Le marché locatif privé est très tendu : la demande demeure forte et supérieure à l’offre. En plus de garanties bétons (excluant quasi automatiquement les étudiants et les CDD), la clé c’est la réactivité. Mais la pénurie est telle que certains agents immo ne publient même plus les annonces. Ça se passe en off market. « De juin à septembre, on n’a pas besoin du Bon Coin. On fonctionne avec notre fichier : les clients se présentent à l’agence, on les enregistre et rappelle dès qu’on rentre un logement qui correspond à leurs critères. L’autre jour, ça a pris 10 minutes ! », raconte Jean-Philippe Cerene, patron de CRN Immobilier.

Les loyers atteignent ainsi la fourchette haute et modifient les exigences. Mathilde et Martin vont devoir rehausser leur budget. « On pensait qu’on se logerait plus facilement et pour moins cher qu’à Paris mais on ne voit aucun T2 à moins de 800 € par mois. Sinon, ce sont des baux de neuf mois, à libérer en mai pour la location touristique, observent les jeunes actifs en chasse depuis quatre semaines. Sinon, on prendra provisoirement une sous-location de connaissance. »

Dans le centre, les biens sont rares et souvent trustés par des travailleurs venus de Paris ou Lyon. « Ils n’ont pas les mêmes moyens que les Marseillais, note l’expert. Ces derniers ont tendance à réduire leur surface ou s’éloigner en périphérie. »

Dans le prisé 7e arrondissement, il faut compter 900 € par mois pour un T2 meublé, 800 € dans les 1er ou 2e. « Parfois, même ceux qui ont de bons revenus sont si désespérés qu’ils proposent de payer un an de loyer d’un coup. C’est illégal et refusé, livre la conseillère d’une petite agence non loin du Vieux-Port qui a préféré conserver l’anonymat. L’attractivité de Marseille ne faiblit pas, nous avons beaucoup de demandes de nouveaux arrivants du Nord et de l’étranger : on arrête à 65 dossiers pour une annonce. »

Une tendance qui gagne la région (avec des degrés variables), comme à Aix ou Avignon. Dans la cité des Papes, la tension qui avait débuté avant le Covid ne faiblit pas (500 à 650 € le T2). Pour Medhi Fasciaux, la principale explication c’est Airbnb. « Tous les logements consacrés à la location saisonnière à l’année sont autant de biens indisponibles pour la longue durée. Le centre étant limité par les remparts, l’offre ne peut se développer, or, la demande reste dynamique. Cela crée un décalage, explique le directeur de Julie Immobilier. En revanche, si on se mettait à la conciergerie, on n’arrêterait pas mais on s’y refuse. »