BRENDAN SMIALOWSKI / AFP
Droits de douane : Donald Trump et Ursula von der Leyen ont « conclu un accord » commercial lors de leur rencontre en Écosse.
INTERNATIONAL – Ils disaient n’avoir que « 50 % de chances » de s’entendre, mais ils y sont parvenus. Le président américain Donald Trump et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen ont arraché un accord douanier ce dimanche 27 juillet en début de soirée, après une réunion éclair d’un peu plus d’une heure à Turnberry en Écosse.
« We have a deal », a annoncé la cheffe de l’exécutif européen, annonçant que « les deux plus grandes économies du monde » sont parvenues à s’entendre et estimant être arrivée à « un bon accord » qui apportera de la « stabilité ». « Je crois que c’est le plus grand accord jamais signé », s’est pour sa part félicité Donald Trump, disant y voir une promesse « d’unité et d’amitié ».
Rien n’assurait pourtant que les deux dirigeants, qui ont échangé à deux reprises une poignée de main sous les applaudissements de leurs délégations respectives, parviendraient à un accord ce dimanche. Les négociations ont abouti in extremis, après des mois de discussions tendues et quelques jours à peine avant la deadline fatidique du 1er août.
À cette date, la Maison Blanche en pleine offensive protectionniste avait prévu d’infliger des surtaxes de 30 % sur les produits européens, ce que Bruxelles voulait absolument éviter.
15 % de droits de douane sur les produits européens
Les contours de l’accord, dont les détails ne sont pas encore connus, ont été expliqués principalement par Donald Trump. Au menu : 15 % de droits de douane imposés par les États-Unis aux produits venus de l’Union européenne. Cette dernière s’engage par ailleurs à 750 milliards de dollars d’achats dans de l’énergie et du matériel militaire américains, mais aussi à 600 milliards d’investissements supplémentaires dans le pays de l’Oncle Sam.
Des dépenses assez impressionnantes, mais dont il n’a pas été précisé sur quelle durée elles devront être effectuées ou comment elles seront réparties, relève le New York Times. Le chiffre de 15 % de droits de douane est « aligné avec l’accord que le président [Trump] a récemment passé avec le Japon », souligne par ailleurs le journal américain de référence, selon qui ce chiffre reste « plus élevé que ce que défendait l’Union européenne et que ce qui est imposé au Royaume-Uni ».
De son côté, l’AFP estime que le taux effectif appliqué par Washington aux marchandises européennes « se montait déjà à près de 15 %, si l’on additionne la surtaxe de 10 % d’ores et déjà appliquée par le gouvernement américain et le taux de 4,8 % préexistant ». Les États-Unis et l’UE ont par ailleurs décidé de lever réciproquement tous leurs droits de douane « sur un certain nombre de produits stratégiques », a indiqué Ursula von der Leyen.
Parmi eux, les équipements aéronautiques, mais aussi « certains produits chimiques, des équipements pour semi-conducteurs, certains produits agricoles et des matières premières critiques », a-t-elle précisé.
L’UE menaçait de sortir le « bazooka » face à Washington
L’accord trouvé ce dimanche doit encore être validé par les États membres de l’UE. Leurs ambassadeurs avaient suivi les dernières tractations dimanche matin depuis le Groenland où ils sont en déplacement, mais ils devront à nouveau se concerter pour le valider. L’entente d’Ursula von der Leyen et Donald Trump aura en tout cas permis d’éviter pour le moment une escalade diplomatico-économique d’envergure.
Bruxelles se disait prêt à riposter aux droits de douane américains à 30 % avec des taxes sur les produits et les services américains. L’exécutif européen, sous l’impulsion de certains pays comme la France, avait aussi menacé de lever l’accès aux marchés publics européens ou de bloquer certains investissements. Dégainer ce « bazooka » – ou instrument « anticoercition » dans le jargon bruxellois – n’aurait sans doute pas plus à Donald Trump qui menaçait l’UE de représailles si elle répliquait à ses surtaxes.
Si le président américain affirme être en position de force, certains sondages montrent que les Américains doutent de sa stratégie douanière et de sa conduite des affaires en général. Des critiques sur le fond auxquelles se sont ajoutés les polémiques et les scandales en lien avec l’« affaire Epstein », le locataire de la Maison Blanche étant accusé de manquer de transparence sur ses relations avec ce riche financier, mort en prison avant un procès pour crimes sexuels qui s’annonçait retentissant.
En annonçant un accord avec l’UE, dans la foulée de ceux conclus ces derniers jours avec le Japon, le Vietnam, les Philippines et l’Indonésie, Donald Trump essaie-t-il de faire diversion ? Un journaliste lui a posé la question dimanche. « C’est une blague n’est-ce pas ? Cela n’a rien à voir. Il n’y a que vous pour penser ça, en ce jour qui est un bon jour pour l’économie européenne et l’économie américaine », a sèchement répondu le président américain.
Washington est loin d’en avoir fini avec les discussions commerciales. Dès lundi, c’est avec la Chine que les négociateurs américains s’efforceront d’éviter une reprise de l’escalade douanière, au cours d’une rencontre à Stockholm.