Votre Tour de France prend finalement fin dès la 2e étape…

Les circonstances de mon arrivée sur ce Tour de France m’ont sans doute coûté du jus. Du coup, le physique et le mental ne suivaient plus. Je n’avais pas de sensation aujourd’hui. Je ne me sentais pas bien.

En passant la ligne d’arrivée, vous saviez que vous étiez hors-délais ?

Non. À un moment donné, on m’a dit que j’avais onze minutes pour rentrer dans les délais. Je pensais que ça allait le faire. Je me suis battue pour. Mon directeur sportif m’a finalement dit que ça n’était pas passé.

Vous vous êtes retrouvée lâchée du peloton rapidement ?

En fait, j’ai perdu mes bidons après une trentaine de kilomètres de course environ. Avec une collègue, je suis descendue à la voiture (de son équipe Winspace) pour en chercher. Et malheureusement, je n’ai jamais revu le peloton. J’étais mal placée, j’ai fait des efforts inutiles, je n’ai jamais réussi à rentrer. J’espérais basculer dans un groupe au sommet du Menez Quelerc’h. Mais ça roulait trop vite, ça ne l’a pas fait. J’étais à fond… J’ai dû faire 70 kilomètres toute seule.

À quoi pensiez-vous dans ces moments-là ?

D’un côté, je me disais que si je terminais hors délais, ce n’était pas très grave dans la mesure où je n’étais pas prévue au départ de ce Tour de France. Je me disais donc d’essayer de profiter, de prendre du plaisir avec le public breton qui était incroyable. D’un autre côté, j’avais aussi les boules d’arriver hors délais puisque les étapes de lundi et mardi, plus plates, me correspondaient davantage. Malheureusement, en règle générale, j’ai toujours du mal à enchaîner le deuxième jour de course. Je ne sais pas pourquoi. De toute façon, depuis un an et demi, c’est comme ça : un jour ça va, le lendemain, ça ne va pas. À Plumelec, samedi, ça n’allait pas trop mal ; aujourd’hui, ça n’allait pas.

Comment l’expliquez-vous ?

Franchement, je ne sais pas. J’ai coupé cinq jours avant de venir à Vannes, cinq jours sans vélo, peut-être que la reprise est trop violente. En fait, je n’ai pas vraiment d’explication, je me dois de régler ça. Je fais tout bien sûr la nutrition, je fais tout bien à côté du vélo mais il y a quelque chose qui ne va pas. C’est comme si je ne récupérais pas des efforts lactiques. On m’a parlé du « syndrome de Gilbert », quelque chose de bénin apparemment. Je vais passer des tests. J’espère que ça va s’arranger. Pour l’instant, je n’ai pas de contrat pour l’an prochain, j’ai vraiment envie de continuer ma carrière.

Comment vivez-vous ce nouvel ascenseur émotionnel ?

C‘est un peu dur… Je reste une compétitrice, j’aurais bien aimé prendre le départ demain (de La Gacilly). D’un autre côté, pfff… Je suis heureuse d’avoir partagé ces deux journées avec ma famille, j’aurais juste aimé continuer. Même sans préparation optimale, je pense que j’avais les moyens d’aller jusqu’aux étapes de montagne. Après, si c’est pour batailler toute seule sur mon vélo, est-ce que cela m’aurait rendu service… Sincèrement, je ne sais pas.

Quand vous reverra-t-on sur le vélo ?

Sur le Kreiz Breizh (le 28 août) et à Plouay (le 30). À la maison. Je ne quitte plus la Bretagne, en somme (sourires).