Publié le
26 juil. 2025 à 7h32
Selon une étude publiée par l’assureur Leocare, l’évolution des cambriolages serait particulièrement importante en Gironde. Avec un taux de 8,7 vols par effraction pour 1 000 habitants en 2024, le département se place parmi les plus touchés de l’Hexagone, derrière les Bouches-du-Rhône et l’Isère. Du côté de Bordeaux, la commune de Pessac — un peu plus de 67 000 habitants — tente d’endiguer le fléau depuis 2017 en plaçant ses habitants au cœur du dispositif de vigilance. Ce programme d’État, nommé « Participation citoyenne, prévention des cambriolages », compte désormais 261 référents dans la ville. Parmi eux, Danielle a choisi de se porter volontaire pour sa rue, après un événement qui a marqué le voisinage.
Jeudi 8 mai 2025, les habitants de cette allée calme et résidentielle du quartier Cap de Bos à Pessac auraient pu aller chercher leur baguette de pain sans fermer leur portail, voire laisser la clé derrière le pot de fleurs et aérer la maison sans entrebâiller les volets… Les voisins se connaissent, se retrouvent et ont conscience de vivre dans un environnement privilégié. Jusqu’à la prise de conscience, l’événement déclencheur : un intrus dans une maison.
Une sécurité partagée
« Mon voisin était dans le garage, sa femme dans la cuisine et l’intrus a été retrouvé dans une chambre, relate Danielle. Ils ont crié »Au voleur ! ». L’homme était malin car il faisait du porte à porte en proposant ses services de lavage de voiture. » Garé, à l’extérieur, un complice l’attendait dans un véhicule de location au logo bien reconnaissable. « C’est traumatisant de voir quelqu’un chez soi », confie la quinquagénaire qui souhaite garder l’anonymat.
« Rejoindre le dispositif, c’est créer un lien et faire attention aux gens qui s’isolent et se renferment. »
Danielle
référente dans sa rue du dispositif Participation citoyenne, prévention des cambriolages
Si Danielle, par chance, n’a pas été victime de cambriolage, cet épisode lui a donné envie d’agir car, pour elle, « la sécurité est l’affaire de tous, c’est la force du collectif ». À son compte et souvent en télétravail, elle reconnaît avoir plus de temps à 57 ans qu’à 40 pour s’impliquer dans le dispositif.
Sa mission : organiser la transmission et la remontée aux forces de l’ordre de détails et mouvements suspects qu’elle recueille sur le terrain, notamment quand elle promène ses deux chiens. Pour devenir bénévole, pas besoin d’avoir un œil de lynx. Un groupe WhatsApp, tel que celui qu’elle partage avec ses voisins, est déjà un bon début. « Je suis la source d’information de la police municipale. J’ai préparé une fiche avec mes contacts (NDLR, ils sont au nombre de deux). Je peux écrire un mail et en cas d’urgences ou lors des jours fériés, j’appelle le 17 », explique Danielle.
Les voleurs ne vident plus les maisons
« En deux minutes, on peut être cambriolé », rappelle Stéphane Mari, adjoint aux proximités, mobilités, sécurité, espaces publics et voirie à la mairie de Pessac. À juste titre, l’élu souligne que les modes opératoires ont évolué : « Il y a quelques années de ça, lorsqu’une maison était ciblée, vous rentriez chez vous et il n’y avait plus rien. Or, aujourd’hui, on parle de phénomène d’appropriation immédiat. »
Les voleurs repartent avec quelques petits bijoux, une bouteille de parfum, de la monnaie déposée dans la pièce de vie, une tablette. « Ils ne vont plus s’emparer du téléviseur qui ne vaut plus rien, complète Stéphane Mari, mais ils vont plutôt aller directement dans la chambre ou la salle de bains, lieux où se trouvent souvent les objets qui ont le plus de valeurs. » L’idée : s’emparer d’un bien qui se glisse facilement dans un sac à dos ou dans une poche afin de passer inaperçu dans la rue.
Opération tranquillité absence
En parallèle, la ville de Pessac propose toute l’année un dispositif gratuit intitulé « Opération Tranquillité Absence », destiné aux habitants qui souhaitent faire surveiller leur domicile pendant leur absence. Pour en bénéficier, il suffit de remplir un formulaire, disponible au commissariat, à la police municipale ou en ligne sur le site de la Ville. Cet été, 1 100 logements sont inscrits sur le registre et bénéficient ainsi de rondes policières.
Voir tout
Si les objets volés ont évolué, l’élu ajoute que les profils ne sont pas toujours ceux que l’on imagine : « Généralement, ce sont des jeunes qui cambriolent, même des très jeunes de 12-13 ans. Des filles aussi, en majorité, car elles passent un peu plus inaperçues et sont très lestes. Elles savent aussi, je dirais, quand elles sont confrontées à quelqu’un en face d’elle, se défendre avec des mots. »
Danielle, référente dans sa rue du dispositif de vigilance entre voisins, a collé un sticker sur sa boîte aux lettres. (©Document transmis à actu Bordeaux)Un cercle vertueux
Si l’été est propice aux cambriolages, Stéphane Mari rappelle que la vigilance doit rester constante toute l’année, et particulièrement durant les périodes de vacances ou à Noël, lorsque les cadeaux sont parfois regroupés dans les voitures ou dans une seule pièce.
« Les référents portent la bonne parole tout au long de l’année dans leur secteur », précise-t-il, tout en soulignant l’importance de la proximité. « Plus on est un riverain immédiat, plus on remarque facilement une situation anormale à signaler à la police. » C’est en recoupant plusieurs petites informations que cette dernière « peut remonter des filières » et retrouver ainsi les cambrioleurs.
Lors du lancement du dispositif en 2017, Stéphane Mari précise que Pessac avait enregistré une baisse de 35 % des cambriolages. Un chiffre reparti à la hausse après la crise du Covid, avec des fluctuations marquées selon les quartiers, alternant phases de baisse et hausses ponctuelles. Actuellement, la ville compte 46 secteurs sous surveillance sur l’ensemble de son territoire.
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