Connu pour ses rôles dans « Top Gun », « Batman Forever » et « The Doors », Val Kilmer s’est éteint, mardi 1ᵉʳ avril, à l’âge de 65 ans, des suites d’une pneumonie.En 1995, il a campé le personnage de Chris Shiherlis, un braqueur dans le polar culte « Heat » de Michael Mann, aux côtés d’Al Pacino et Robert De Niro.Sa performance dans la scène de la fusillade a même servi à l’initiation des futurs soldats américains.

N’ayons pas peur des mots : avec Heat (nouvelle fenêtre), son polar culte sorti en 1996 en France, Michael Mann a marqué durablement une époque. Et plus largement le 7ᵉ art. Trois décennies plus tard, ce classique hollywoodien, face-à-face d’anthologie entre Al Pacino (nouvelle fenêtre) et Robert De Niro (nouvelle fenêtre), réunis pour la première fois à l’écran, demeure la référence incontestable du heist movie. « Je suis dans l’un des plus grands films de flics et de braqueurs de l’histoire du cinéma », se vantait en 2017 sur la plateforme Reddit (nouvelle fenêtre) Val Kilmer, disparu mardi 1ᵉʳ avril (nouvelle fenêtre), à l’âge de 65 ans, des suites d’une pneumonie. « Je suis sur l’affiche, bon sang. Quel honneur ! Une expérience inestimable. (…) J’ai adoré chaque minute. »

Acclamé par le public et la presse, ce long-métrage de 170 minutes regorge d’une multitude de scènes mémorables. Parmi celles qui viennent à l’esprit, il y a la séquence du café (nouvelle fenêtre). Cette scène mythifiée, entièrement improvisée, confronte Vincent Hanna, un lieutenant de police névrosé, incarné par Al Pacino, et Neil McCauley, un braqueur de banque qu’il cherche à mettre sous les verrous, joué par Robert De Niro.

Une fusillade en immersion

Mais ce duel de géants est éclipsé par un autre moment, de pure action cette fois : la fusillade, de jour, dans les rues de Los Angeles. D’un réalisme jamais vu, aussi violent que saisissant, celle-ci se déroule après l’ultime braquage perpétré par Neil McCauley et ses complices. L’équipe de braqueurs sort de la banque lorsqu’elle est cueillie par la police. Val Kilmer, qui campe le personnage de Chris Shiherlis, engage alors la puissance de feu. S’en suit une confrontation assourdissante qui tourne à l’effusion de sang. 

Une immersion ultraréaliste parfaitement maîtrisée par le réalisateur du Dernier des Mohicans (nouvelle fenêtre). Pour travailler sur cette séquence, il soumet ses acteurs à un entraînement de trois mois. Trois mois passés à s’initier notamment au maniement des armes, sous la supervision d’Andy McNab, un ancien membre du Special Air Service (SAS), une unité de forces spéciales de l’armée britannique, et de Mick Gould, un ex-instructeur du SAS spécialiste du combat rapproché.

Sur le tournage, Michael Mann pousse le réalisme à son paroxysme. Alors qu’est prévu l’ajout de coups de feu en post-production, le producteur de la série Deux Flics à Miami (nouvelle fenêtre) enregistre directement le son brut pour que sa fusillade épique ne ressemble à aucune autre déjà entendue.

Si vous ne pouvez pas recharger aussi vite que cet acteur, dégagez de l’armée !

Val Kilmer, dans le making-of de « Heat »

Applaudie pour sa justesse tactique, cette scène épique a fini par être utilisée comme un support d’entraînement pour des soldats. En 2002, le corps des Marines de San Diego s’en est servi pour enseigner à ses recrues la bonne manière de se retirer efficacement sous le feu ennemi, tirer et recharger une arme, prenant exemple sur Val Kilmer, étonnant de précision et de rapidité dans l’exercice.

Dans le making-of (nouvelle fenêtre) de Heat, l’interprète de l’éternel Iceman dans la saga Top Gun (nouvelle fenêtre) a raconté avoir entendu des instructeurs dire aux nouveaux conscrits : « Si vous ne pouvez pas changer de chargeur aussi vite que cet acteur, dégagez de l’armée ! » En 2007, l’extrait a aussi été montré aux cadets de l’Académie royale militaire de Sandhurst pour les initier aux manœuvres de tir et de retraite dans une zone de guerre.

Œuvre culte, l’influence de Heat imprègne la société par tous les pores. Pour le meilleur, avec des long-métrages (The Dark Knight, The Town…) et des jeux vidéos (Grand Theft Auto, Payday…) qui ne cachent pas leur inspiration. Mais aussi pour le pire, comme avec le braqueur multirécidiviste Rédoine Faïd, qui qualifiait en 2009 de « référence absolue du grand banditisme » l’œuvre de Michael Mann, qu’il considérait « comme son conseiller technique, son prof de fac, une sorte de mentor ». Une fascination extrême qui l’avait poussée, comme dans le film, à porter un masque de hockeyeur pour sa première attaque de convoyeurs. « Quand on est voleur, on regarde plus facilement des films de gangsters que Pretty Woman », racontait-il sur LCI. « C’est un mode d’emploi. »

Yohan ROBLIN