Oscar Piastri est-il désormais le favori pour le titre ?

Après avoir perdu de gros points au 44e tour du Grand Prix d’Australie, Oscar Piastri a repris du poil de la bête. Deux victoires (à Shanghai et Bahreïn) et une troisième place (à Suzuka) l’ont déjà remis en selle au championnat. Il ne pointe plus qu’à trois longueurs de Lando Norris. Quelles sont les chances du pilote australien dans la lutte pour le titre ? Voici l’avis de la rédaction.

Piastri déjà en position de force

Dans une autre vie, Mark Webber, le manager d’Oscar Piastri, a eu une chance mathématique d’être champion du monde, mais son équipe avait une préférence pour son coéquipier. Il comptait sept points d’avance sur Sebastian Vettel avant la finale de la saison 2010, mais c’est l’Allemand qui était le protégé de Red Bull.

L’Australien n’a ensuite plus jamais été aussi proche du titre, puis ses relations en interne se sont dégradées. Il en a tiré les leçons et sait que le fait qu’Oscar Piastri soit quelqu’un au caractère froid, qui ne se laisse jamais déborder par ses sentiments, est une aide précieuse. Il se contente de faire sereinement son travail et d’être excellent.

Oscar Piastri (McLaren).

Photo de: Andrea Diodato – NurPhoto – Getty Images

Pas de paroles mais des actes : Oscar Piastri est en lice pour le titre et demande implicitement à McLaren de l’aider à y parvenir en étant performant dans les moments où ça compte. Cette saison, le peloton est si serré que quelques dixièmes font une énorme différence sur la grille par rapport à son coéquipier.

Jusqu’à présent, Lando Norris donne l’impression que c’est difficile pour lui, tandis qu’Oscar Piastri donne le sentiment que tout est parfait, même lorsqu’il a des problèmes avec la voiture. S’il est possible d’aller conquérir le titre sans faire de bruit, alors il est sur la bonne voie.

– Stuart Colding

Norris commet encore trop d’erreurs

En partant à la faute sous la pluie à Melbourne, Oscar Piastri a perdu gros au niveau comptable au championnat face à Lando Norris et, on le pensait sur le moment, sur le plan psychologique. En réalité, ce n’était pas du tout le cas. Depuis cette erreur, l’Australien a redressé la barre en s’imposant à deux reprises, en Chine et à Bahreïn. Il n’est désormais plus qu’à trois points du leader et son début de saison a tout d’excellent.

Lando Norris (McLaren).

Photo de: Kym Illman – Getty Images

Ce qui impressionne, c’est le calme et la méthode avec lesquelles il a su réagir. Là où la victoire de Norris aurait pu marquer son territoire à Melbourne, il a immédiatement répondu. Son attitude est également impressionnante, notamment dans son comportement en piste comme en dehors : Oscar Piastri est un pilote froid, qui manie la « poker face » sans forcément donner l’impression de le faire.

Froid mais clinique, il a concrétisé les occasions et a laissé comprendre, avec tact mais fermeté quand il y a eu des situations de potentielles consignes d’équipe, qu’il ne se laisserait peut-être pas si facilement faire. D’ailleurs, c’est peut-être pour ça que McLaren s’est retrouvé dans une forme d’immobilisme à Suzuka, ne tentant pas le swap, sans doute pour ne braquer aucun de ses deux pilotes.

Avec une machine comme la MCL39, Oscar Piastri est évidemment candidat au titre. Et ce qu’il a pour lui, c’est la marge de progression a priori supérieure à celle d’un Lando Norris qui est installé depuis longtemps mais qui commet encore trop de petites erreurs, encore dimanche dernier à Sakhir.

– Basile Davoine

Piastri en a encore sous le pied

Oscar Piastri est si bon cette saison que Lando Norris doit s’inquiéter de ce que son jeune et affamé coéquipier est capable de faire au volant d’une voiture qui ne convient manifestement pas au Britannique pour le moment. S’il est vrai que la saison ne fait que commencer, il ne faut pas oublier que les premiers Grands Prix peuvent être cruciaux en interne.

Rappelez-vous ce qui s’est passé la dernière fois que McLaren a remporté trois des quatre premiers Grands Prix, en 1998. David Coulthard avait pris le dessus sur Mika Häkkinen l’année précédente, mais le Finlandais volant a battu son coéquipier à plate couture dès le début de la saison et a fédéré l’équipe autour de lui.

Oscar Piastri (McLaren).

Photo de: Sam Bagnall / Motorsport Images

Bien sûr, ce n’est qu’un exemple, et les situations d’Oscar Piastri et Lando Norris sont différentes aujourd’hui, mais il ne faut pas oublier que l’Australien n’en est qu’à sa troisième année de F1 et qu’il ne fera que s’améliorer au fil de la saison.

