Par
Lucile Roger
Publié le
27 juil. 2025 à 11h08
Après 15 années de recherches minutieuses, Pascal Lagadec signe un ouvrage unique : Le dictionnaire biographique des ivoiriers de Dieppe du XVIIe siècle à aujourd’hui. Publié chez Illustria – La librairie des Musées, ce travail consacre l’excellence d’un savoir-faire dieppois, plusieurs fois centenaire, longtemps resté dans l’ombre.
« J’ai tant aimé les ivoiriers que je les ai détestés », confie-t-il en souriant, après 15 années plongées dans les registres paroissiaux et l’état civil.
Des anecdotes bouleversantes
En 368 pages richement illustrées, l’auteur, ancien régisseur des collections du musée de Dieppe (Seine-Maritime), redonne vie à près de 2 000 artisans ayant travaillé l’ivoire, l’os ou autres matières animales à Dieppe et dans sa région.
Ce dictionnaire est une véritable biographie historique d’un métier d’art emblématique qui a fait rayonner la ville au-delà de ses frontières, en France comme à l’international.
Malgré quelques publications comme Ivoires et ivoiriers de Dieppe, d’Ambroise Milet, ou les Cahiers de l’ivoire dirigés par Pierre Ickowicz au musée de Dieppe, aucun ouvrage n’avait jusqu’ici recensé les professionnels de l’ivoirerie dieppoise de manière aussi exhaustive.
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C’est désormais chose faite grâce au travail passionné de Pascal Lagadec, nourri d’archives publiques, privées, muséales et locales, qui a nécessité deux ans de relecture.
L’idée, venue d’une conversation lors d’une exposition en 2008, s’est peu à peu transformée en véritable projet de référence. « Au départ, je voulais simplement répondre aux questions des visiteurs. Mais il n’y avait rien à leur offrir, sinon des erreurs. Alors, on m’a soumis l’idée de recenser tous les ivoiriers de la région », dit-il.
Ainsi, l’ouvrage permet de corriger des erreurs historiques, mais pas seulement. Il permet aussi de reconstituer les filiations et dynasties d’artisans qui ont façonné le paysage artistique dieppois et d’en apprendre davantage sur les modes de vie de l’époque.
« J’ai découvert des destins bouleversants, comme celui d’un jeune garçon qui avait commencé à sculpter à 15 ans, mort au bagne. On ne peut pas rester insensible, on se met à leurs places », confie Pascal lagadec.
Le maire, Nicolas Langlois, a salué un travail épanoui, qui permet de grandir, d’évoluer. Il a également tenu à rappeler que la culture rassemble et aide à comprendre qui l’on est.
« Je suis dévasté d’émotion »
De son côté, Pierre Ickowicz, conservateur en chef du musée de Dieppe, a insisté sur le rôle scientifique de cette publication, qui « corrige des impasses, des erreurs fondamentales et clarifie l’histoire d’un artisanat emblématique ».
Pour mener à bien son projet, l’auteur a bénéficié du soutien de la Direction régionale des affaires culturelles de Normandie, de la fondation Winkler, mécène de longue date du musée de Dieppe, et de la Ville de Dieppe elle-même.
Ce dictionnaire s’adresse autant aux chercheurs et historiens qu’aux professionnels du patrimoine, artisans d’art, muséographes ou simples amateurs, amoureux de la ville de Dieppe. Illustré par les pièces exceptionnelles conservées au musée de Dieppe, il s’impose déjà comme une publication de référence.
Questionné sur ses émotions, l’auteur confie : « Je suis fier, oui, mais on ne peut pas dire que je suis triste, car je ne m’en détacherai jamais. En fait, on peut dire que je suis dévasté d’émotion ».
Enfin, Pascal Lagadec a laissé entendre qu’il travaillait peut-être sur un nouvel ouvrage. « Mais cela ne reste qu’une hypothèse », conclut-il.
Prix de l’ouvrage : 49 €, disponible à la boutique du musée, en librairie et sur Internet : librairie-des-musees.fr.
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