Par euronews
Publié le 27/07/2025 – 20:42 UTC+2
•Mis à jour
22:47
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L’Union européenne et les États-Unis ont conclu un accord commercial provisoire afin d’éviter une guerre tarifaire potentiellement dévastatrice entre deux des plus grandes économies mondiales. Cette entente met un terme à une course contre la montre avant la date butoir du 1er août, fixée par les deux parties.
Selon les termes de l’accord, finalisé dimanche en Écosse lors d’une rencontre entre la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, et le président américain Donald Trump, la majorité des exportations européennes vers les États-Unis seront désormais soumises à un droit de douane de 15 %.
L’UE s’est engagée à 750 milliards de dollars d’achats d’énergie et à 600 milliards d’investissements supplémentaires aux États-Unis, a également affirmé Donald Trump.
« Je pense que c’est formidable que nous ayons conclu un accord aujourd’hui au lieu de jouer à des jeux », a déclaré le président américain à l’issue de la réunion. « Je pense que c’est le plus grand accord jamais conclu. »
De son côté, Ursula von der Leyen a salué une entente « entre les deux plus grandes économies du monde ». « C’est un grand accord. Une affaire énorme », a-t-elle souligné, précisant que l’accord, qui « apportera de la stabilité et de la prévisibilité » est » très important pour les entreprises des deux côtés de l’Atlantique ».
Ce taux de 15 % est inférieur aux 20 % instaurés – puis suspendus – par Donald Trump en avril dans le cadre de ses « droits de douane réciproques », ainsi qu’aux 30 % qu’il avait menacés d’imposer dans une lettre envoyée à von der Leyen plus tôt ce mois-ci.
Le taux est également inférieur à ceux négociés récemment par d’autres pays avec la Maison-Blanche, notamment l’Indonésie et les Philippines (19 % chacun), et équivaut à celui accordé au Japon (15 %), un allié du G7.
Des concessions douloureuses pour l’Europe
L’accord reste néanmoins une concession douloureuse pour Bruxelles, alors que les discussions avaient démarré sur une proposition européenne d’accord « zéro pour zéro » ». Tout au long du processus, von der Leyen avait prévenu que « toutes les options » étaient sur la table, y compris un instrument inédit de lutte contre la coercition économique.
Face à l’escalade des tensions, la Commission européenne avait préparé plusieurs listes de mesures de rétorsion contre des produits américains, pour un montant total de 93 milliards d’euros.
Mais Bruxelles n’a jamais mis ces menaces à exécution, en raison de divisions profondes entre États membres : certains, comme la France et l’Espagne, plaidaient pour une démonstration de force, tandis que d’autres, comme l’Allemagne et l’Italie, poussaient pour un compromis rapide.
Le fossé s’est resserré après la menace des 30 % brandie par Trump, qui a provoqué une vague d’indignation dans l’UE et renforcé la volonté de riposte.
Avant que Trump ne vienne perturber le commerce transatlantique, les produits européens étaient soumis à un droit de douane moyen de 4,8 % à leur entrée sur le marché américain. L’accord signé dimanche devrait ajouter 10 points pour atteindre un taux effectif de 15 %.
Actuellement, les États-Unis imposent déjà des droits de douane de 50 % sur l’acier et l’aluminium, 25 % sur les voitures, et 10 % sur la plupart des autres importations en provenance de l’UE. En pratique, les changements immédiats resteront donc limités.
Mais à long terme, cette hausse devrait peser lourdement sur les marges des entreprises européennes tournées vers l’export, en particulier celles dépendant du marché américain.
Interrogée sur les concessions faites par les États-Unis, von der Leyen a répondu : ‘Le point de départ était un déséquilibre : un excédent de notre côté, un déficit du leur. Nous voulions rééquilibrer la relation commerciale, tout en maintenant un flux continu d’échanges entre nos deux rives de l’Atlantique.’
Le spectre d’un nouvel affrontement sur les médicaments
L’un des enjeux majeurs concernait les produits pharmaceutiques, un secteur dans lequel l’UE exporte massivement vers les États-Unis. Or, l’administration Trump a lancé une enquête visant ces produits, ce qui pourrait ouvrir la voie à des taxes ciblées.
Finalement, les produits pharmaceutiques n’ont pas été inclus dans l’accord, laissant entrevoir une possible confrontation à venir.
« Nous devons les produire aux États-Unis, et nous voulons qu’ils soient fabriqués ici », a affirmé Donald Trump devant la presse. « Les produits pharmaceutiques sont très spéciaux. Nous ne pouvons pas nous permettre de dépendre d’autres pays. »
Le Premier ministre irlandais Micheál Martin, dont le pays est l’un des principaux exportateurs de médicaments, a salué l’accord, tout en avertissant que les échanges transatlantiques deviendraient désormais « plus coûteux » et « plus compliqués ».
Une nouvelle étape se profile : la semaine prochaine, une cour d’appel fédérale américaine commencera à examiner un recours très suivi contestant le droit de Trump d’imposer des droits de douane généralisés sous prétexte d’une urgence nationale.