomme avant en restant derrière l’officiel
KTM.
À savoir que les pilotes ont un témoin qui peut leur indiquer où
ils en sont par rapport à une possible pénalité. Marquez a pu constater, sur son
écran, qu’il n’allait pas être puni après la course, car il était
dans la bonne fenêtre. Alors, oui, c’est un problème
complexe, mais il est grand temps de trouver une solution.
Il faut se pencher dessus, et tout de suite
Ce n’est pas vraiment à nous d’apporter des solutions. En effet,
on peut très bien critiquer sans avoir la réponse. Je ne sais pas à
quel point il serait difficile de changer le règlement en cours de
saison ni les conditions que Michelin impose pour la sécurité des
pilotes. Et malgré cela, je peux affirmer que voir Marc Marquez se
garer pour attendre un autre pilote est totalement ridicule. Je
vous ai concocté deux-trois scénarios pour vous illustrer
l’absurdité de cette situation.
Premièrement, Pedro Acosta aurait aussi pu jouer au plus malin.
Imaginez un instant. Acosta, qui a dit qu’il n’aurait pas tiré
grande fierté d’une victoire de ce type, aurait très bien pu ne pas
vouloir dépasser Marc Marquez. Si ce dernier s’est garé, cela
voulait dire qu’il était très proche de la sanction.
Représentez-vous la scène : Acosta, qui ralentit lui
aussi, pour faire pénaliser Marc Marquez. Et ainsi de
suite, derrière. Après tout, il avait une meilleure chance de
gagner comme ça qu’en servant de lièvre à l’octuple champion du
monde !
Il était
tellement au dessus que ça n’a pas eu d’importance. Photo :
Michelin Motorsport
Deuxièmement, imaginez maintenant qu’un accident se
produise quand un pilote ralentit pour laisser passer les
autres. On a mis cette règle en place pour la sécurité,
alors que se mettre sur le côté et rester à la merci de plusieurs
autres déchaînés en bagarre ne paraît pas être parfaitement
sécurisée non plus.
Troisièmement, imaginez qu’un pilote chute à cause de pressions
trop faibles dans les 30 % du Grand Prix qu’il est autorisé de
couvrir avec de telles données. N’est-ce pas là totalement
absurde ? Ce que je ne comprends pas, c’est qu’on
fixe une limite, mais qu’on autorise les pilotes à aller en dessous
pendant un certain temps. Et si la « tricherie » se
prolonge pendant trop longtemps, alors une pénalité est appliquée
après la course : +8 secondes en Sprint, et +16 secondes en
GP.
Encore une fois, je n’ai pas la prétention de dire que j’ai la
solution. Mais d’un point de vue totalement objectif, il me
semblerait beaucoup plus logique de carrément disqualifier – tout
du moins, d’interdire –, tout dépassement de
limite ! À la première infraction, pénalité
immédiate ; le problème du « temps passé hors limite
autorisé » est qu’il faut attendre que l’épreuve se termine
pour connaître le pourcentage exact de distance de course disputée
avec une pression non conforme. Ceci donne lieu à de longues
investigations, et, parfois, des déclassements longtemps après –
tels que Maverick Vinales au
Qatar.
En tout cas, je suis curieux de savoir ce que vous en avez
pensé. Dites-le-moi en commentaires !
Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur,
et pas de l’entièreté de la rédaction.
Comme il
l’a confié, Pedro Acosta n’en aurait tiré aucune satisfaction.
Photo : Michelin Motorsport
Photo de couverture : Michelin Motorsport