Après deux années de prêt à Nevers, Arthur Mathiron dit se sentir prêt à jouer en Top 14 avec le Lou. Il se confie sur son évolution en tant que joueur et en tant qu’homme, tout en évoquant sa préparation physique pour cet été dans un contexte particulier.
Qu’est-ce que cela vous fait de retrouver Lyon après votre prêt de deux ans à Nevers ?
Ça m’a fait bizarre parce que quand je suis parti, les infrastructures n’étaient pas les mêmes. Aujourd’hui, il y a des infrastructures de fou ! Quand j’étais à Lyon, j’étais aussi beaucoup avec les Espoirs et maintenant, je suis dans le groupe pro à 100 % donc ce n’est pas la même approche. Je suis très content parce que je retrouve des mecs avec qui j’étais en Espoirs et j’ai plusieurs potes dans le groupe. Je suis super content de revenir.
Si vous deviez comparer le Arthur Mathiron d’il y a deux ans et celui d’aujourd’hui. Qu’est-ce qui a changé ?
J’ai l’impression que quand je suis parti, j’étais encore un gamin. J’étais beaucoup plus insouciant que je ne le suis maintenant. J’ai pris beaucoup en maturité en allant à Nevers.
Avec le recul, ces deux années à Nevers étaient-elles nécessaires ?
Oui, je ne les regrette pas du tout. Je suis satisfait à 100 % de les avoir faites. Entre la première et la deuxième, j’ai hésité à revenir à Lyon mais je pense que j’ai pris la bonne décision en restant. J’ai connu deux saisons différentes avec beaucoup de temps de jeu (24 matchs par saison, NDLR). C’est ce qui m’a fait grandir en tant qu’homme et en tant que joueur. Quand j’y suis arrivé, je ne jouais pas forcément le même poste que maintenant, j’ai pu y trouver de la polyvalence.
Pourquoi avez-vous hésité à revenir dès la première saison ?
Il y a eu un dialogue entre les entraîneurs de Nevers, de Lyon et moi. Pour le Lou, ce n’était pas une priorité que je revienne à ce moment-là mais si j’en avais eu l’envie, j’aurais pu. En réfléchissant et en parlant à mon entourage, j’en ai conclu que la meilleure solution pour moi, c’était de rester un an de plus en Pro D2.
Au final, cela a été dur de quitter Nevers ?
Oui, il y a eu des « au revoir » difficiles. D’une parce que les résultats qu’on avait n’étaient pas ceux qu’on espérait en début de saison. L’année où je suis arrivé, on a loupé la qualification pour la phase finale d’un point. On pensait pouvoir se qualifier l’année d’après mais on a finalement parlé de maintien lors d’une saison très compliquée. C’est une fierté d’avoir maintenu le club mais en étant à Nevers, on ne peut pas se satisfaire de cela. Le départ a aussi été difficile parce que j’ai vécu à Nevers mes premiers matchs en professionnel, mon premier stade pro. Je me suis lié d’amitié avec beaucoup de mecs et ça fait du mal de quitter ses amis. Mais je reste en contact avec eux.
Arthur Mathiron a vécu deux saisons pleines à Nevers
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Vous vous sentez prêt à porter le maillot du Lou ?
Si je suis revenu, c’est parce que j’avais envie de tenter le projet. Il me reste un an de contrat à Lyon donc j’ai envie de me lancer à 100 %. J’avais ce goût d’inachevé en partant il y a deux ans, en me disant que je n’avais pas su saisir des opportunités. Mais je suis un joueur différent, je viens après mes deux années de Pro D2 et je sais qu’il me reste encore beaucoup de travail à faire. J’essaye d’être le plus sérieux, le plus appliqué et de prendre soin de moi. Je sais que ça va être un gros défi cette année mais c’est un challenge qui me plaît et je vais tout donner.
Alors que vous sembliez plus être un centre lors de vos débuts, vous avez pris l’habitude d’évoluer à l’aile. Qu’en est-il ?
Quand je suis parti de Lyon, je me considérais plus comme un 12, voire un 10. Et à Nevers je me suis rendu compte qu’au début je jouais un peu 13 et qu’au final, j’ai glissé complètement à l’aile. C’est un poste que j’ai découvert et que j’ai appris à aimer. J’ai dû travailler parce que les attendus du poste ne sont pas les mêmes. C’est un poste qui me plaît et j’ai cette polyvalence pour jouer centre.
Aimeriez-vous revenir au milieu du terrain ?
J’adore les deux postes mais je suis plus à l’aise en ce moment à l’aile. Je ne me ferme pas la porte pour jouer centre parce que c’est mon poste de prédilection depuis que je suis petit. Je n’ai pas de préférence.
Physiquement, avez-vous dû changer pour vous adapter ?
Forcément, j’ai dû travailler sur l’explosivité et la vitesse. Pour être un ailier, il faut courir assez vite, avoir des qualités athlétiques différentes avec des changements d’appuis qui ne sont pas les mêmes que quand tu es au centre. J’ai perdu deux ou trois kilos et c’est quelque chose qui m’a fait du bien pour l’enchaînement de tâches, avoir des courses un peu plus longues… Je me sens beaucoup mieux maintenant. Le truc où je me suis focalisé, c’est surtout le jeu aérien. J’ai bossé avec une prof d’athlétisme cet été pour peaufiner la technique de course, la reprise d’appuis, les changements d’allures, etc.
