Par

Anthony Derestiat

Publié le

26 juil. 2025 à 8h00

Dimanche, sera diffusé sur France 5 (22 h 45) le documentaire Cambremer, le jardin intérieur de Simone Veil. Une mise en lumière rare de la maison normande de cette figure emblématique de la vie politique française, rendue possible par la caméra de Caroline Grimm. La réalisatrice présente un documentaire émouvant à tourner.

L’histoire entre Simone Veil et Cambremer est connue de tous localement, mais qu’en est-il à Paris ?

À Paris, on ne sait pas qu’elle avait sa maison ici. C’est drôle, car dans le film Simone, le voyage du siècle (réalisé en 2022 par Olivier Dahan), il y a quelques images de sa maison dans le Sud, mais rien à Cambremer. Pourtant, le cœur battant de Simone Veil était ici. D’ailleurs, son fameux témoignage de 1976 où elle raconte pour la première fois la Shoah au journaliste Jean-Émile Jeannesson a été tourné à Cambremer. On voit la maison en introduction.

La connaissiez-vous personnellement ? Et Cambremer ?

Je connaissais Simone Veil, mais comme tous les Français ! Et je ne connaissais pas si bien son histoire. J’ai appris beaucoup de choses. Je connais personnellement sa belle-fille, Barbara Veil. Même si la famille ne souhaitait pas intervenir dans le documentaire, ils ont été un soutien précieux. Je connais très bien la Normandie, mais plutôt le pays de Caux. J’ai donc découvert Cambremer pendant le tournage.

« L’équipe de tournage était investie par son esprit »

Justement, le tournage, comment s’est-il passé ?

J’ai eu une chance inouïe : avec mon équipe, on a pu dormir sur place pendant six jours et six nuits. Tout le monde était très motivé, c’est fou comme le nom de Simone Veil tire vers le haut. On était investis par son esprit, qui est encore très présent.

Qu’est-ce que cette longère normande a apporté à la femme politique, selon vous ?

C’était surtout sa maison de repos, de réflexion, où elle s’isole. La maison est cachée, protégée par la nature. Elle avait appris le Débarquement depuis les camps. Depuis, je crois qu’elle a toujours associé la Normandie à la liberté. C’est ici qu’elle s’est reconstruite progressivement. J’ai essayé de montrer ça dans le documentaire, de rendre le lieu vivant.

Quelle empreinte a-t-elle laissée dans la maison ?

Elle l’a complètement façonnée elle-même à son image, avec son mari Antoine. Quand ils l’ont achetée en 1964, c’était une vieille ferme à l’abandon. Elle a consacré tous ses week-ends à la retaper. Elle parlait de « redresser » cette maison, comme elle s’y redressait elle-même. Le propriétaire actuel a conservé pratiquement toutes les traces de son passage, l’équipe de l’émission a rarement vu ça.

« Les arbres ressemblent à des grands sages »

Quel endroit en particulier est « signé » Simone Veil ?

Elle a surtout façonné le jardin. Elle avait cette passion, car son père était botaniste. Ce qui m’a bouleversée en arrivant, c’est la petite forêt. Les arbres ressemblent à des grands sages qui protègent la maison. On arrive vraiment dans un endroit protégé, c’était son refuge. On comprend cette importance vitale pour elle quand on connaît son histoire. Elle y a planté ses racines, au sens propre comme au figuré.

Et pourtant, elle ne se cachait pas à Cambremer ! Elle était aussi connue pour aller chez les commerçants locaux, rencontrer les habitants… Qu’avez-vous ressenti dans les témoignages que vous avez reçus ?

Venir se réfugier ici n’avait pas grand-chose à voir avec la célébrité, car en 1964, elle était inconnue. J’ai vu que les gens de Cambremer n’éprouvent que de l’amour et de la sympathie pour Simone Veil. Tous ont loué sa simplicité. Elle aimait la compagnie, elle était très tournée vers les autres. Vous verrez dans le documentaire, Armelle Noppe, des Jardins du pays d’Auge, parle encore d’elle avec les larmes aux yeux !

Dimanche, à 22 h 45 sur France 5 et en replay sur france.tv. 26 min. 

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