À Paris, dans le quartier du Marais, persistent des ruelles pavées qui semblent murmurer des secrets d’une autre époque. Mais c’est rue Montmorency que cette impression prend une tout autre réalité… Une façade de pierre défie le temps depuis plus de six siècles. Mais que cachent vraiment ces pierres séculaires ? Derrière elles, c’est aussi l’histoire d’un homme qui se dessine. On pousse la porte ensemble ?

Certes, le numéro 51 de la rue Montmorency ne ressemble en rien aux immeubles haussmanniens qui ont transformé Paris à la fin du XIXe siècle, mais il n’a pas vraiment l’airair non plus d’une maison médiévale. Quel est donc son secret ?

Une inscription mystérieuse, précieux indice

Avant d’évoquer concrètement l’édification de cette maison unique au monde, place à cette inscription gravée dans la pierre qui en dit long sur le premier secret de cette bâtisse. Et pourtant, ce n’est qu’en 1900, pour l’Exposition universelle, que la rénovationrénovation du bâtiment a révélé cette phrase : « Nous homes et femes laboureurs demourans ou porcheporche de ceste maison qui fut faite en l’an de grâce mil quatre cens et sept somes tenus chascun en droit soy dire tous les jours une paternostre et un ave maria en priant Dieu que sa grâce face pardon aus povres pescheurs trespasses Amen. »

Cette inscription lève le voile sur la vocation originelle de la maison : Nicolas Flamel, le propriétaire, la fit construire après la mort de sa femme Pernelle, en 1397, afin d’accueillir des femmes et des hommes démunis, à condition qu’ils récitent chaque matin et soir des prières. Là où la légende a longtemps considéré Nicolas Flamel comme un alchimiste ayant percé le secret de la pierre philosophale qui transformait le métal en or, il n’en est pourtant rien…

Nicolas Flamel, mythe ou homme d’affaires éclairé ?

Né à Pontoise dans les années 1340, Nicolas Flamel était libraire de l’université de Paris, écrivain et copiste et vivait dans la capitale. Homme de la bourgeoisie, il devait en partie sa fortune à son mariage avec Dame Pernelle, veuve deux fois et fortunée. Si la légende en a fait un alchimiste, sa richesse s’explique bien plus par son esprit d’affaires que par ses expériences ésotériques.

Il se serait enrichi grâce à certaines spéculations immobilières pour lesquelles il était particulièrement doué, ce qui lui a permis de multiplier les constructionsconstructions dans les rues de Paris dont celle que nous connaissons aujourd’hui et qui porte fièrement son nom. Ironie du sort, Nicolas Flamel n’aurait jamais habité cette maison, préférant la consacrer aux plus modestes.

Ce personnage hors du commun continue de fasciner encore aujourd’hui. Pour preuve, J.K. Rowling a intégré Nicolas Flamel dans sa saga Harry Potter et, sans grande surprise, ce personnage est… un alchimiste français !

La doyenne des maisons parisiennes

C’est en 1407 qu’a été inaugurée la maison de Nicolas Flamel, construite après le décès de son épouse. Si la bâtisse du 3 rue Volta a longtemps été considérée comme étant la plus ancienne de la capitale en raison de ses colombages en boisbois, c’est finalement le vieil immeuble du 51 rue Montmorency qui a remporté la palme. Pourtant, la maison en pierre de taille ne ressemble pas vraiment à celles du Moyen Âge dont les structures sont traditionnellement en bois.

Aujourd’hui, on peut encore franchir le seuil de cette illustre demeure historique et y sentir vibrer le passé en réservant une table à L’Auberge de Nicolas Flamel, un restaurant acquis par le chef étoilé franco-libanais Alan Geaam qui vit également au premier étage.

Classée monument historique depuis 1911, la maison de Nicolas Flamel traverse les siècles en gardant intact son pouvoir symbolique. Sa façade cache encore de nombreux mystères : des motifs sculptés, souvent bibliques, usés par le temps mais toujours énigmatiques.

Entre légende et réalité, à vous désormais d’écouter les secrets que la plus vieille maison de Paris murmure encore à qui sait lui tendre l’oreille…