Vous avez donc profité de vos vacances pour continuer de travailler ?
La saison avec Nevers s’est arrêtée le 16 mai et j’ai repris avec Lyon le 15 juillet. J’ai donc eu quasiment deux mois de vacances alors que normalement, c’est quatre semaines ! Je me suis laissé le temps de récupérer, de profiter avec ma copine et mes amis mais je me suis dit que si je coupais vraiment et que je me laissais aller pendant deux mois, ça allait être compliqué de revenir. J’ai su prendre du temps pour moi mais aussi m’entraîner tout seul pour arriver prêt et pas à la ramasse. Cette période est un peu compliquée parce que tu rentres chez tes parents, tu vois ta famille et tu es tout le temps à droite, à gauche. Quand ça dure quatre semaines, tu profites, mais pendant deux mois, ce n’est pas la même planification.
Les préparateurs de Lyon ne vous ont-ils pas fourni un programme ?
Si bien sûr, on a eu un planning. Mais quand j’ai arrêté avec Nevers, il restait aux Lyonnais environ un mois de compétition. Quand j’ai eu le préparateur physique de Lyon, il avait commencé à préparer le programme mais il n’allait l’envoyer qu’à partir du moment où les joueurs allaient être en vacances.
Changeons de sujet. Vous faites partie de la génération U20 championne du monde en 2023. Parmi les joueurs présents comme vous, plusieurs sont déjà internationaux (Auradou, Tuilagi, Nouchi, Jegou, Gazzotti, Jauneau, Attissogbe, Depoortere) et la majorité est déjà installée en Top 14. Considérez-vous que vous êtes un de ceux qui ont préféré prendre leur temps ?
Oui, je pense que ça a été nécessaire pour moi. Certes, nous avions une génération dorée, surtout quand tu regardes le XV titulaire de la finale. Mais jouer directement en Top 14, ça aurait été me brûler les ailes et ça ne m’aurait pas réussi. J’avais besoin de ces deux années de développement pour que je puisse arriver dans les meilleures conditions en Top 14. C’est peut-être aussi à Nevers que je me suis trouvé, notamment au niveau de mon poste. C’était beaucoup trop tôt pour moi il y a deux ans. Ou en tout cas, je ne pouvais pas prétendre performer et durer dans le temps.
Arthur Mathiron a été champion du monde avec les U20 en 2023 avec Paul Costes, Théo Attissogbe et Léo Drouet
Steve Haag / Icon Sport – Steve Haag / Icon Sport
Quel regard portez-vous sur le Lou et sur la saison à venir ?
C’est une bête blessée. J’arrive dans un groupe où ça parle de la finale de Challenge Cup perdue et de la fin du Top 14 qui a été délicate. Tu sens qu’il y a de la frustration et que le groupe veut faire mieux. Il y a de l’ambition. Le Lou n’a pas sa place dans le bas du classement de Top 14.
Le recrutement du Lou, surtout derrière, montre-t-il une volonté de pratiquer un jeu très offensif ?
C’est un peu la philosophie du club, qui veut amener beaucoup de vitesse. De ce qu’on voit pour l’instant, c’est un jeu qui va me plaire. Ce n’est pas une équipe qui refuse de jouer dans ses cinquante mètres et qui n’utilise que ses avants. C’est une équipe où on peut prendre beaucoup de plaisir si le projet marche.
La pelouse du Matmut Gerland est synthétique. Est-ce quelque chose de positif ou négatif pour vous ?
Ce n’est pas quelque chose qui va me déranger. En Pro D2, j’ai connu des terrains en herbe de novembre à avril… Des synthétiques, il y en a de plus en plus et ça dynamise le jeu. Les matchs sur cette surface sont les matchs où il y a le plus de temps de jeu effectif et où les records de vitesse sont battus. J’en suis plutôt content. Le synthétique de Gerland est en plus incroyable.
Avez-vous un objectif de matchs ou d’essais pour la saison ?
Je ne suis pas quelqu’un qui se dit : « je dois marquer tant d’essais ». J’espère jouer le plus de matchs possible et me régaler surtout. C’est quelque chose que j’avais un peu perdu à un moment à Nevers, où je sortais des matchs frustré. Je veux être heureux en sortant du terrain. Je sais qu’au début, ça risque d’être compliqué de beaucoup jouer parce qu’il y a pas mal de concurrence. Ce sera à moi de bien bosser et d’être bon quand j’aurai les opportunités.
Il y a par contre une mauvaise nouvelle pour vous…
Laquelle ?
Cette saison, vous ne jouerez pas contre Brive, club contre qui vous avez marqué cinq essais en trois matchs !
Oui, je crois que c’est l’équipe qui m’a le mieux réussi mais c’est peut-être le hasard ! En plus, lors de ma première année à Nevers, c’est contre eux que j’ai inscrit mon premier essai en Pro D2.