« Ça a changé. »
Cessole reste un quartier agréable mais ces dernières années sont apparus des problèmes de sécurité, des gens qui roulent beaucoup trop vite. Il faudrait faire quelque chose », suggère Josiane. Du haut de ses 80 printemps, cette retraitée guillerette fait partie des figures incontournables des lieux. Nice-Matin l’a rencontrée en même temps que d’autres habitants pour savoir ce qu’ils pensaient de l’évolution de leur quartier.
Des drames survenus ces derniers mois ont traumatisé Cessole: la mort de Yoann Pietri, un quadragénaire tué d’un coup de couteau le 9 juillet, celle du jeune motard de 22 ans, Alexandre Gonçalves, qui a perdu la vie dans un accident le 11 avril et celle de https://www.nicematin.com/securite/apres-plusieurs-drames-et-la-colere-des-riverains-bientot-un-radar-sur-le-boulevard-de-cessole-a-nice–990994… « Les gens roulent comme des fous, peste Pascal, 66 ans. C’est comme ça depuis qu’ils ont mis le sens unique. » La Ville, a d’ailleurs sollicité la préfecture pour l’installation d’un radar au niveau de ce boulevard de Nice-Nord.
« Je suis née ici et j’y vis toujours, là, dans cette maison », poursuit la Niçoise en désignant une bâtisse derrière les Pains de l’Horloge. « Quand j’étais jeune, c’était un secteur bourgeois. Il s’est paupérisé. C’est devenu populaire et moins bien fréquenté. » Pour autant, elle n’a jamais souhaité quitter ce secteur qu’elle connaît tant. C’est la même musique chez Louis et Jeanne, un couple d’octogénaires promenant leur chien, Fango. Ils se sont rencontrés là. Les parents de monsieur « tenaient une droguerie à Saint-Sylvestre et une autre au passage à niveau ». Madame, elle, « allait au patronage à Saint-Barthémy ».
Josiane se replonge à son tour dans ses souvenirs: « Mon père a tenu l’épicerie générale jusqu’en 1940, quand il a dû partir à la guerre. Le magasin avait été ensuite vendu et c’est devenu la station Shell. » Elle montre une ancienne photo sur son smartphone: « Regardez, c’est ma sœur à l’hiver 1956. On avait fait un grand bonhomme de neige et il avait fait tellement froid qu’il avait tenu 8 jours. Nice-Matin avait même fait un article. » Jeanne s’en rappelle: « mais oui, on avait fait de la luge! À l’époque, il y avait un véritable esprit village, qu’on n’a plus. Ici, dans le jardin de l’horloge – d’ailleurs on l’appelait la pendule! – on y faisait les festins. C’est dommage qu’il n’y en ait plus. Le quartier a évolué mais pas que dans le bon sens. »
« Les gens roulent comme des fous »
L’épicerie générale tenue par le père de Josiane jusqu’en 1940. DR.
Son époux se remémore aussi du temps où « à Saint-Sylvestre il y avait une vacherie. On allait chercher le lait. Au fond de Jean-Behra, on se baignait les pieds dans le petit cours d’eau. »
Marie-Josée, 75 ans, préfère aussi « comment c’était avant » mais « ne souhaite pas non plus déménager ». « C’est un quartier agréable, calme, même s’il faut être vigilant », ajoute Nicolas, 60 ans qui travaille au CCAS.
Les Niçois confient un sentiment d’insécurité. « On aimerait qu’il y ait davantage de patrouilles de police », lance Josiane. Une commerçante, qui souhaite garder l’anonymat, confirme qu’ »il peut y avoir des soucis parfois » tout en tempérant immédiatement: « Mais ce n’est pas Chicago tout de même! Nous allons voir pour nous organiser: pourquoi pas commencer par un groupe WhatsApp pour nous tenir informés entre commerçants de ce qu’il se passe. Et nous avons entendu parler, dans Nice-Matin d’ailleurs, du dispositif VigiCommerce de la Ville. On pourrait le mettre en place et rejoindre ce réseau de professionnels vigilants. »
S’il y a bien un sujet qui fait consensus – et qui est positif – c’est le commerce. Les habitants apprécient le fait « qu’il y a tout sur place. Pas besoin de prendre la voiture, on peut faire les courses dans le quartier », se réjouit Marie-Josée. « Et il y a de bons petits restos », ajoute Nicolas qui conseille les Tapas de Gaviota.
« L’avantage aussi c’est que cela favorise les échanges. Les gens se parlent le matin en prenant le café au bar ou à la terrasse de la boulangerie », note Josiane. Et Nicolas de conclure: « Il y a un tissu social intéressant à Cessole ».
« Plein de vie »
DR.
« Cessole est avant tout un quartier plein de vie », analyse Orlandi Bernardi, le président du comité de quartier. Il a créé il y a 3 ans, l’association Azur Oxalis « qui accompagne les personnes fragilisées, seniors ou endeuillés ». Parmi les points à surveiller, selon lui: « l’urbanisation. Il y a une chasse à la dent creuse qu’il faut cesser. » Il plaide aussi pour « davantage de végétalisation sur Cyrille-Besset » et « salue le travail de Jean-Marie, le cantonnier du quartier. C’est un homme très pro, agréable. Il est discret mais tout le monde le connaît et l’apprécie. » Lui aussi aimerait « davantage de police de proximité ».