L’île du Rohrschollen, un espace naturel soumis aux transformations

Autrefois traversé par le Rhin sauvage, le Rohrschollen a changé de visage après des travaux entrepris dès le XIXe siècle. Le réchauffement climatique et la montée des eaux pourraient encore modifier la réserve naturelle longue de cinq kilomètres.

Le Rhin sauvage offrait alors au Rohrschollen une diversité d’espèces animales et végétales immense. Mais, si le débit du fleuve proposait, à l’époque, un paysage varié, il provoquait aussi des crues dévastatrices. Il a fallu l’intervention de l’Homme dès le XIXe siècle pour limiter les inondations et remédier au débit incertain du Rhin. La canalisation du fleuve au milieu du siècle suivant a engendré la séparation du Rohrschollen de la forêt du Neuhof, provoquant l’apparition de l’île.

En 1970, la mise en service de la centrale hydroélectrique a entériné la transformation du paysage. « Le milieu stagnant favorise la venue plus nombreuse d’oiseaux hivernants, raconte Guillaume Schoch. On y trouve aujourd’hui beaucoup de canards aquatiques ou de cigognes. » Depuis, les animaux ont appris à s’habituer aux usines voisines et autres lignes à haute tension. L’île du Rohrschollen devient officiellement une réserve naturelle en 1997, renforçant la protection de son écosystème, situé à 10 km du centre de Strasbourg.

La menace du réchauffement climatique

Même s’il ne peut pas lire précisément dans l’avenir, Guillaume Schoch sait que le réchauffement climatique va avoir un impact important sur ce milieu : « La montée des eaux va nous forcer à être particulièrement vigilant au régime hydrique de la réserve. » La menace climatique risque de toucher toutes les espèces vivantes de la zone. Les arbres pourraient être des victimes directes, entraînant avec elles les oiseaux qui s’y réfugient : « Les maladies pourraient se multiplier alors que la chalarose décime déjà nos frênes, pourtant bien implantés ici. »

Mais d’ici là, le personnel des réserves naturelles invite les Strasbourgeois à se promener dans une zone préservée pour découvrir les 228 espèces d’oiseaux recensées. « Nous demandons néanmoins à tous de faire attention aux déchets qui peuvent se retrouver dans la nature et dans l’estomac des animaux. » Hormis ce rappel essentiel, la cueillette est permise même si la flore reste protégée. « Les promeneurs peuvent ramasser les champignons et l’ail des ours à condition de rester raisonnable », conclut Guillaume Schoch.

M.F.