Le taulier Raphaël Carbou (32 ans) ayant tiré sa révérence sur un titre et une accession, la succession au poste de talonneur est ouverte entre Baptiste Moreno, Yan Tabarot et Ian Boubila. Prêté cette saison à l’US Carcassonne par le Stade Toulousain, ce dernier est néanmoins le seul des trois à connaître la Pro D2.

Avec 26 feuilles de matches en Top 14 sous les couleurs stadistes, sept la saison dernière en Pro D2 avec Provence Rugby, une sélection en U20 développement, deux titres de champion de France espoirs (2021 et 2023), à seulement 23 ans, Ian Boubila affiche un CV attractif. Formé dans l’un des meilleurs clubs, sinon le meilleur de la planète, le jeune Tarn-et-Garonnais, confronté très tôt à l’excellence et à la féroce concurrence à son poste des Peato Mauvaka, Julien et Guillaume Marchand, Guillaume Cramond ou encore Thomas Lacombre, semble même hermétique à toute pression.

« La concurrence, c’est ce qui tire vers le haut. Quand vous avez autour de vous les meilleurs joueurs du monde à chaque poste, ça vous pousse à vous élever et c’est un cercle vertueux. » Malgré tout on y arrive… « Ce sont des opportunités à saisir. Il faut se donner à fond et profiter de ces moments », glisse modestement le garçon au gabarit respectable (1 m 81, 110 kg).

De ses débuts à Nègrepelissse (2007-2012) à Toulouse (depuis 2017), en passant par Montauban (2012-2017), le trois quarts centre devenu numéro huit, puis talonneur à son arrivée au pôle espoir de Jolimont dans la ville rose, gravit tous les paliers jusqu’à la catégorie reine… Néanmoins, à 22 ans, les promotions entre la catégorie espoirs et le Top 14 promettent d’être rares. Alors plutôt que de végéter chez les jeunes, il est prêté à Provence Rugby.

« Le championnat espoirs est là pour aider à passer un cap. Après, c’est sûr que d’espoirs à Pro, c’est vraiment un gros cap. Si on n’arrive pas à le passer tout de suite comme certains joueurs ont pu le faire, il faut aller s’aguerrir dans d’autres clubs où on pourra jouer plus souvent. Je pense que c’est le bon choix. Pour moi, ça a été Provence Rugby en Pro D2… Même si ça a été un peu compliqué parce que je me suis blessé. »

Ce n’est pas la qualité qui manque

C’est donc un retour à Toulouse pour une opération d’un genou et le début de la rééducation. Le 22 juin dernier il est prêté à l’US Carcassonne : « Même si rien n’était fait, mon nom avait été annoncé à Colomiers assez tôt. Je ne sais pas d’où et comment c’est sorti. » Une deuxième saison consécutive donc en Pro D2 que le talonneur espère plus aboutie.

« Je n’ai pas eu la chance de jouer énormément de matches en Pro D2, mais pour en avoir joué quelques-uns et avoir vu les autres et leur intensité, c’est sûr que l’on peut se dire que là la Pro D2 est en train de prendre un niveau que l’on ne voyait pas il y a quelques années. Tout le monde se régale de regarder la Pro D2, il y a énormément de jeu. On a vu Montauban monter cette année alors que l’on ne s’y attendait pas du tout. Tout peut arriver. »

Depuis trois semaines qu’il a posé ses valises dans le chef-lieu audois, et s’active dans la préparation, Ian Boubila a déjà pris la température du club et de l’effectif. « J’ai eu la chance d’être très vite intégré au groupe. Alors, je connaissais déjà quelques mecs des équipes de jeunes de Toulouse (Ndlr : Thomas Agati, Nicolas Fenuafanote, Lukas Doyhenard, Nils Chalies…) et c’est vraiment chouette de les retrouver. L’USC est vraiment un club famille. C’est vraiment sympa d’arriver dans un club comme ça. À Provence, les moyens sont beaucoup plus élevés qu’à Carcassonne, mais ici, ce n’est pas la qualité qui manque à tous les niveaux. »

Emmerder les plus gros clubs

Il y a aussi une belle concurrence, notamment au poste de talonneur. « Bien sûr, mais c’est à nous aussi de choisir la concurrence que l’on veut. Je pense qu’on est tous dans le même état d’esprit. On va chacun donner le maximum. Les choix, ce n’est pas nous qui les ferons, ce sera le coach. »

En pleine première semaine de régénération, Ian Boubila évoque la reprise avec son nouveau club : « Une reprise, c’est toujours compliqué. En revanche quand on s’éclate sur le terrain, c’est toujours plus facile. Je viens d’arriver et j’ai vu la qualité des joueurs, surtout l’état d’esprit. Franchement, je ne me fais pas de souci. Je pense et j’espère que l’on va bien s’amuser et qu’on va un peu emmerder des plus gros clubs. »

Avec un premier bloc de six matches qui peut conditionner l’exercice (déplacements à Aurillac, Nevers, Mont-de-Marsan, réceptions d’Oyonnax et Agen). « On est d’accord que réaliser un bon premier bloc peut aider. Après, les premiers matches ne veulent rien dire. La Pro D2 est un championnat marathon. Il y a beaucoup de matches, la saison est longue, il peut arriver plein de choses. C’est sûr que l’on s’enlèverait une épine du pied à commencer par des victoires, mais ça ne fera pas tout. Il faut travailler dur tout le long de la saison. »