Par
Lou Batteux
Publié le
27 juil. 2025 à 16h42
C’est un des nombreux exemples des vies brisées par la guerre menée dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas. Bashar Al Belbesy, 25 ans, a vu son destin bouleversé alors qu’il arrivait au bout de ses études. Depuis le début du conflit, le jeune homme s’est consacré à aider les autres à travers sa passion pour la danse. Mais, aujourd’hui, son état nécessiterait son transfert en France. Cela est rendu compliqué par le conflit. Pour autant, à Rennes, une médecin et des élus se mobilisent pour y arriver.
Avant l’attaque du Hamas, Bashar Al Belbesy finissait ses études à Gaza pour devenir pharmacien. En même temps, il montait des spectacles avec sa troupe de danse Al-Fursan, dont il est le directeur. En 2023, le collectif a réalisé une tournée dans une dizaine de villes françaises.
Des liens étroits avec la Bretagne
C’est lors d’une représentation à Morlaix, à l’occasion de la diffusion du documentaire Yallah Gaza, que Bashar fait la rencontre de Catherine Le Scolan, médecin généraliste et photographe. Les deux artistes deviennent rapidement amis et restent en contact. En novembre 2024, Catherine réalise une mission à l’hôpital Nasser, à Gaza, et elle en profite pour le revoir.
Avec le déclenchement du conflit, il n’a pas pu obtenir son diplôme de pharmacien. Malgré cela, il travaille bénévolement dans une tente médicale. La guerre se poursuivant, il se tourne vers sa passion. « Il décide alors d’utiliser la danse comme une thérapie pour les enfants, en leur apprenant à danser le dabkeh », une danse traditionnelle palestinienne, mais aussi en leur donnant « des cours de yoga tous les jours sous les bombes ».
Lorsque je l’appelais, il ne me parlait jamais de la guerre, mais seulement de ses projets artistiques.
Catherine Le Scolan
Médecin et photographe rennaise sensible à la cause palestinienne
« Il risque de perdre sa jambe »
Lundi 30 juin 2025, à 16h, Catherine Le Scolan reçoit un appel de Manar, la maman de Bashar Al Belbesy. Au bout du fil, des cris et des pleurs. La Rennaise comprend qu’un drame est arrivé. Le café dans lequel se trouvait Bashar Al Belbesy a été bombardé par l’armée israélienne et 80 % de ses amis sont morts. S’il fait partie des rares survivants, le jeune danseur a été grièvement blessé à la jambe. Transféré à l’hôpital d’Al-Shifa, dans la ville de Gaza, il est « complètement algique », apprend Manar à Catherine.
Au vu des dégâts, la blessure aurait dû être traitée dans les sept jours. À Al-Shifa, les docteurs sont compétents, mais trop débordés pour le soigner correctement. Il risque de perdre sa jambe.
Catherine Le Scolan
Médecin et photographe rennaise sensible à la cause palestinienne
Son état nécessite une évacuation sanitaire urgente. Catherine Le Scolan a alors sonné l’alerte à Rennes. Le jour même, elle a témoigné du cas de Bashar lors d’un conseil municipal. Depuis, des élus bretons se mobilisent à ses côtés pour venir en aide au jeune palestinien et à sa famille.
Des soutiens engagés
Nathalie Appéré, maire de Rennes, a d’abord saisi le conseiller diplomatique du Préfet à ce sujet. Le dimanche 6 juillet, Loïg Chesnais-Girard, président du conseil régional de Bretagne, a transmis une lettre au ministre des Affaires étrangères de passage à Rennes, résumant la gravité de la situation.
La Maison Internationale de Rennes (MIR), qui a déjà accueilli Bashar par le passé, a préparé une salle de danse à sa disposition pour qu’il puisse continuer de s’entraîner. « À Pontchaillou, une équipe d’orthopédie se tient prête à le prendre en charge dès son arrivée. »
Le pays de cœur de Bashar est prêt à l’accueillir. On a réussi à l’inscrire en licence Arts du spectacle, à Rennes 2, pour la rentrée 2025. Même si on est sur la bonne voie actuellement, on n’est pas sûr qu’il puisse arriver à temps à Rennes, ni même qu’il soit en capacité de continuer à danser.
Catherine Le Scolan
Médecin et photographe rennaise sensible à la cause palestinienne
Dans sa lettre adressée à Jean-Noël Barrot, le président du conseil régional de Bretagne soutient que « Monsieur Al Belbesy incarne, au cœur d’un territoire martyrisé, un combat pour la culture, la transmission et l’humanité. »
Tous travaillent intensément pour que le transfert ait lieu dès que possible. Si vous souhaitez témoigner de votre soutien à Bashar auprès de ses amis qui se battent pour le sauver, rendez-vous sur ce site pour signer la pétition « Save Bashar! Save Al-Foursan! ».
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