La peur de l’avion: une phobie très répandue

Si tout s’est finalement, et heureusement, bien terminé pour les passagers du vol Paris-Nice, jeudi en début d’après-midi, sur les réseaux sociaux, les commentaires sur cet événement, ont fleuri en quelques heures. Et comme à chaque événement aéronautique, beaucoup d’internautes ont fait part de leur « peur panique de l’avion ».

20% de la population

Une aérophobie qui touche plus de 20% de la population selon un rapport de l’Association internationale du transport aérien (IATA) publié en 2023. C’est bien davantage que toutes les autres phobies. Avec des grades différents qui peuvent aller jusqu’à l’impossibilité de monter dans un avion. « Et typiquement ce genre d’événement, bien souvent surmédiatisé ne fait qu’alimenter cette angoisse chez les personnes qui y sont sujettes », commente Thierry Mathieu.

Pilote de ligne depuis trente ans, il a mis en place depuis trois ans des stages « pour maîtriser sa peur de l’avion grâce à une meilleure maîtrise intellectuelle de la sécurité aérienne et de la formation des équipages. Les gens ont besoin de savoir comment ça marche pour vaincre toutes leurs peurs. » Et depuis il a vu des dizaines de stagiaires défiler dans ses ateliers. Et certains sont repartis « libérés de ce poids ».

C’est le cas de Mélanie. Aviophobe sévère depuis un Nice-Paris qui s’est très mal passé avec beaucoup de turbulences et une météo catastrophique. « On a atterri tant bien que mal. Mais ça a été une heure trente d’enfer. Depuis j’ai développé des phobies à chaque fois que je m’approche d’un avion. Au cours des stages que j’ai suivi, j’ai compris que cette peur était essentiellement liée à une méconnaissance dans ce domaine. J’ai obtenu des réponses à mes questions et je vis beaucoup mieux les vols en avion. »

D’autres misent sur le simulateur de vol pour maîtriser leur peur. Dans les Alpes-Maritimes, Aviasim a lancé ses stages de 6 heures en 2012 (399 euros). Depuis, l’entreprise prospère. « On a des stagiaires chaque semaine avec des pics avant les vacances d’été, explique Céline Baudrand la directrice. On a une partie théorique où un instructeur répond à toutes les questions et une partie avec simulateur: c’est l’aspect pratique où on apprend aux stagiaires à se détendre. »

Face à cette peur panique difficilement contrôlable, il y a pourtant des données essentielles: l’avion reste statistiquement le moyen de transport le plus sûr. Selon les dernières données de l’Association internationale du transport aérien (Iata), il y a eu un accident tous les 880.000 vols en 2024, alors que la moyenne entre 2020 et 2024 était d’un accident tous les 810.000 vols,

« À chaque événement, je me dis que j’ai raison! »

« Peine perdue, réagit Thomas qui fait partie des angoissés sévères. Me rappeler que j’ai plus de risques d’avoir un accident de voiture que de mourir dans un crash d’avion, cela ne suffit pas à m’apaiser. Et je vous laisse imaginer mon stress dès qu’on parle de crash aérien à la télé. Et ce qui s’est passé jeudi à Nice ne me rassure pas non plus! »

Des événements qui n’échappent d’ailleurs jamais à ces angoissés de l’altitude. Bien au contraire, ils sont comme des aimants. « Je pense que ça me conforte dans ma phobie, confirme Thomas. En gros j’ai peur et j’ai raison, regardez ce qui s’est passé. ça fait encore monter d’un cran ma phobie. Jusqu’à me dissuader de prendre un billet… »

L’aéroport Nice Côte d’Azur mise sur la médiation animale: une première en France?

L’aéroport Nice Côte d’Azur prend aussi cette problématique de l’aérophobie à bras-le-corps. Fin mai, un test avec un chien antistress a été réalisé dans la zone d’embarquement auprès des passagers angoissés.

« Nous avions repéré une expérience similaire à l’aéroport de Skopje en Macédoine, explique la communication de l’aéroport. Et nous la trouvions très pertinente. Au même moment, Nathalie qui est spécialiste de la médiation animale nous a proposé ses services et nous avons donc mis en place cette expérience qui s’est avérée très concluante. Eko est venu en juillet et sera de retour en août pour aller à la rencontre des passagers angoissés de monter dans un avion. » Selon le site azuréen, ce serait d’ailleurs une première en France dans un aéroport.