Le syndrome de l’intestin irritable est une maladie chronique qui touche des millions de personnes à travers le monde. Celle-ci s’accompagne de nombreux troubles digestifs comme les douleurs abdominales, la constipation, les ballonnements, la diarrhée ou encore des gaz excessifs. Afin de garder le contrôle sur ces symptômes, de nombreux patients suppriment de leur alimentation certains éléments, notamment le gluten, suspecté d’aggraver leur état.

Pourtant, une étude de l’université McMaster au Canada vient remettre en question cette idée reçue, laissant entendre que le gluten n’est pas toujours responsable, selon le média en ligne New Atlas. Afin de mener son enquête, l’équipe a donné à 28 personnes affirmant être intolérantes au blé ou au gluten différentes barres de céréales contenant soit du gluten, soit du blé complet ou aucun des deux.

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Cette expérience avait pour but de démontrer qu’il existe un dysfonctionnement entre les voies communicationnelles du cerveau et des intestins chez les patients atteints de ce syndrome handicapant au quotidien. Les scientifiques ont fait manger aux participants une barre par jour pendant sept jours. S’ensuivait une pause, le temps d’évacuer du système digestif toute trace de l’aliment, puis un nouveau type de barre de céréale était consommé.

L’effet nocebo

Après observation, 93% des sujets ont rapporté ressentir des effets indésirables après avoir consommé n’importe quelle barre, qu’elle contienne du gluten, du blé ou aucun des deux. Premysl Bercik, l’auteur principal de l’étude, analyse ces résultats: «Tous les patients qui pensent réagir au gluten ne le font pas réellement. Certains sont véritablement sensibles à cette protéine, mais pour beaucoup d’autres, c’est la croyance elle-même qui déclenche les symptômes et les pousse à éviter les aliments contenant du gluten.»

Selon lui, l’une des raisons de la diabolisation du gluten chez les patients atteints de ce syndrome repose en grande partie sur ce qu’on trouve en ligne: «Il y a une forte influence d’internet. De nombreux patients postent à quel point ils se sentent mal à cause du gluten. Cela influence forcément les autres. Poursuivre un régime sans gluten peut donner aux patients une méthode concrète pour tenter de contrôler leurs symptômes, même si cela implique des restrictions alimentaires inutiles.»

Selon l’équipe de chercheurs, le résultat de cette expérience a mis en évidence un effet «nocebo», un mécanisme psychologique où le seul fait de s’attendre à des réactions négatives suscite des symptômes physiques. L’équipe de recherche ajoute que leur étude devrait inciter les médecins à adopter une approche globale du syndrome du côlon irritable.

D’après la Fondation internationale pour les troubles gastro-intestinaux, les malades atteints de ce qu’on appelle également «colopathie fonctionnelle» doivent attendre en moyenne six ans et demi avant de recevoir un diagnostic. Une raison de plus pour repenser en profondeur la prise en charge de la maladie, en tenant compte cette fois de la dimension psychologique.