Par

Sophie Vincelot

Publié le

26 juil. 2025 à 7h04

Qui n’a jamais ressenti cette satisfaction ? Celle de revenir de ses vacances et d’afficher un teint hâlé au bureau ? Pour beaucoup, le bronzage reste le garant de congés réussis.

Ce changement de carnation de la peau constitue un rituel social, nourri depuis plusieurs décennies… qu’il serait judicieux d’abandonner. Chaque année, entre 141 200 et 243 500 cas de cancers de la peau sont diagnostiqués en France, selon Santé publique France. Dans plus de 85 % des cas, ils sont attribuables à une exposition excessive aux ultraviolets (UV).

Et un terme revient souvent : celui de « capital soleil ». Les campagnes de prévention en parlent régulièrement et les dermatologues rappellent sans cesse le devoir de le préserver.

« Comme un permis à points »

Mais de quoi parle-t-on exactement ? Le capital soleil est « une forme de représentation schématique, que l’on pourrait imaginer comme un permis à points », résume auprès d’actu.fr le Dr Marie-Estelle Roux, dermatologue et membre du Syndicat national des dermatologues-vénéréologues (SNDV).

Ce quota représente la quantité totale d’UV que l’on peut supporter sur toute une vie. Il diffère selon sa couleur et nature de peau. Il ne se mesure pas en tant que tel.

Néanmoins, on peut l’évaluer selon les six phototypes de peau, établis dans la classification de Fitzpatrick, rappelle la Société française de dermatologie. Cela va d’une peau claire qui ne bronze pas (avec des taches de rousseur et des cheveux blonds ou roux) à une peau noire.

Plus la peau est foncée, plus on a de « points »

La règle générale est que plus on a la peau foncée, plus on a de « points ».

Nous n’avons pas toutes et tous le même nombre de points au départ et nous ne les perdons pas de la même façon. Cela dépend aussi de la génétique, du mode de vie, mais aussi de son exposition au soleil. Il n’y a pas d’égalité et de justice par rapport au capital soleil.

Dr Marie-Estelle Roux
Dermatologue et membre du Syndicat national des dermatologues-vénéréologues

Surtout, ce « réservoir » s’épuise sans jamais se renouveler. En effet, plus on reçoit d’UV, plus il y a de lésions cutanées. Les cellules souches et les couches profondes, elles, se détruisent en cas de brûlure au soleil.

Préserver son capital soleil, ça commence dès l’enfance

D’où l’importance de veiller à bien préserver son « capital soleil ». C’est (heureusement) possible de plusieurs manières différentes et ça commence dès les premières années de notre vie.

« Les coups de soleil attrapés pendant l’enfance font le nid des mélanomes, une fois adulte », reprend Marie-Estelle Roux. Il est donc essentiel de protéger les enfants du soleil.

Jusqu’à 12 ans, il faut les préserver au maximum et éviter de sortir quand le soleil est au zénith.

Dr Marie-Estelle Roux
Dermatologue et membre du Syndicat national des dermatologues-vénéréologues

Rester à l’ombre, mettre de la crème solaire…

Une règle qui peine encore à s’installer dans l’imaginaire collectif. Car, en moyenne, plus de la moitié de notre capital soleil est consommée à l’âge de 18 ans. C’est pourquoi qu’une fois adulte, cette surveillance doit rester à un niveau maximal. « Dès que l’on peut, il vaut mieux rester à l’ombre », expose la dermatologue.

Et dès que cela n’est pas possible, il faut se protéger avec des vêtements, des casquettes et des lunettes. Et utiliser de la crème quand notre peau est exposée.

Dr Marie-Estelle Roux
Dermatologue et membre du Syndicat national des dermatologues-vénéréologues

Par ailleurs, il ne faut pas oublier que beaucoup de médicaments sont photosensibilisants. C’est le cas de certains antibiotiques, antidouleurs et anti-inflammatoires. Ce qui peut provoquer des réactions anormales de la peau quand celle-ci est exposée au soleil.

Des signes à surveiller

Pour les personnes les plus inquiètes, plusieurs indices peuvent indiquer quand notre « quota soleil » s’apprête à s’épuiser – ou qu’il l’est déjà.

« On peut observer des troubles pigmentaires, avec l’apparition de taches foncées ou blanches sur la peau, l’épaississement de la peau ou encore l’apparition de la couperose [dilatation anormale et permanente de petits vaisseaux sanguins de la peau, NDLR.] », explique Marie-Estelle Roux.

Ensuite, il faut surveiller l’apparition de « lésions précancéreuses, comme les kératoses solaires ou kératoses actiniques », poursuit la spécialiste. Il s’agit de petites croûtes rugueuses et inflammatoires, « souvent présentes sur le visage ».

Enfin, le dernier stade d’un « capital soleil » épuisé, ce sont les cancers de la peau. « À savoir les carcinomes et les mélanomes », conclut le Dr Roux.

Un seul conseil pour éviter d’en arriver à de telles extrémités : exposer le moins possible sa peau au soleil. Et tant pis pour le bronzage à la rentrée.

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