Monique Pinçon-Charlot ne cache pas sa gourmandise face au feuilleton médiatique de l’été : « C’est absolument extraordinaire. Tout est là ! » Il faut dire que ce qu’on appelle désormais le « supérette gate » a de quoi fasciner la sociologue, autrice de l’essai Entre-soi. Le séparatisme des riches1, tant cette affaire – qui a pour intrigue une de ces déroutantes croisades dont les Fortunes parisiennes ont le secret – concentre tous les ingrédients d’un phénomène qu’elle n’a cessé, enquête après enquête, de décortiquer.

Tout commence par la médiatisation dans Le Monde d’une pétition lancée au sein du très huppé 6e arrondissement de Paris. L’installation d’un Carrefour City prévue fin août sur une coquette placette située au croisement des rues Vavin et Bréa, à la sortie du jardin du Luxembourg, suscite depuis plusieurs mois l’ire de riches et célèbres riverains.

Une poignée d’entre eux s’est engagée dans un bras de fer avec Jean-Pierre Lecoq, le maire LR du 6e arrondissement, qui défend l’installation de la supérette.

Un florilège des paniques morales de la haute bourgeoisie

Un ancien journaliste économique, Bruno Segré, décide de se faire le porte-voix de cette fronde destinée à empêcher coûte que coûte l’ouverture de l’enseigne, en tentant, au détour d’une brocante ou d’une réunion de copropriétaires, de rallier à son combat quelques illustres noms.

Le quotidien dévoile la liste de ce gratin qui a pignon sur médias. Aux côtés de banquiers et autres avocats d’affaires voisinent des célébrités, dont « l’essayiste Alain Finkielkraut et sa femme », « le chanteur Alain Souchon, son épouse et ses deux fils », « l’avocate Sylvie Topaloff », « l’ actrice