À la suite du procès devant le tribunal correctionnel de Lyon le 18 mars, Sofia Benlemmane, Franco-Algérienne quinquagénaire, a été déclarée ce mardi 15 avril coupable de « provocation publique à commettre un crime ou un délit », « menaces de mort par image » et « injure publique en raison de l’orientation sexuelle et de la religion ». Elle est condamnée à neuf mois d’emprisonnement avec sursis probatoire pour deux ans avec exécution provisoire, ainsi que 200 heures de travaux d’intérêt général à faire dans les 18 mois.

Le tribunal ordonne la suppression de ses comptes Facebook, X et TikTok pour six mois et l’interdiction de créer de nouveaux comptes. Elle devra verser 500 euros à chacune des quatre parties civiles.

 

« Bravo la justice française qui empêche les gens de s’exprimer  ! »

Après avoir écouté le délibéré, Sofia Benlemmane a applaudi la présidente en commentant la décision d’interdiction de 6 mois d’utiliser ses réseaux sociaux : « Bravo la justice française qui empêche les gens de s’exprimer ! » Une fois dans la salle des pas perdus, elle a poursuivi sa litanie, exprimant notamment des propos très durs envers l’écrivain Boualem Sansal : « Je suis contente qu’il ait été condamné, ils ont fait exprès d’attendre de connaître sa condamnation avant de me donner la mienne. C’est une décision politique. »

Des mots qui ont immédiatement attiré l’attention d’avocats et visiteurs présents aux abords de la salle d’audience. Sofia Benlemmane, sifflée et huée, a haussé le ton. Entre deux insultes, elle a notamment lancé : « Je suis antisioniste. » L’esclandre a été capté par la caméra du Progrès. La sécurité a finalement évacué l’influenceuse après un nouvelle bousculade.

À l’extérieur, Sofia Benlemmane s’est à nouveau exprimée : « Ce qui m’a mise hors de moi, c’est la suspension de mes réseaux sociaux. C’est bien plus grave pour moi que les neuf mois de prison avec sursis. J’aurais préféré partir six mois en prison dès maintenant. »

Propos haineux et menaçants

Le jeudi 9 janvier dernier, cette ancienne footballeuse du Caluire Sporting Club, suivie sur TikTok et Facebook par plus de 340 000 personnes, avait été placée en garde à vue.

Ce sont des signalements de lanceurs d’alerte qui avaient mis en lumière les prises de position de Sofia Benlemmane contre des opposants au régime algérien sur ses réseaux sociaux : des vidéos dans lesquelles elle s’en prenait notamment à une autre femme : « Nique ta race, toi et ta France, J’espère que tu seras tuée, j’espère qu’ils vont te tuer. »

Dénonçant des « propos particulièrement graves, n’ayant aucune place dans une démocratie », le procureur avait requis un an de prison avec sursis contre Sofia Benlemmane. À l’audience, elle avait affirmé que le mot « tuer » n’est qu’une « expression anodine » tout comme sa phrase « Au diable les juifs », sur TikTok.

Une précédente condamnation en 2001

Sofia Benlemmane avait déjà été condamnée par la justice il y a plus de vingt ans. En effet, le 6 octobre 2001, elle était la première personne à s’introduire sur la pelouse du Stade de France lors du match de football France-Algérie. Suivie par des dizaines de supporters algériens, son action avait provoqué l’arrêt définitif de la rencontre. Quelques semaines plus tard, le tribunal correctionnel de Bobigny l’avait condamnée à sept mois de prison avec sursis, 1 524 euros d’amende et trois ans d’interdiction de stade.