Un soleil éblouissant et incandescent, des rameaux d’oliviers chargés de fruits, des pieds de lavande, des cigales dorées. Pas de doute, ça sent la Provence. Élément central, l’église Saint-Laurent de Flayosc, reconnaissable à sa tour coiffée d’un campanile et l’inscription « J’aime Flaiò » ancrent la scène au village.

Mais alors pourquoi le monument religieux est enlacé par un batracien géant et couronné? « C’est lié à une légende locale: une reinette dorée est cachée sous une place du village, dévoile le jeune Arnaud Cariou, casquette visée sur la tête. Et les tours reliées par une enceinte figurent au-dessus du blason de la ville. »

Huit jours de travail intenses

Arnaud Cariou, 19 ans, s’est beaucoup documenté pour cette fresque de 10 mètres de long et 4,5 mètres de large, avant de présenter son projet complet à la mairie. Achevée début juillet au bout de huit jours intenses et après quelques déconvenues météorologiques (averse, grêle, bourrasques), l’œuvre d’art a été inaugurée mercredi soir.

Elle a pris vie sous les yeux curieux des habitants et des touristes. Arnaud prenait alors du temps pour les écouter entre deux coups de bombes de peintures et des traits de feutres acryliques. « Pour les montagnes bleues, certains y voyaient plutôt la mer… »

Tout est parti d’une idée simple, celle de la monitrice d’auto-école du village. « C’est elle qui m’a mis sur la piste », confie-t-il. Quelques mois plus tard, le mur blanc du porche du boulevard Jean-Moulin est devenu un point de rencontre, un lieu vivant.

Arnaud Cariou, de son nom d’artiste Isayka, n’en est pas à son coup d’essai. « J’ai commencé à 15 ans avec la salle du foyer des jeunes de Flayosc ».

Depuis, il enchaîne les commandes principalement dans des établissements scolaires. Dans son ancien collège Jean-Rostand de Draguignan, il a peint une fresque contre le harcèlement. « Avant même d’avoir le bac, j’avais monté ma micro-entreprise! », glisse le jeune homme avec fierté.


Cette fresque mesure 10mètres de long et 4,5 mètres de large.

Sur tout support

Bien sûr, Isayka n’abandonne pas pour autant ses études. « Il fallait que j’allie l’art et le bagage scolaire alors je me suis inscrit dans une filière hôtellerie-restauration au lycée Léon-Blum. » Snack à Régusse, porte de garage à Trans-en-Provence, marches d’escalier du collège des Arcs, carrosserie de fourgon, tee-shirt,… l’artiste-peintre peint partout, sur tout. Et sans avoir « de style particulier », ses créations sont clairement inspirées de l’univers du street art. « Ce n’est pas un don, même si certains ont des facilités. Il faut être curieux, audacieux et persévérant. »

C’est un professeur lorsqu’il était en CM1 qui, proposant régulièrement des activités artistiques, lui a inoculé ce goût pour le dessin.

Et ce nom d’artiste, Isayka? « Un jour, j’étais en famille au lac de Sainte-Croix. J’ai aperçu un enfant qui essayait de graver quelque chose. Il était marqué Isayka. Je ne sais pas ce que cela veut dire mais cet enfant oui. J’ai voulu immortaliser ce moment. Et aujourd’hui, il signifie quelque chose. »