Fabio Quartararo, mi-2024, a prolongé son contrat de
deux ans avec Yamaha en MotoGP. Une décision controversée, qui, de
tout évidence, prouvait l’attachement du Français envers le
constructeur nippon. Justement, après une première moitié de saison
en 2025, où en est-il ? La mayonnaise prend-elle ?
Analyse.

 

Des bonnes performances de Quartararo en MotoGP…

 

Je vais rapidement mettre fin au suspense : oui, je pense
que Fabio Quartararo a fait un bon début d’année. Pas un très bon,
comme je vais l’expliquer un peu après, mais au moins un solide.
D’abord, comment qualifier de ratée une saison marquée de
quatre pole positions ?
En qualifications, Quartararo
est toujours aussi fort. Cet exercice, en général, est assez
révélateur du niveau d’un pilote car la différence de matériel est
atténuée sur un seul tour. « El Diablo » est le premier à
reconnaître que la Yamaha YZR-M1 se défend bien sur une boucle,
mais qu’elle a du mal à suivre ou dépasser d’autres machine durant
les courses, notamment à cause d’un apparent déficit de moteur.

 

Quartararo MotoGP

À Brno,
il a encore été exceptionnels en qualifications. Photo : Michelin
Motorsport

 

Quand on observe les résultats de Quartararo et qu’on les
compare avec ceux de ses coéquipiers que sont, tout de même, Alex
Rins, Jack Miller et Miguel Oliveira, on ne peut pas dire qu’il
s’est totalement raté. D’ailleurs, la réalité statistique appuie
cette analyse : Quartararo a déjà marqué presque
autant de points en douze courses (102) qu’au cours de la saison
passée (113)
. Il pointe 9e du classement général, alors
que Miller, le deuxième pilote Yamaha, n’est que 14e . La
différence est abyssale.

 

… mais dans le vide

 

À la fin de la saison 2023, celle que Fabio Quartararo a décrit
comme l’un de ses plus mauvais souvenirs en MotoGP, le Français se félicitait tout de même d’une
chose : il avait saisi toutes les opportunités qui s’étaient
offert à lui. Il y avait eu cette troisième place surprise aux
États-Unis, ce podium arraché dans les derniers instants en
Indonésie et une course très solide en Inde, un nouveau circuit.
Trois occasions, trois podiums, un modèle
d’efficacité
.

Certes, il n’avait terminé que 10e au classement général, mais
il était bien plus létal qu’en 2025. C’est exactement l’inverse qui
s’est produit jusqu’à maintenant, et, malheureusement, ça lui coûte
énormément de points. Quartararo a eu pas mal d’occasions, mais
elles ont, pour la plupart, été gâchées : il perd la victoire
face à plus fort que lui à Jerez, mais en l’absence de Marc
Marquez et devant un Pecco Bagnaia très mal à l’aise
. Il
chute au Mans, après avoir fait la pole, et n’a pas mis à profit
son flair pour sortir vainqueur dans des conditions très ouvertes.
À Silverstone, il menait la course
et allait s’imposer, mais cette fois, sa Yamaha l’a
trahi
. Aux Pays-Bas, il n’a pas pu résister au rythme
de course infernal suite à un départ moyen. Il n’a jamais pu
briller lorsque tout semblait aller en son sens, et ce,
même sur des tracés jugés favorables à la Yamaha
(Silverstone, Assen, Jerez).

C’est pour cette raison que je ne peux pas qualifier son début
de saison de très bon. Il a manqué d’efficacité, et
j’inclus Yamaha dedans également, car une
défaillance lui coûte littéralement la victoire en Angleterre.
Ainsi, partant de ce principe, je trouve que ses performances n’ont
pas vraiment de but, elles ne m’impressionnent pas plus que ça. Je
connais son talent, je sais qu’il est capable d’aller vite sur un
tour. Et après ? N’est-il pas l’un des meilleurs pilotes de
l’histoire moderne ? N’est-il pas l’un des meilleurs
pilotes de l’histoire tout court sur un tour ?

Finalement, ces prouesses en qualifications sont un peu réalisées
dans le vide, et on sent bien, à la lecture de ses propos après les
épreuves, que c’est particulièrement frustrant.

 

Quartararo MotoGP

Quartararo dit qu’il manque de la puissance, une plainte qui court
depuis plusieurs années. Photo : Michelin Motorsport

 

A-t-il eu raison ?

 

Ne nous enflammons pas, il a encore une autre moitié de saison
et des tracés qu’il adore au programme. Je pense à
Mandalika, à Misano et à
Sepang, notamment. Cependant, je pense que nous
pouvons déjà tirer un petit bilan de ces douze premiers GP, en les
regardant avec le prisme de la prolongation de contrat finalisée
mi-2024. Était-ce un bon choix ? Pour information, j’ai déjà répondu
partiellement à cette question dans un précédent article, que je
vous invite à retrouver en cliquant ici.

À l’époque, j’avais été très critique de cette décision qui,
d’après moi, ne faisait aucun sens sur le plan sportif. Aprilia,
l’autre alternative, me paraissait plus alléchante. Résultat des
courses : ironiquement, c’est une panne de la Yamaha, symbole
de fiabilité, d’héritage et de savoir-faire qui laisse la deuxième
victoire non Ducati à Aprilia en 2025. Je pense effectivement qu’à
la place de Marco Bezzecchi, Fabio Quartararo serait actuellement
en train de briller, de gagner des courses, et, peut-être, de
disputer la deuxième place du classement général
Marc Marquez étant intouchable.

Ceci dit, vous allez me dire qu’il a aussi signé pour le projet,
et peut-être pas pour des victoires immédiates. Penchons-nous donc
sur ce fameux « retour de Yamaha » qu’on
me vend depuis mi-2022. Personnellement, je trouve que ça stagne.
D’accord, la YZR-M1 millésime 2025 est plus performante, mais il ne
faut pas oublier qu’en comparaison des autres constructeurs,
Yamaha peut encore développer librement le moteur en raison
de son rang de concessions
. Aprilia, en comparaison, est
bloqué avec le même moulin pendant deux ans, et a réussi à faire
mieux malgré l’absence prolongé de Jorge Martin, d’une part, et la
blessure d’Ai Ogura, de l’autre. Individuellement, Yamaha est
mieux, mais quand on rapporte les progrès au reste de la
compétition, le verdict est sans appel : la firme aux
diapasons est dernière du classement constructeurs, peu aidée par
l’équipe satellite, dernière du classement équipes.

Alors, oui, il y a ce projet de V4 dont on parle en boucle
depuis cet hiver. Mais je ne comprends pas trop : le
quatre en ligne est-il vraiment responsable de tous les problèmes
de Yamaha ?
N’est-ce pas étrange d’investir autant de
temps et d’argent dans un nouveau moteur à un an et demi d’un
changement de réglementation ? On imagine qu’il faudra repartir de
zéro en conditions de course, ce qui laisse présager une année 2026
floue au possible.

Enfin, ce ne sont ici que des suppositions et de l’uchronie. En
attendant, je suis curieux de savoir ce que vous avez pensé du
début de saison de Fabio Quartararo. Dites-le-moi en
commentaires !

Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur,
et pas de l’entièreté de la rédaction.

 

Fabio
Quartararo prend du temps pour Yamaha. Cela en vaut-il la peine ?
Photo : Michelin Motorsport

 

Photo de couverture : Michelin Motorsport