Publié27. juillet 2025, 14:34
Royaume d’Eswatini: Trump accusé d’utiliser l’Afrique comme «dépotoir» pour criminels
Trump est accusé d’utiliser les pays africains comme «dépotoir» pour les criminels après que cinq hommes ont été expulsés des États-Unis vers le petit royaume d’Eswatini.
En Eswatini, les partis politiques sont interdits et le roi Mswati III règne sans partage depuis presque 40 ans.
AFP
Le petit royaume d’Eswatini a beau être la dernière monarchie absolue d’Afrique et les décisions du roi peu susceptibles d’être contestées, le secret entourant l’accueil mi-juillet de cinq hommes présentés par Washington comme des «criminels en situation irrégulière» suscite une rare levée de boucliers. De nationalités vietnamienne, laotienne, yéménite, cubaine et jamaïcaine, ils ont été expulsés par Washington au motif que leurs pays respectifs auraient refusé de les reprendre et ont été convoyés par avion militaire dans la capitale de l’ex-Swaziland le 16 juillet, où ils ont été incarcérés.
Le gouvernement du royaume a rapidement confirmé leur présence, expliquant par la voix de la porte-parole Thabile Mdluli que ces prisonniers n’avaient pas vocation à rester dans le royaume «de façon permanente» et qu’ils seraient «rapatriés en temps voulu dans leurs pays d’origine». Mais de nombreuses questions restent en suspens et agitent le royaume. D’autres expulsions sont-elles prévues? Si oui, combien? Quelle est la contrepartie pour l’Eswatini? Qu’en est-il du respect des droits des cinq prisonniers étrangers?
Indignation
En début de semaine, de nombreuses organisations de la société civile et responsables politiques ont exprimé leur indignation. Comme le rapporte le «Guardian», une pétition a ainsi été remise lundi à l’ambassade américaine demandant aux États-Unis de reprendre les expulsés, de respecter les droits humains des expulsés et de faire en sorte que l’Eswatini ne devienne pas un «dépotoir pour les problèmes non résolus venus d’ailleurs».
Les dirigeants des groupes avaient organisé quelques jours avant une manifestation devant l’ambassade américaine, avec des pancartes portant des messages tels que: «L’Eswatini n’est pas une prison pour les refoulés des États-Unis» et «Ramenez les cinq criminels aux États-Unis!». Le plus grand parti d’opposition d’Eswatini, le Mouvement démocratique uni du peuple, a par ailleurs déclaré dans un communiqué: «Pudemo condamne avec véhémence la décision traîtresse et imprudente du régime du roi Mswati III de permettre aux États-Unis d’Amérique de déverser leurs criminels les plus dangereux sur le sol swazi. Il ne s’agit pas de diplomatie, mais de traite d’êtres humains déguisée en accord d’expulsion.»
Blackout entourant ce programme d’accueil
Les cinq hommes sont détenus dans le centre correctionnel de Matsapha, à 30 km au sud de la capitale. Cette prison fait l’objet de travaux de rénovation et d’extension depuis 2018, financés selon plusieurs sources gouvernementales par les États-Unis dans le cadre d’un programme englobant les 14 centres pénitentiaires du pays. Plusieurs sources au sein de l’administration pénitentiaires ont indiqué que les cinq hommes étaient détenus dans le quartier rénové de haute sécurité.
Plusieurs députés se sont émus jeudi au parlement du blackout entourant ce programme d’accueil. L’un d’eux, Marwick Khumalo, a enjoint le Premier ministre d’«informer l’assemblée du contenu de l’accord avec les USA» et de préciser «quelle doit être ou quelle a été la contrepartie obtenue» par l’Eswatini. D’autres se sont inquiétés de la présence de ces «criminels endurcis» dans le pays.
Des médias locaux ont fait état d’un nombre total de 160 personnes censées être expulsées à terme des États-Unis vers le royaume, une information que l’AFP n’a pas été en mesure de confirmer. A toutes ces questions, le Premier ministre Russell Dlamini a opposé une fin de non-recevoir: «Toute décision ou tout accord n’a pas vocation à être partagé avec le public.» L’Eswatini est le deuxième pays africain destinataire de ces expulsions: le 4 juillet, Washington avait déjà acheminé huit immigrés en situation irrégulière au Soudan du Sud.
(afp/vja)