Par Matthieu Le Gall
Après quatre mois de discrètes négociations, Bruxelles et Washington n’ont jamais été aussi prêts, dit-on, d’un accord commercial. À quelques jours du 1er août, date à laquelle Donald Trump menace d’infliger 30 % de surtaxes à tout partenaire n’ayant pas encore topé avec son administration, Ursula von der Leyen se rend en Écosse ce dimanche, à Turnberry, où l’Américain possède un parcours de golf. Et soyons sûrs, le face-à-face ne sera pas en faveur de l’Allemande, malgré les 450 millions de consommateurs européens dans la balance.
Nous n’avons tout simplement pas les moyens de mener une guerre commerciale avec les États-Unis, notre premier partenaire, avec lequel nous avons échangé 1.680 milliards d’euros de biens et services en 2024. Si les tarifs douaniers appliqués aux marchandises européennes vendues outre-Atlantique atteignent 15 %, comme c’est désormais le cas pour le Japon, les marchés applaudiront : c’est deux fois moins que les 30 % brandis par Donald Trump. Mais en réalité, c’est 10 points de plus que les 4,8 % pratiqués jusqu’au virage protectionniste du Républicain ! Le deal, pour des Vingt-sept désunis aux intérêts divergents, est plus qu’injuste. Il n’est en outre pas question d’appliquer, pour l’instant, de surtaxes miroir. Il ne faudrait pas froisser la Maison-Blanche.
L’asymétrie de la relation transatlantique est d’ailleurs très bien comprise par le géant français du luxe LVMH ou le constructeur allemand Volkswagen. Sans attendre un accord, ils se sont rués à Washington pour promettre des investissements et déménager une partie de leur production aux USA.