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L’Allemagne a déclaré
vendredi ne pas envisager de reconnaître dans l’immédiat un Etat
palestinien, tandis que l’Italie estime qu’un Etat de Palestine
qui ne reconnaît pas Israël ne règlera pas le problème en cours
au Proche-Orient.

« La sécurité d’Israël est d’une importance capitale pour le
gouvernement allemand », a déclaré vendredi le porte-parole du
gouvernement allemand, soulignant que la priorité de Berlin
était désormais de parvenir aux « avancées attendues depuis
longtemps » vers une solution à deux Etats.

« Le gouvernement allemand n’envisage donc pas de reconnaître
un État palestinien à court terme », a-t-il ajouté.

La décision jeudi soir du président Emmanuel Macron de
reconnaître un Etat palestinien lors de l’Assemblée générale des
Nations Unies en septembre a été condamnée par Israël et les
Etats-Unis, le conflit entre l’Etat hébreu et le Hamas n’étant
toujours pas résolu, à la suite des attaques du 7 octobre du
groupe palestinien.

La position de Berlin à l’égard d’Israël est fortement
influencée par les conséquences de la Shoah, cette entreprise
d’extermination systématique menée par l’Allemagne nazie contre
le peuple juif pendant la Seconde Guerre mondiale, qui conduit
aujourd’hui la première économie d’Europe à considérer qu’elle
dispose d’une responsabilité particulière sur ce dossier.

L’annonce de la décision du président français Emmanuel est
intervenue peu avant que le Premier ministre britannique Keir
Starmer indique qu’il tiendrait vendredi une réunion d’urgence
avec la France et l’Allemagne sur la situation humanitaire dans
la bande de Gaza.

La priorité immédiate de la Grande-Bretagne est d’atténuer
les souffrances à Gaza et d’obtenir un cessez-le-feu entre
Israël et le Hamas, a déclaré vendredi un membre du gouvernement
britannique, alors même que Keir Starmer fait face à une
pression croissante pour reconnaître un État palestinien.

Le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani,
a dit pour sa part vendredi que la reconnaissance d’un Etat
palestinien devait intervenir simultanément avec la
reconnaissance d’Israël par la nouvelle entité.

« Un Etat palestinien qui ne reconnaît pas Israël signifie
que le problème ne sera pas résolu », a-t-il déclaré lors d’une
réunion de Forza Italia, le parti conservateur associé à
Fratelli d’Italia, la formation de la présidente du Conseil
italien, Gorgia Meloni.

UNE LONGUE QUÊTE

Le président palestinien Mahmoud Abbas, dans un communiqué
saluant la démarche française, a félicité les dirigeants de
l’Arabie saoudite d’avoir joué « un rôle clé pour encourager la
décision de la France de reconnaître l’Etat de Palestine », a
rapporté l’agence de presse officielle palestinienne Wafa.

« Le président Abbas a exhorté tous les pays, en particulier
les nations européennes qui n’ont pas encore reconnu l’Etat de
Palestine, à le faire sur la base de la solution à deux États
approuvée au niveau international », a déclaré Mahmoud Abbas.

L’Arabie saoudite a fait pression sur la France pour qu’elle
reconnaisse la Palestine au cours de l’année écoulée, via des
initiatives menées par le ministre saoudien des Affaires
étrangères Faisal ben Farhan, a déclaré une source proche de la
cour royale.

Les Palestiniens cherchent depuis longtemps, via un
processus de paix négocié, à créer un Etat indépendant en
Cisjordanie, à Gaza et à Jérusalem-Est – des terres conquises
par Israël lors de la Guerre des Six Jours, en 1967.

Les détracteurs de l’Etat hébreu l’accusent d’avoir détruit
les perspectives d’un Etat palestinien en multipliant la
construction de colonies juives en Cisjordanie et en rasant une
grande partie de Gaza depuis le début du conflit actuel, ce
qu’Israël rejette.

L’Organisation de libération de la Palestine a reconnu le
droit d’Israël à exister en paix en 1993, au début du processus
de paix soutenu par les Etats-Unis qui a mis en place l’Autorité
palestinienne, dirigée par Mahmoud Abbas, dans ce que les
Palestiniens espéraient être un tremplin vers la création d’un
État.

Mais le Hamas et les autres groupes militants islamistes
palestiniens qui dominent à Gaza et s’opposent fréquemment aux
forces israéliennes en Cisjordanie refusent de reconnaître
Israël. La charte fondatrice du Hamas, en 1988, appelait à la
destruction d’Israël, même si ses dirigeants ont parfois proposé
une trêve à long terme avec Israël en échange d’un État
palestinien viable sur l’ensemble du territoire palestinien.
Mais Israël y voit surtout une ruse.

(Reportage Miranda Murray et Andreas Rinke à Berlin, Ali
Sawafta à Ramallah, Pesha Magid à Ryad, Angelo Amante à Rome;
version française Claude Chendjou, édité par Augustin Turpin)