Épuisé par la procédure en interne qui a suivi son agression au sein de son bus mi-mai, Jean-Christophe Colombo a quitté son conseil de discipline, ce mercredi, avec le sentiment d’avoir été abandonné par son employeur.

Au lendemain de son conseil de discipline face à l’exploitant du réseau de transports en commun bordelais Keolis, le chauffeur agressé mi-mai se remet péniblement de ses émotions. «Je suis détruit, je crois que Keolis ne mesure pas les conséquences d’une telle procédure sur un être humain. Même si j’ai fait une faute, je me sens lâché  : j’ai oublié mon agression, mon agresseur maintenant c’est l’entreprise», déclare Jean-Christophe Colombo ce jeudi au Figaro, au lendemain de l’audience. Et d’ajouter : «Cela me fait très mal car j’aime mon entreprise, j’y passe ma vie, au quotidien, depuis 28 ans. Il va me falloir du temps pour me reconstruire.» 

Keolis, qui a dû faire face mercredi au blocage de l’un de ses dépôts de bus par des soutiens du chauffeur agressé, se défend. «Un entretien disciplinaire n’implique pas forcément une sanction ou un licenciement, ce n’est pas automatique», indique ainsi l’entreprise en rappelant «condamner avec la plus grande fermeté l’agression dont Monsieur Colombo a été victime».

La société française ne peut pas continuer comme cela : la peur s’est installée, il ne faut pas faire de vagues et courber l’échine face aux incivilités. Il faut rétablir l’autorité

Jean-Christophe Colombo, le chauffeur de bus bordelais agressé mi-mai


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Le jour des faits, qui se sont déroulés mi-mai, Jean-Christophe Colombo avait été tabassé par un passager de son bus, qu’il venait de sortir par le collet parce qu’il l’avait insulté et refusé de lui dire bonjour. C’est «ce geste formellement interdit» qui lui est reproché et qui justifie le conseil de discipline, selon la direction de Keolis. L’entreprise insiste sur le fait que le chauffeur de bus «s’est mis en danger» en agissant de la sorte. Elle refuse donc de passer outre cet écart de comportement qui «expose à une sanction disciplinaire».

Décision d’ici un mois

«Durant le conseil de discipline, l’un des cadres m’a demandé si ce n’était pas mon ego qui m’avait poussé à agir [et à sortir le passager par le collet, NDLR]. Dans sa bouche c’était clairement un reproche», réagit Jean-Christophe Colombo. Le quinquagénaire, qui juge que ses blessures et son opération étaient une leçon suffisante, estime que la honte doit changer de camp malgré son erreur. «La société française ne peut pas continuer comme cela : désormais, la peur s’est installée, il ne faut pas faire de vagues et courber l’échine face aux incivilités… Il faut rétablir l’autorité. Même si ma réaction n’était pas idéale, je suis très blessé de ne pas me sentir soutenu par mon entreprise», confie-t-il.

La décision qui doit clore ce dossier doit être prise dans les prochains jours, au plus tard d’ici un mois. Jean-Christophe Colombo, qui espère que la direction rendra son verdict rapidement afin d’entamer sereinement sa convalescence, garde l’espoir d’une juste sentence.