On peut déjà le constater en comparant 2024 et 2025. Oscar Piastri s’est incliné 24 à 6 face à Lando Norris en qualifications l’an dernier (sprint inclus). Curieusement, ces revers ont eu lieu sur les quatre circuits visités par la F1 depuis début 2025, mais l’Australien mène 3-2 dans cette confrontation directe. Des week-ends comme celui de Sakhir ne feront que renforcer la confiance d’Oscar Piastri. Voyons s’il confirmera dès ce week-end en Arabie saoudite.

– Federico Faturos

Les espoirs de Norris ne sont pas ruinés en quelques GP

En Formule 1, la qualité d’un pilote se mesure à celle de sa dernière course – et aujourd’hui, juste après le Grand Prix de Bahreïn, de nombreuses questions subsistent quant aux ambitions de Lando Norris pour le titre.

Il commet des erreurs, et il n’hésite pas à l’admettre. Mais s’il est facile de dire qu’il n’est pas assez performant en ce moment, il ne faut pas oublier une chose. Malgré toutes ses erreurs, il reste le seul à avoir terminé toutes les courses parmi les trois premiers (à l’exception du sprint en Chine) . Ainsi, même quand il fait des erreurs, il continue à marquer des points. Il a connu des mauvais week-ends, c’est vrai, mais il a tout de même réussi à terminer deuxième ou troisième.

Lando Norris et Oscar Piastri (McLaren).

Photo de: Clive Rose / Getty Images

Oscar Piastri semble très fort et, après une performance comme celle qu’il a réalisée à Bahreïn, il est très difficile de lui trouver des faiblesses. Mais il y aura aussi des week-ends difficiles pour lui. Alors que Lando Norris est monté quatre fois sur le podium cette année, l’erreur d’Oscar Piastri à Melbourne – dans des conditions certes difficiles – a été plus coûteuse. Il ne va pas soudainement se mettre à dominer. Il y aura de nombreux week-ends où il ne pourra pas rivaliser avec le rythme de son voisin de garage.

Ce que l’Australien a montré lors des trois dernières courses, c’est que ce ne sera pas facile pour Lando Norris cette année. Et il semble de plus en plus probable qu’Oscar sera sa plus grande menace en 2025. Mais cela ne change rien au fait que c’est toujours le Britannique qui a le plus d’expérience. Et il a prouvé qu’il pouvait apprendre et s’améliorer.

– Oleg Karpov

Ne jamais sous-estimer Max Verstappen

La chance peut basculer rapidement dans le monde volatile de la Formule 1 : une semaine, vous êtes célébré et encensé, la suivante, vous fixez la boîte de vitesses d’une Haas ou d’une Alpine pendant la moitié de la course. Aussi forte qu’ait été la performance d’Oscar Piastri à Bahreïn, il faut se souvenir d’une chose : ne jamais sous-estimer Max Verstappen.

Nous avons vu pourquoi il y a tout juste dix jours, à Suzuka. Alors que tout le monde s’attendait à ce que McLaren domine, le quadruple champion du monde en titre a tiré le maximum – et même plus – de sa RB21 pour s’emparer de la pole position. Nous savons tous comment s’est déroulée la journée de dimanche le lendemain.

Bien sûr, Bahreïn a été difficile. Mais Max a fait ce qu’il fait mieux que quiconque : il a maximisé le résultat. Même lorsque le rythme n’est pas au rendez-vous, il tire le maximum de sa RB21. La sixième place était la limite à Bahreïn, et il a réussi à limiter les dégâts de manière raisonnable. Sans la voiture de sécurité, la situation aurait pu être bien pire. Et s’il y a un pilote parmi les équipes de pointe qui sait comment gagner un championnat, c’est bien Verstappen. Son principal rival sur le papier, Lando Norris, ne semble guère irréprochable ou totalement fiable non plus.

Max Verstappen (Red Bull).

Photo de: Mark Thompson – Getty Images

Une chose est sûre : Red Bull va progresser dans les mois à venir. La situation ne peut pas vraiment empirer. Tant que la concurrence continue de se prendre des points et que Max Verstappen continue de faire ce qu’il faut, tout reste possible. Surtout lorsque l’interdiction des ailerons flexibles entrera en vigueur à Barcelone : la hiérarchie pourrait facilement changer à nouveau. Cela pourrait jouer en faveur de Red Bull.

L’année dernière, McLaren a prouvé qu’il était encore possible de se battre pour le titre après un début de saison médiocre. Le titre de champion du monde des pilotes n’était alors pas à portée de main parce que Lando Norris a manqué trop d’occasions. S’il y a une chose que nous savons, c’est que Max Verstappen saisira toutes les occasions qui se présenteront à lui. C’est exactement là qu’il fait la différence. Et c’est exactement pour cela qu’il ne faut jamais compter sans lui.

– Casper Bekking

Tags: