JEFF PACHOUD / AFP
Membres du « socle commun », Les Républicains (dont sont membres Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez) s’opposent à la reconnaissance de la Palestine. (photo d’illustration)
POLITIQUE – Une décision lourde de sens à l’international, mais aussi dans la sphère politique française. En annonçant la reconnaissance de l’État de Palestine le jeudi 24 juillet, Emmanuel Macron a déplu à un parti du « socle commun » sur lequel repose le gouvernement de François Bayrou, Les Républicains exprimant clairement leur désaccord avec la décision présidentielle.
Si son président Bruno Retailleau, membre du gouvernement, a refusé de s’exprimer sur le sujet lors d’un déplacement en Vendée, le parti a dit son mécontentement dans un communiqué cinglant, depuis repartagé par le ministre de l’Intérieur sur X. « Notre famille politique gaulliste a toujours été favorable à la reconnaissance d’un État palestinien », insiste le texte qui assure par ailleurs que cette reconnaissance « donnerait une victoire au Hamas […] alors même que les otages [israéliens] ne sont pas libérés ».
Même son de cloche du côté de Laurent Wauquiez, chef des députés LR, qui a dénoncé un président qui « se retrouve félicité par le Hamas ». « Ce n’est pas ainsi que la France contribuera à la paix », a-t-il ajouté. Le président LR du Sénat, Gérard Larcher, a pour sa part estimé dans un message sur X que « si la solution à deux États est incontournable, reconnaître un État palestinien, dans les circonstances actuelles, est un pari trop dangereux qui ne sert pas la cause d’une paix durable ».
« La reconnaissance ne peut pas se faire à n’importe quel prix »
Dans leur communiqué, Les Républicains interpellent Emmanuel Macron sur des déclarations qu’il avait faites fin mai, se disant prêt à « déclencher un mouvement de reconnaissance d’un État palestinien sous certaines conditions ». À savoir : la libération de tous les otages, la démilitarisation et la mise à distance du Hamas, une réforme de l’autorité palestinienne, la reconnaissance de l’État d’Israël et de « son droit à vivre en sécurité » et enfin la « création d’une architecture de sécurité dans toute la région ».
« Aucune de ces conditions n’est remplie », fustige le communiqué LR, qui appelle la France à « renouer avec sa capacité à être une puissance d’équilibre ». « Si la sécurité d’Israël n’est pas négociable, la reconnaissance d’un État palestinien ne peut se faire à n’importe quel prix », poursuit le parti de droite, qui insiste par ailleurs sur la nécessité pour le gouvernement de Benjamin Netanyahu de « mettre fin au blocus humanitaire ».
Les tensions au sein du « socle commun » pourraient ne pas s’en tenir aux Républicains. « Les divisions sont importantes », a noté le politologue Denys Pouillard, interrogé par l’AFP et selon qui Ensemble et Horizons ont « une plus grande tendance […] à aller vers le soutien à l’État d’Israël » quand le MoDem de François Bayrou penche davantage « vers la reconnaissance des Palestiniens ».
Résultat : des réactions hétéroclites chez les centristes. Si certaines figures comme Marc Fesneau (MoDem) ou Élisabeth Borne (Renaissance) ont salué la décision d’Emmanuel Macron, Gabriel Attal (Renaissance) n’a pas réagi pour le moment, tandis qu’Édouard Philippe (Horizons) l’a qualifiée de « pari » qui risquerait potentiellement de faire utiliser par la France « une carte politique importante sans autre effet que celui d’un symbole ».