À Strasbourg, les baignades urbaines se préparent mais il faudra attendre au moins 2026. Le Herrenwasser et la presqu’île Malraux ont été retenus comme sites potentiels. La qualité des eaux de l’Ill est jugée suffisante, hors épisodes de pluie.
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Camille Curnier
Publié le 27 juillet 2025 ·
Imprimé le 27 juillet 2025 à 08h23 ·
4 minutes
« Le projet existe toujours, ça prend du temps, mais il verra le jour », assure Pierre Ozenne. L’adjoint à la maire de Strasbourg est notamment en charge du projet de baignade dans l’Ill. Le sujet est évoqué par les élus strasbourgeois depuis 2017. Annoncée pour 2019 puis repoussée à 2021, l’ouverture à la baignade reste, en 2025, toujours au stade de promesse. Mais les succès dans d’autres villes françaises, notamment Paris, ravivent les attentes des Strasbourgeois et Strasbourgeoises.
Pour Pierre Ozenne, la baignade urbaine pourra voir le jour durant le prochain mandat municipal, entre 2026 et 2032, mais ne sera pas possible à l’été 2025 :
« On pensait que se baigner dans l’eau de l’Ill aurait pu se mettre en place rapidement, mais il faut prendre en compte des questions de pollution des eaux, de gestion des cours d’eau et surtout de sécurité. »
Deux sites pour démarrer
Des études menées en 2021 et 2023 par le bureau Geonat Environnement ont permis de retenir deux sites parmi une quinzaine analysés dans la métropole strasbourgeoise pour initier le projet de baignade : les anciens bassins du Herrenwasser, entre les quartiers de l’Elsau et de la Montagne Verte, ainsi que la presqu’île André-Malraux, à la frontière entre Neudorf et l’Esplanade.
Le site du Herrenwasser est bien connu dans les discussions autour d’un retour à la baignade à Strasbourg pusqu’il a accueilli dès 1867 les premiers bains aménagés de la ville, avant de fermer en 1971 à cause de la pollution. Pour ce premier emplacement, un bassin de 1 000 à 1 200 m² est envisagé en face des jardins familiaux, ainsi qu’une zone enfant avec une hauteur d’eau maximale de 0,30 m.
Quant à la presqu’île André-Malraux, le lieu de baignade « pourrait se situer au niveau des Docks d’été », sur l’extrémité ouest de la presqu’île, précise Pierre Ozenne. Un bassin d’environ 1 500m2 est envisagé pour la zone de baignade avec « la mise en place d’un fond artificiel intermédiaire permettant de créer une pente allant de 0 à 1,80 m de profondeur », selon l’étude réalisée par Geonat et fourni par l’Eurométropole.
Il s’agit désormais de préciser les besoins et les contraintes pour chaque site explique Pierre Ozenne :
« Il faudra penser à l’installation des lignes d’eau, à la délimitation des zones autorisées à la baignade, et à la construction des accès à l’eau depuis les rives. Il faut aussi prévoir des infrastructures : sanitaires publics, vestiaires, casiers, ainsi que des équipements pour permettre la pratique d’activités aquatiques. »
L’élu se réjouit de cette perspective, qu’il perçoit comme une double avancée, sociale et écologique :
« Il s’agit de redonner un accès à la nature aux habitants, tout en veillant à ce que cette activité ne vienne pas nuire à un espace naturel. »
Risques de pollution en cas de pluies
Les études fournies par la ville ne révèlent ni pollution bactériologique, comme la présence d’Escherichia coli ou d’entérocoques intestinaux (signes de contamination fécale). Elles ne signalent pas non plus de pollution physico-chimique, notamment par l’azote ou le phosphore (deux éléments favorisant la prolifération d’algues vertes). Geonat reccomande toutefois de maintenir une surveillance régulière, avec des analyses au moins hebdomadaires en période sèche, afin de suivre l’évolution des taux.
Baignade du Herrenwasser (à droite) dans les années 1930 (CAS / Archi-Strasbourg)Photo : CAS / Archi-Strasbourg
La principale inquiétude concerne les épisodes pluvieux, lors desquels le risque de pollution bactériologique augmente, explique Pierre Ozenne :
« Il était nécessaire de recenser tous les points de rejet d’eaux usées et d’eaux pluviales dans le milieu naturel en amont des lieux de baignade, comme les canalisations principales et les déversoirs, qui renvoient les eaux à traiter dans l’Ill en cas d’orage ou de pluies abondantes. »
Il suffira donc de 5 mm de pluie pour suspendre la baignade. Par précaution, l’accès sera interdit pendant au moins 48 heures, le temps de vérifier la qualité de l’eau avec des analyses complémentaires réalisées chaque jour. Comme à Paris, la mesure vise à limiter les risques de pollution liés aux débordements d’égouts.
La reprise de la baignade ne pourra être accordée qu’après l’accord de l’Agence Régionale de la Santé (ARS) en charge de l’analyse et de l’Eurométropole.
Prévenir la prolifération des rongeurs
La présence de faune sauvage à proximité directe des deux sites, notamment de rats et de ragondins, n’est pas considérée comme un problème pour la baignade, mais devra faire l’objet d’une surveillance particulière, précise la collectivité par écrit:
« La propreté du site doit être assurée. Pour ne pas attirer la faune sauvage et domestique, il y aura des actions de sensibilisation des promeneurs et baigneurs sur l’interdiction du nourrissage des animaux, mais aussi sur le ramassage des déchets, afin de ne pas favoriser le développement des rongeurs, notamment, qui posent des risques sanitaires tels que la leptospirose. »
Quant à la pollution potentielle liée à la navigation, elle ne constitue pas une inquiétude. « À moins d’un rejet volontaire depuis un bateau, il n’y a pas de risque, assure Pierre Ozenne, une fois les secteurs et les lignes d’eau délimitées, l’organisation devrait permettre une bonne cohabitation entre les différents usages. »
Des animations sur la rive pour compléter la baignade
« Pour nous, le principe est et restera que la baignade urbaine soit gratuite. Ce n’est pas un sujet financier. En revanche, d’autres activités commerciales pourront s’installer au bord de l’eau », explique Pierre Ozenne. Pour cela, la Ville de Strasbourg prévoit de lancer des appels à manifestation d’intérêts auprès de prestataires susceptibles de proposer des animations, mais aussi d’assurer la surveillance du site.
Pour l’heure, difficile d’en savoir plus, l’élu ne s’étale pas sur le sujet : « La phase opérationnelle n’est pas à l’ordre du jour avant le prochain mandat« .