Les Palestiniens se réjouissent, les Européens temporisent, Israël s’insurge, Trump raille Macron.

Royaume-Uni, Allemagne et Italie ont temporisé, vendredi, sur la question de la reconnaissance d’un État palestinien, au lendemain de l’annonce du président français Emmanuel Macron en ce sens, soulignant les divergences d’approche des Européens en la matière.

Le président américain Donald Trump a de son côté tourné en dérision l’annonce de son homologue Emmanuel Macron, qui s’est engagé à reconnaître un État palestinien en septembre, affirmant que cette décision « ne changera rien ».

« Sa déclaration n’a aucun poids »

« Ce qu’il (Macron) dit n’a aucune importance », a déclaré Donald Trump à des journalistes à la Maison Blanche. « C’est un bon gars. Je l’aime bien, mais sa déclaration n’a aucun poids. Ça ne va rien changer. »

La décision d’Emmanuel Macron a également été vivement critiquée par le gouvernement israélien alors que le Premier ministre Benyamin Netanyahou comme Washington semblent vouloir tourner le dos aux négociations en vue d’un accord de cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

L’annonce du président français est intervenue peu avant que le Premier ministre britannique Keir Starmer n’indique qu’il tiendrait vendredi une réunion d’urgence avec l’Allemagne et la France sur la situation humanitaire dans la bande de Gaza.

La priorité de Londres est d’atténuer les souffrances dans l’enclave palestinienne et d’obtenir un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, a souligné, vendredi, un membre du gouvernement britannique, masquant mal son embarras, alors que Keir Starmer fait face à une pression croissante pour reconnaître un État palestinien.

L’embarras en Europe

Berlin, dont la position à l’égard d’Israël est fortement influencée par les conséquences de la Shoah, a fait savoir qu’elle n’avait pas l’intention d’emboîter le pas de Paris « à court terme ». Le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, a fait valoir, pour sa part, que la reconnaissance d’un État palestinien devait intervenir simultanément avec la reconnaissance d’Israël par la nouvelle entité.

Le président palestinien Mahmoud Abbas, dans un communiqué saluant la démarche française, a félicité les dirigeants de l’Arabie saoudite d’avoir joué « un rôle clé pour encourager la décision de la France de reconnaître l’État de Palestine ». Mahmoud Abbas a exhorté « tous les pays, en particulier les nations européennes qui n’ont pas encore reconnu l’État de Palestine, à le faire sur la base de la solution à deux États approuvée au niveau international ».

La stratégie des colonies juives

Selon le décompte du ministère des Affaires étrangères palestinien qui prend en compte le Vatican, la France devrait devenir en septembre, le 150e pays à reconnaître l’État palestinien, mais le premier au sein du G7.

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S.W.

Les Palestiniens cherchent depuis longtemps à créer un État indépendant en Cisjordanie, à Gaza et à Jérusalem-Est – des terres conquises par Israël lors de la guerre des Six Jours, en 1967. L’Organisation de libération de la Palestine a reconnu, de son côté, le droit d’Israël à exister en paix en 1993, au début du processus de paix soutenu par les États-Unis qui a mis en place l’Autorité palestinienne, dirigée par Mahmoud Abbas.

Mais le Hamas et les autres groupes islamistes palestiniens qui dominent à Gaza refusent de reconnaître Israël. La charte fondatrice du Hamas, en 1988, appelait à la destruction d’Israël, même si ses dirigeants ont parfois proposé une trêve à long terme avec Israël en échange d’un État viable. Mais Israël y voit surtout une ruse.

Les détracteurs de l’État hébreu l’accusent, pour sa part, d’avoir détruit les perspectives d’un État palestinien en multipliant la construction de colonies juives en Cisjordanie et en rasant une grande partie de Gaza depuis le début du conflit actuel. Ils soupçonnent aujourd’hui Israël d’affamer la population palestinienne pour la pousser à quitter le territoire.