Culture. Pour cet été, un roman policier et un roman d’aventures tous les deux haletants : “Les maîtres du domaine” de Jo Nesbo et “Fendre l’azur” d’Agathe Portail.
• Jo Nesbo, « Les maîtres du domaine », éditions Gallimard série noire
Le dernier roman du créateur de l’inspecteur Harry Hole met en scène deux frères dont on avait déjà mesuré l’ambition sans bornes dans le précédent volume « Les Domaines ». Pas de souci : les premières pages en résument l’intrigue et le lecteur est lancé très vite dans l’action.
Tout se passe non loin d’Oslo dans une petite communauté rurale, «un lieu où la solidarité acharnée et une culture suffisante du racontar et de l’envie sont en parfait équilibre». Les deux frères Orgard ont une réputation sulfureuse : rien ne leur résiste et ils sont passés maîtres dans la pression psychologique et l’art du meurtre déguisé en accident. Carl, le type même du « mâle alpha », investit dans le tourisme avec un hôtel qu’il veut moderniser et agrandir. Roy, le cadet, narrateur de cette histoire est son homme de main mais contrairement à son frère, il est intelligent et instruit. Lui aussi envisage d’acheter un terrain de camping. Pourtant un projet de construction de tunnel peut mettre à mal tous ces beaux rêves car il suppose une déviation de la route nationale qui ne passerait plus par le village. Qu’à cela ne tienne, les deux hommes vont utiliser les moyens de persuasion qui ont prouvé jusque-là leur efficacité mais cette fois ils vont rencontrer une farouche résistance et la solidarité des frères va s’effilocher.
On retrouve avec plaisir l’art dont Jo Nesbo fait preuve pour dresser au vitriol la peinture d’un monde en circuit fermé qui dissimule toutes les formes de perversité, un monde de vices et de turpitudes auquel peu de personnes échappent.
“Fendre l’azur », Agathe Portail, éditions Actes Sud
Agathe Portail est aussi une auteure de romans policiers mais elle écrit ici un roman d’aventures. Elle y utilise habilement sa science du suspense et du romanesque pour croiser le destin de trois personnages qui ont en commun de vivre des situations très difficiles.
Anthony qui vit dans le sud-ouest de la France est un pilote de chasse expérimenté. Un vol de grues qui heurte son Rafale lors d’un vol d’entraînement va changer sa vie : il est blessé, a perdu un œil et ne peut plus voler. Or il n’aime que voler, ne sait que voler et sombre dans la dépression. Le hasard le fait rencontrer un éleveur de faucons, ce roi de l’azur qui vole à la perfection.
Roxane est aussi originaire du Sud-Ouest. Elle a vécu une enfance difficile avec une mère abusive. Elle est devenue une artiste excentrique qui présente des performances extrêmes où elle s’exhibe couverte de dépouilles d’animaux. Un oligarque russe la repère et lui propose de le suivre en Mongolie où elle trouvera un public de chasseurs pour ses prestations. Une fois arrivée sur les lieux, où se trouvent des faucons utilisés pour la chasse, elle réalise qu’elle est tombée dans un piège.
Amaka et sa famille vivent dans les steppes mongoles en élevant des troupeaux, c’est la fin de l’hiver le printemps tarde, le froid, le manque de nourriture, son mari malade, la mettent dans une situation inextricable. Elle va devoir seule s’occuper du troupeau, de son fils qui est petit, organiser la transhumance vers des pâturages verdoyants sans oublier le faucon dressé par son mari.
Tous trois vont devoir lutter contre les éléments, leurs passés, leurs désirs contrariés et être confrontés à la nature, la vie sauvage, le besoin d’amour et d’amitié.
De notre correspondante Françoise Ramillon