Le « Red Eo Trail » à Guerlesquin, ce samedi, un peu de temps en famille suivi d’un tour de Bretagne à vélo en dormant à la belle étoile dans sa voiture. Voilà ce qu’avait programmé Marie-Morgane Le Deunff pour occuper ces derniers jours de juillet. Pour essayer d’oublier, surtout. Moralement affectée depuis que les dirigeants de l’équipe Winpspace lui avaient signifié qu’elle n’était pas sélectionnée pour le Tour de France, la native de Morlaix ne voulait plus entendre parler de la plus grande course du monde. Au fin fond du Finistère ou des Côtes-d’Armor, en bord de mer ou en forêt, elle n’avait même pas prévu de passer une tête devant la télé. Jusqu’au coup de téléphone assez surréaliste de Franck Renimel, son directeur sportif, vendredi, aux alentours de 16 h 50. La veille du Grand départ.

« J’avais une minute pour lui répondre »

« Il m’a dit qu’ils avaient un souci avec une fille, que j’avais une minute pour lui répondre si je pouvais la remplacer », racontait celle qui, après cinq jours « off », histoire de se vider la tête, revenait à peine de sa sortie d’entraînement et s’apprêtait à rejoindre ses parents sur leur terrain de vacances de Locquirec.

La soirée barbecue attendra. Le temps de rassembler quelques affaires et de préparer sa valise à la vitesse de l’éclair, Marie-Morgane Le Deunff, conduite par son père, a rejoint ses coéquipières de la formation rochelaise à leur hôtel de Vannes. Où elle n’a pas beaucoup dormi.

« Quand vous apprenez à la dernière minute que vous allez disputer le Tour de France, il y a forcément beaucoup de stress. Lorsque je me suis réveillée ce matin, je me suis demandé ce que je faisais là ! », ajoutait la Finistérienne de 23 ans, professionnelle depuis 2021, rapidement gagnée par l’émotion au départ de Vannes. « Je vis une saison un peu compliquée, ça me fait plaisir d’être ici, c’est finalement une chance… », confiait-elle, en essuyant la larme qui perlait son visage.

« Comme beaucoup de filles, je n’ai pas non plus de contrat pour l’année prochaine », disait-elle encore avant de retrouver ses proches qui, eux aussi, ont chamboulé leur week-end. Personne ne l’a regretté. « Ma préparation est loin d’être optimale mais tant pis. J’ai vécu l’une des plus belles journées de ma carrière et puis, physiquement, ce n’était pas si mal que ça », avouait, sourire retrouvé, Marie-Morgane Le Deunff sur les hauteurs de Cadoudal. « C’était génial ! Franchement, je n’imaginais jamais qu’il y aurait autant de monde sur le bord de la route. Dans tous les villages que l’on traversait, il y avait des rangées de spectateurs. J’entendais la foule. J’aurais été trop déçue de rater cela… ».