« The best party in Nice », à en croire les nombreux fêtards qu’attire le Bar Crawl. Du nom de cette nage rapide qui consiste à reprendre son souffle entre deux immersions.

Depuis mai chaque soir à la nuit tombée, des marées bleues, aux couleurs des tee-shirts et bracelets fournis par l’organisation, sillonnent les ruelles pour vivre cette expérience jusqu’au bout de la nuit.

Souvent moquée pour être une ville « morte » après le coucher du soleil, Nice peut désormais compter sur ce concept, sans équivalent à notre connaissance, pour réveiller ses nuits.

Le billet est proposé via un lien sur un compte Instagram, au tarif de 35 euros par personne qui donnent accès à des: tarifs réduits, un shot d’alcool et fast-pass (entrées directes et gratuites) dans chacun des cinq bars partenaires.

« Nous n’avons rien inventé », relativise Viktor Volosin, colosse lituanien de 32 ans et fondateur de la société Nice Bar Crawl.

Les « barathons » existent depuis quinze ans (tournée de bars avec réductions), mais aucun n’avait réussi à pérenniser son activité.

Arrivé presque par hasard à Nice en 2018, Viktor commence à travailler dans le mythique Wayne’s bar, puis se forge une solide expérience et un réseau dans la vie nocturne locale.

« En 2021, j’ai commencé à ramener des étudiants dans des bars en proposant des réductions », retrace Viktor. Très vite, l’idée prend. Cet été, cette tournée des bars attire entre 50 et 170 fêtards quotidiennement.

Chaque arrêt dure 45 minutes

L’esprit de groupe est bien huilé pour offrir une expérience festive. Jeudi, lors de notre reportage, le circuit commence à 21h30 au bar L’Obsession, sur le quai des États-Unis, avec un accueil enflammé et un premier shot pour les volontaires.

Un discours de motivation suit, puis le groupe passe par le Trafalbar (rue de la Barillerie).

Pour les nouveaux arrivants, une tradition est proposée avec « la tournée du capitaine » de ce bar de pirates. Casque sur la tête, une série de shots sont à boire, alternés par des coups que donne le barman. Doucement au début, avec une massue pour finir en beauté, sur fond de fût de bière enflammé.


Un participant anglophone au Bar Crawl, jeudi. Si l’idée est de faire la fête en s’enivrant, les organisateurs se font un point d’honneur d’éviter tout débordement. Photo T. G..

Cap ensuite sur le Van Diemen’s, le Bateleur (cours Saleya), avant de finir au Bulldog Pub Pompeï, rue de l’Abbaye, pour les plus téméraires.

Chaque arrêt dure 45 minutes maximum afin de maintenir le rythme et l’énergie. Rien n’est laissé au hasard: personne n’est forcé à boire, les organisateurs veillent à éviter tout abus et l’ambiance reste loin des clichés type Very bad trip.

« Ce qui peut paraître le plus étonnant, c’est que notre clientèle est composée à 80% de femmes », glisse Noah Boubli, manager franco-suédois du Bar Crawl.

66 millions de vues sur TikTok


Photo T. G..

Cette ambiance s’explique par une organisation millimétrée, menée par une équipe de cinq jeunes anglophones expérimentées dans la vie nocturne.

Un exemple? Devant le Trafalbar, un homme d’une cinquantaine d’années, visiblement très alcoolisé, vient importuner plusieurs jeunes femmes. Noah intervient avec sang-froid malgré des menaces de mort répétées.

Un geste fort qui fait de lui un phare dans la nuit tumultueuse de ses clients.

Avec 66 millions de vues sur TikTok, des milliers sur Instagram et un bouche-à-oreille de Taïwan au Brésil, le Nice Bar Crawl surfe sur sa viralité. Pour Mélissandre, serveuse au Van Diemen’s, le tour apporte une fraîcheur bienvenue les soirs où l’affluence est plus faible.

« Nous apportons au minimum une centaine de consommations à nos partenaires chaque soir », appuie Noah.

Théo (1), un des managers du Bateleur, tempère: « C’est très vivant, mais ça peut déranger nos fidèles qui souhaitent consommer au calme. Certains demandent même à régler leur addition dès l’arrivée du Bar Crawl. »

Un phénomène qui devrait durer jusqu’à la fin de l’été.

(1) Son prénom a été changé à sa demande.


Photo T. G..


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