La saga de l’été ! Les héritiers de Lisbonne

Par-delà le temps, deux femmes sont liées par une maison. Madalena vient de perdre son mari, avec l’assurance-vie qu’il lui a laissée elle acquiert dans le centre de Lisbonne une vieille bâtisse à la façade ornée d’azulejos qu’elle compte transformer en un hôtel de charme. L’acte de propriété à peine signé, elle explore son bien avec la plus grande gourmandise, arpente ses cinq étages quand, parmi de vieux meubles fatigués et des livres éparpillés au sol, jaillit un carnet à la couverture de cuir. Une écriture élégante, d’un autre temps, celle de Maria Barreiros. Un journal intime débuté en 1907. Maria est une jeune fille de la campagne venue à la ville pour éduquer les cinq enfants d’une riche famille, une fille et quatre garçons dont l’un, Vasco, souffre d’un handicap moteur. Dès lors, le lecteur se voit convié dans deux récits parallèles, dans la vie de deux femmes qu’un siècle sépare. La maison, personnage à part entière, est une passerelle jetée entre leurs deux destins. Si les murs pouvaient parler… Voici qu’ils parlent, dévoilant un à un des secrets anciens. Lisbonne enfin est le quatrième personnage de cette saga : nous nous perdons par ses rues escarpées, le cœur de la ville palpite, son architecture se dévoile mais aussi sa gastronomie, son histoire. L’immersion est entière. Comme un fado mélancolique, ce roman finement ourlé nous rappelle que nous ne faisons que passer dans des lieux qui eux nous survivront, et nous invite à creuser notre sillon dans ce monde tout en honorant la beauté du passé.

© Les héritiers de Lisbonne, Gabriel Blancard, Maison Pop, 380p, 19,95 euros

Le bonheur de l’instant, Encore 25 étés

Deux hommes que tout oppose se rencontrent sur la rive d’un lac de la campagne allemande. L’un, le narrateur, vit enfermé dans ce qu’il nomme son « bureau mental », encombré par ses obligations, l’autre, Karl, s’est délesté du futile pour vivre au cœur de la nature. « Quand j’ai le ciel au-dessus de la tête et le champ sous mes pieds, le monde est en ordre » proclame-t-il. Karl, marié à Johanna, invite l’autre homme dans sa ferme, là où il cultive la pomme de terre, mais aussi la sagesse dans une pièce emplie de livres. Chacun se raconte, se débarrasse de ses peaux mortes pour laisser affleurer l’essentiel. « En nous voyant comme ça tous les deux, je dirais qu’il doit bien nous rester vingt-cinq étés » murmure Karl. L’heure n’est-elle pas venue de profiter de l’instant… ?

© Encore 25 étés, Stefan Schäfer, traduit de l’allemand par Stéphanie Lux, Actes sud, 144p, 14,90 euros

L’éloge de la lenteur, Voir l’Italie en train

Y’a-t-il contrée plus majestueuse et envoûtante que notre voisine italienne, hormis la France bien sûr ? Jean-Baptiste Bonaventure, qui décidément porte bien son nom, nous conduit sur les voies ferrées transalpines pour 50 périples inoubliables. 16.000 kilomètres de rails à bord des derniers trains à vapeur ou des puissants Frecciarossa à la découverte de tant de trésors, de l’Italie des grands lacs aux voies du Sud que jalonnent Naples et les villes enfouies, Pompéi et Herculanum, en passant par les douceurs d’Ombrie et de Toscane ou les splendeurs de Rome. Entre guide et beau livre, Voir l’Italie en train, savamment documenté et richement illustré, est un merveilleux passeport.

© Voir l’Italie en train, de Jean-Baptiste Bonaventure, éd. Chêne, 336 p., 39,90 €.

La reine des reines, Le mystère Cléopâtre

Adossé à l’exposition Le mystère Cléopâtre proposée à l’Institut du monde arabe jusqu’au 11 janvier 2026, ce livre formidable explore sous toutes les coutures une reine légendaire, la toute dernière avant que l’Égypte ne tombe sous le joug romain. Une femme émancipée et puissante, résistant à toutes les oppressions. 27 contributeurs, 220 documents relatent une extraordinaire femme d’état mais aussi l’icône qu’elle est devenue au fil des siècles. N’inspire-t-elle pas les peintres italiens de la Renaissance puis les orientalistes du XIXème siècle avant de figurer dans l’art nouveau et l’art déco, d’investir au XXème siècle les studios d’Hollywood et de Cinecittà ? Combien d’actrices endossèrent la panoplie de cette reine de la pop culture, de Liz Taylor bien sûr à Monica Bellucci, Marion Cotillard en passant par Mimi Coutelier et même Judith Magre ? Le marketing, la mode, la bande dessinée s’en sont à leur tour donné à cœur joie. Un livre absolument royal !

© Le Mystère Cléopâtre, ouvrage collectif sous la direction de Claude Mollard, éd. Skira, 240 p., 29 €.

Secrets de famille, La statuette

Après s’être illustrée avec des best-sellers tels que L’île des oubliés, la britannique Victoria Hislop continue d’explorer la Grèce dont elle est d’ailleurs citoyenne d’honneur. Dans La statuette, Héléna, de père britannique et de mère grecque, découvre à la mort de ses grands-parents maternels que son grand-père a participé à la terrible dictature des colonels de 1967 à 1974 et a acquis de façon illégale des œuvres d’art. L’héroïne enquête sur ce lourd passé familial tout en s’éprenant de Nick qui l’entraîne dans le petit monde des fouilles archéologiques. L’histoire de la Grèce est abondamment détaillée, au risque parfois de ralentir le rythme de la narration.

© La statuette, Victoria Hislop, Le livre de poche, 712p, 10,90 euros