Sous une tente blanche au cœur de la Charente, des os géants émergent de l’argile, révélant l’un des plus grands trésors paléontologiques d’Europe. A Angeac-Charente, entre Angoulême et Cognac, scientifiques et bénévoles explorent depuis seize ans « le site le plus fouillé au monde », selon Ronan Allain, directeur des recherches. Cet été, dix nouveaux fossiles complètent le squelette d’un camarasaurus, un dinosaure herbivore de 30 tonnes et 20 mètres de long, vieux de 140 millions d’années.
« Cette découverte scientifique énorme », se réjouit Ronan Allain, éclaire d’un jour nouveau les migrations de la faune préhistorique : ce dinosaure n’était jusqu’à l’an dernier connu qu’en Amérique du Nord. Pour Jean-François Tournepiche, paléontologue et ancien conservateur du musée d’Angoulême, le site reste une « pochette-surprise » : deux fémurs du camarasaurus sont apparus cette année à un endroit inattendu.
« Un travail long et minutieux »
Révélé en 2010 avec la découverte d’un fémur de turiasaure de 2,02 mètres, Angeac-Charente a déjà livré plus de 10.000 pièces, témoins d’un écosystème vieux de 140 millions d’années : crocodiles, tortues, « dinosaures-autruches », fougères et plantes tropicales peuplaient alors ce marécage. Les os, fragiles, sont protégés, emballés et moulés dans du plâtre avant extraction. « C’est un travail long et minutieux souvent sous-estimé sous l’effet Jurassic Park », souligne Dominique Augier, préparateur de fossiles.
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Les fossiles rejoindront bientôt le musée d’Angoulême et certains seront exposés au Muséum d’histoire naturelle de Paris en juin 2026. Mais le graal de Ronan Allain reste un os de dinosaure carnivore, encore introuvable. Un nouvel ossement, découvert trop tard pour être dégagé, a été recouvert : il attendra la prochaine campagne, l’une des nombreuses encore à venir dans cette terre charentaise pleine de secrets.