Il s’agit d’une «amitié unique, qui dure depuis plusieurs siècles, défiant la géographie et les frontières», s’est félicité Youssef Amrani, l’ambassadeur du Maroc aux États-Unis, cité par Share America. Et si d’aucuns estiment que le Royaume ne figure pas parmi les priorités de Washington, les premières prises de position du Secrétaire d’État américain, Marco Rubio, dès son entrée en fonction, témoignent du contraire. Il a réaffirmé le soutien des États-Unis à la souveraineté du Maroc sur le Sahara, considérant l’initiative d’autonomie proposée par Rabat comme la seule base crédible et réaliste de solution, mettant fin à l’ambiguïté de l’Administration Biden. Sur le plan économique, les États-Unis comptent parmi les principaux investisseurs étrangers au Maroc, notamment dans les secteurs du phosphate et de l’industrie de défense. La coopération sécuritaire, elle aussi, s’intensifie à travers l’acquisition d’équipements militaires et l’organisation d’exercices conjoints, tels que «African Lion». Sur le plan politique, Washington soutient activement la cause nationale marocaine, en particulier à travers son rôle de penholder de la Résolution onusienne sur le Sahara. Un positionnement qui affirme que l’adhésion américaine à la position marocaine – réaffirmée au plus haut niveau de l’État – n’est ni conjoncturelle ni circonstancielle, selon Saïd Temsamani, analyste politique, qui note qu’elle s’inscrit dans une vision géostratégique où le Maroc est perçu comme un pilier de stabilité dans une région volatile, un acteur crédible qui offre des solutions réalistes et pragmatiques à des conflits gelés. Le soutien à l’initiative d’autonomie marocaine traduit une reconnaissance de la pertinence d’une approche marocaine qui conjugue paix, développement et respect des équilibres régionaux. Raison pour laquelle l’ancien ambassadeur américain au Maroc, David Fischer, a déclaré que «quand vous pensez aux relations entre le Maroc et les Etats-Unis d’Amérique, vous ne pouvez que constater qu’il ne peut y avoir de meilleures relations en Afrique et au Moyen-Orient». Dans une déclaration à MAP-Washington à l’occasion du 26ème anniversaire de l’intronisation de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Fischer a ajouté qu’il s’agit d’une relation «solide et durable, vouée à se renforcer encore plus dans l’avenir», ce qui augure d’une nouvelle ère dans les relations entre les deux pays.
Nouvelle vision américaine
Aujourd’hui, avec Trump de nouveau à la Maison Blanche, Washington veut préserver l’hégémonie américaine face aux nouvelles puissances émergentes, mais veut s’appuyer sur les alliés qu’ils jugent dignes de confiance. Le Maroc en fait partie. Dans cette perspective, Emmanuel Dupuy estime qu’il y aura forcément une accélération du partenariat maroco-américain sous Trump, qui pourrait faire appel à nouveau à l’ancien ambassadeur David Fisher, celui qui avait signé la carte intégrale du Royaume. Ce ne serait qu’un premier pas vers le parachèvement de l’ensemble des engagements de la Déclaration tripartite du 22 décembre 2020, en vertu de laquelle les Américains avaient promis un Consulat à Dakhla qui n’a pas encore vu le jour. Peu de temps avant son départ du département d’Etat en 2020, Mike Pompeo avait annoncé une antenne virtuelle. A présent, il serait difficile de sonder les intentions de Washington, mais les Américains sont si attachés aux accords d’Abraham, qu’ils veulent consolider et élargir, qu’ils ne peuvent pas se permettre de se soustraire de leurs engagements. «Les Etats-Unis profitent des accords d’Abraham pour réinventer leurs relations avec les pays signataires à titre bilatéral», rappelle Emmanuel Dupuy, qui n’exclut pas un renforcement de la coopération militaire dans un contexte d’accroissement des rivalités sino-américaines en Afrique.
Si le Royaume trouve grâce donc aux yeux de Washington, encore plus aujourd’hui sous le règne des Républicains, c’est parce qu’il y a le poids de l’Histoire et des intérêts partagés. (Voir article ci-contre).
Souhail AMRABI