Dans l’univers des
rencontres en ligne, les hommes
semblent viser très haut… mais la réalité les ramène souvent à des
choix plus modestes. Une étude récente dévoile un décalage net entre les
intentions initiales des utilisateurs et les matchs réels,
suggérant que le rejet joue un rôle plus déterminant que
l’attirance.

Derrière l’écran, une
hiérarchie de désirabilité

Des chercheurs ont analysé les
comportements de plus de 2 600 utilisateurs hétérosexuels d’une
application de rencontres en République tchèque, en se basant sur
les « swipes » (manifestations d’intérêt). Grâce à cette
cartographie numérique, ils ont pu établir une hiérarchie implicite
de désirabilité, mesurée par le nombre de fois qu’un profil est
liké.

Premier constat : les hommes
expriment massivement leur intérêt pour des femmes plus désirables
qu’eux, tandis que les femmes se montrent plus sélectives,
s’intéressant principalement à des profils situés à un niveau
similaire, voire légèrement inférieur. Mais ces préférences
déclarées ne se traduisent pas directement en matchs.

Les matchs suivent la logique
du rejet, pas de l’attirance

Les « swipes »
réciproques – c’est-à-dire les matchs – ne valident pas ces désirs
initiaux. Ils apparaissent principalement entre individus ayant une
désirabilité perçue similaire. Ce n’est pas la recherche de la
compatibilité qui produit cette homogamie, mais le filtre du rejet
: les femmes les plus désirables reçoivent un grand nombre de
sollicitations, qu’elles filtrent sévèrement. Les hommes qui
visaient plus haut se retrouvent ainsi, en bout de course, à
matcher avec des profils plus proches du leur.

Autrement dit, ce n’est pas la
préférence pour la ressemblance qui domine, mais le tri progressif
imposé par les refus répétés. Et comme le rapport hommes-femmes est
largement déséquilibré en faveur des hommes sur l’application, ces
derniers jouent souvent le rôle de poursuivants, tandis que les
femmes détiennent un pouvoir de choix accru.

rencontres en ligne hommes femmes

Crédit :
iStock

Crédits : Crédits :Tero Vesalainen/istockUne explication
évolutionniste à ces comportements

Si ce schéma semble
déséquilibré, il fait pourtant écho à des stratégies reproductives
profondément ancrées dans l’évolution humaine. Du point de vue de
la biologie évolutive, les différences de comportement entre les
sexes ne sont pas nouvelles : elles seraient liées aux coûts
différents de la reproduction.

Pour une femme, chaque
grossesse représente un investissement physiologique et temporel
considérable. La stratégie optimale, dans ce cadre, serait donc de
privilégier la qualité plutôt que la quantité : sélectionner un
partenaire qui maximise les chances de survie et de succès de la
descendance. D’où une plus grande sélectivité.

Chez les hommes, au contraire,
la reproduction est moins coûteuse sur le plan biologique. La
stratégie évolutivement avantageuse serait donc de maximiser le
nombre de partenaires potentielles, pour augmenter les chances de
transmettre ses gènes. Ce qui pourrait expliquer la tendance à
« viser haut » et à « viser large » observée
dans l’étude.

Bien sûr, les comportements
humains ne se réduisent pas à la biologie. La culture, la
technologie et les normes sociales jouent un rôle énorme. Mais ces
biais inconscients issus de notre héritage évolutif pourraient
continuer à influencer nos décisions – même sur des applications
modernes, à coups de gestes aussi simples qu’un swipe.

Une réalité loin des
fantasmes numériques

La promesse des applis de
rencontre est simple : ouvrir l’horizon amoureux. Mais cette étude
montre que la sélection naturelle – ou sociale – reste bien
présente. Malgré une apparente liberté de choix, les utilisateurs
se retrouvent piégés dans des dynamiques de rareté, de hiérarchie
et de concurrence, où les intentions sont vite rattrapées par les
mécanismes de tri collectif.

Et ce sont les femmes qui,
statistiquement, orientent le jeu. Leur rareté relative et leur
position de « choisisseuses » façonnent les
correspondances finales. Au bout du compte, les aspirations sont
rééquilibrées par la réalité du marché amoureux numérique, où l’on
ne sort que rarement de sa ligue, malgré tous les espoirs.